La justice a ceci de particulier. Les juges travaillent sur les PV de la PJ dont les éléments peuvent souvent passer à côté de la plaque... Un vol – ou plutôt une tentative de vol – a eu lieu dans un parc, étaient-ils deux ou trois voleurs ? C'est la question à laquelle doit répondre le plus sereinement du monde le tribunal. La tentative de vol est le délit retenu contre Ramdane L. né en 1982. La présidente Boudemagh regarde plutôt le second inculpé que défend maître Amine-Morsli. Elle donne aussitôt le ton et prend le temps d'écouter le second détenu qui nie de suite sa présence dans le parc à matériel où le méfait aurait eu lieu. «Je connais les gens du parc mais je n'ai rien à me reprocher.» Le bonhomme qui fait l'objet de l'application des termes de l'article 350 du code pénal ignore son sort. Le premier témoin n'a vu que le mineur. «L'autre a fui. Ils étaient deux, pas trois», précise le témoin qui est presque effarouché d'être venu. Il sera plus que ravi d'être remercié par la magistrate, visiblement pas trop emballée par ce premier témoin. Le second témoin ne prête pas serment. Il est donc entendu à titre indicatif. Il n'apportera pas grand-chose au débat et a plutôt fait perdre du temps au tribunal qui est surtout ligoté par les termes de l'alinéa 3 de l'article 350 (loi n°06-23 du 20 décembre 2006) du chapitre III crimes et délits contres les biens. La tentative du délit est punie des mêmes peines que l'infraction consommée : un emprisonnement de un an à cinq ans et une amende de cent mille à cinq cent mille dinars. Parmi l'assistance, les parents se tiennent les tripes. La représentante du ministère public, Djamila Benkhettou, y met son grain de sel. Elle pose des questions. Elle attend des réponses susceptibles d'enfoncer les inculpés. Elle insiste, multiplie les questions sous le regard serein de la présidente qui laisse la parquetière tirer les ficelles. D'ailleurs la procureure ne tardera pas à requérir une peine d'emprisonnement d'un an ferme et une amende de cinq mille dinars, prenant le soin de gronder au passage les deux inculpés qui ont donné du fil à retordre au tribunal. Les deux avocats sourient... Me Samira Aïche, pour Ramdane L., suit les sillons tracés de son client. Il nie, les inculpés nient. Il n'y a aucune preuve. La correctionnelle, c'est la preuve matérielle. Si le tribunal ne peut accorder la relaxe, qu'il le fasse au bénéfice du doute. Pour Hichem, Me Amine Morsli rappelle que son client n'était pas sur les lieux. Aucune personne n'a nommé Hichem S. «Ici à la barre, les deux témoins vous ont dit clairement qu'il n'a été ni vu ni aperçu au parc», s'est écrié le plus jeune des Morsli, qui a vivement demandé la relaxe pure et simple. Et c'est que décidera souverainement la juge, une relaxe au bénéfice du doute.