Sur 27 individus identifiés, et qui appartiennent à divers groupes, 8 sont encore en cavale. Ce sont tous des repris de justice, précise-t-on. Une semaine jour pour jour après la neutralisation de deux individus versés dans le trafic de véhicules, au terme d'une course-poursuite hollywoodienne, qui avait semé une grosse panique dans le quartier de Garidi I, voilà que l'affaire connaît de nouveaux rebondissements. Le commissaire Djilali Boudalia, chargé de la communication au commissariat central d'Alger, accompagné du chef de la section trafic de véhicules à la division centre de la police judiciaire, ainsi que d'autres officiers de la brigade criminelle, ont eu à nous fournir, hier, lors d'un point de presse, des précisions sur les développements de cette affaire. Ainsi apprend-on après avoir interrogé les deux trafiquants appréhendés dimanche dernier, que les enquêteurs de la PJ ont pu remonter cette filière dont il ressort qu'elle est structurée en toile d'araignée, avec des ramifications tentaculaires qui s'étendent jusqu'aux confins de l'est du pays. De fil en aiguille, les services de sécurité ont pu identifier formellement pas moins de dix-sept individus directement impliqués dans cette affaire, dont quatre sont encore en cavale, indique-t-on. Parmi les treize restants, six ont été placés sous mandat de dépôt et présentés au parquet. Quant aux autres, ils font l'objet d'un contrôle judiciaire. Détail significatif : les dix-sept membres de ce gang sont tous des repris de justice. Certains ont même fait l'objet d'un mandat d'arrêt, affirme-t-on. Les premières investigations ont pu localiser deux groupes opérant l'un à Aïn Oulmène, dans la wilaya de Sétif, et l'autre à Barika, dans la wilaya de Batna. “Grâce aux renseignements fournis par les deux individus arrêtés, nous avons pu mettre hors d'état de nuire un trafiquant à Aïn Oulmène et dix autres àBarika”, délare le chef de la section trafic de véhicules, l'officier Tahar Guettouche, qui ajoute que “dix voitures volées ont pu être récupérées à Barika”. Avis aux automobilistes : les véhicules utilitaires sont les plus ciblés, semble-t-il, notamment les Renault Express, les Mégane et les Clio. Les éléments de la PJ ont, par ailleurs, mis hors d'état de nuire, ces derniers jours, un groupe composé de cinq individus. Ce groupe serait une ramification du premier. À la faveur de cette opération, deux voitures volées ont été récupérées à Gué-de-Constantine, et deux autres ont été trouvées désossées, suite à l'arrestation d'un tôlier complice à Baraki. D'un autre côté, un réseau de douze trafiquants a été identifié, quatre d'entre eux ont été placés sous mandat de dépôt, alors que les autres sont en fuite. Le chef de la PJ de Zéralda indique, de son côté, que deux voleurs de voitures ont été neutralisés à Staouéli. L'un d'eux serait un trafiquant notoire qui tombera dans une souricière qui lui a été tendue dans la cité des 100-Logements, à Zéralda. Il fut pris en flagrant délit en train de triturer le barillet d'une Renault Express. En outre, une grosse cylindrée, de marque Mercedes, qui avait été volée le 13 novembre dernier à Aïn Benian, a été retrouvée dans un village, près de Zéralda toujours. “Les voleurs laissent généralement le véhicule dans un parking pendant plusieurs jours jusqu'à ce qu'ils en aient changé les plaques”, note notre interlocuteur. En tout, pas moins de 27 individus ont été dûment identifiés, dont 19 ont d'ores et déjà été placés sous mandat de dépôt, résume le chef de la section trafic de véhicules, selon un décompte provisoire. M. B. Vol de voitures : mode d'emploi • Il serait, sans doute, intéressant de se pencher sur les “techniques” utilisées par ces associations de malfaiteurs. Les premiers résultats de l'enquête concernant le réseau des 17 trafiquants montrent que les voleurs commettent leur forfait à Alger et dans les villes les plus proches (Boumerdès, Blida, Tipasa…). Une fois la “prise” faite, le groupe de Barika prend le relais. “La transaction se fait généralement du côté de Rouiba et Boudouaou. Les voitures sont vendues sur place aux trafiquants de l'Est qui viennent avec tout le nécessaire : faux papiers, fausses plaques d'immatriculation, tout. Ils choisissent les heures de pointe, vers 16h30, pour passer leurs marchés et quitter la capitale en profitant de la densité du trafic pour prendre la poudre d'escampette”, explique un officier de la même section. Sinon, il convient de retenir grosso modo deux modes d'approche : le vol de casse et le vol par enlèvement. “La casse” consiste à subtiliser le barillet que les voleurs extirpent généralement sur la portière côté passager (pour ne pas éveiller les soupçons du chauffeur), ou même sur le cache du réservoir. Ils prennent ainsi l'empreinte de la clé chez un serrurier complice, et la cause est étendue. Les enquêteurs ont, d'ailleurs, trouvé sur l'un des malfrats arrêtés dimanche dernier, tout un matériel de serrurerie, avec une espèce de lime pour opérer. Les réseaux mieux équipés ont forcément plus d'audace. Aussi les voit-on procéder carrément à l'enlèvement du véhicule au moyen d'un élévateur avant de le transférer chez un garagiste pour les transformations adéquates. Ils modifient alors le numéro de châssis, les plaques d'immatriculation et la carte grise, ainsi que certains accessoires voyants (housses, jantes d'alliage, enjoliveurs,…). Enfin, les officiers en charge du dossier évoqueront une autre ruse, avec une anecdote des plus scabreuses à la clé : c'est le recours aux “sulfureux” services du sexe dit “faible”. C'est le cas de ce groupe des “douze” qui se distinguera, en effet, par ce mode opératoire des plus coquins. Une comparse, belle blonde d'environ 25 ans, se met en tenue osée sur le trottoir à des heures indues et attend tranquillement son pigeon d'un soir. Une fois la confiance de sa “proie” conquise, elle lui subtilise les clés de sa caisse et bye bye chéri !... Il arrive aussi qu'elle fasse arrêter son malheureux cavalier devant un magasin au prétexte de faire une emplette. Elle oblige ce dernier à accomplir l'achat pour elle et file en trombe au volant de sa voiture. Si les choses se corsent, elle fait intervenir ses acolytes qui filent le couple en douce, et avec lesquels elle est, en toute circonstance, en contact par téléphone portable. Mais rassurez-vous, cette charmeuse indélicate est derrière les barreaux… “Ce qu'il faut retenir, c'est qu'il s'agit de réseaux très bien organisés, spécialisés les uns dans la falsification de documents, les autres dans le désossement des carcasses, d'autres encore dans l'écoulement des pièces de rechange, etc. Ce sont des groupes cloisonnés”, note un officier de la PJ. Pour finir, le commissaire Boudalia a tenu à lancer un appel à l'adresse des citoyens automobilistes victimes d'un vol sur leur voiture, les exhortant à déposer plainte dès que le délit est constaté afin de faciliter les recherches. M. B.