On attendra des mesures disciplinaires exemplaires tout en craignant qu'une fois de plus on laissera le train passer sans réagir. Le Mouloudia d'Alger est revenu de son déplacement au Ghana, où il a disputé le match aller de la phase aller de la Coupe de la CAF face au Bechem United, avec une défaite. Un échec sur le score de 2 buts à 1 qui ne semble pas compromettant pour le club algérois en vue de la qualification pour le tour suivant, puisqu'il reste le match retour à disputer à Alger. Au-delà de ce résultat sportif, il faudrait s'intéresser sur la manière dont les représentants du Mouloudia se sont comportés en terre ghanéenne. On ne veut pas parler de tous les représentants mais de deux d'entre eux qui ont terni l'image de marque du club, mais aussi celles du football et du sport algériens. Les deux personnes dont nous parlons sont le joueur Abdelmalek Mokdad et l'entraîneur Kamel Mouassa, auteurs d'une rixe qui va faire parler d'elle pendant un bon moment. En effet, au moment où il lui a été signifié qu'il allait être remplacé par Aouadj, à l'heure de jeu, le joueur n'a pas trouvé mieux que d'abreuver son coach d'insultes en tout genre. L'affaire aurait pu en rester là puisque des joueurs en colère après leur remplacement on en voit à la pelle. Des joueurs qui insultent, crachent, vocifèrent, tape de leurs pieds tout ce qui se trouve sur leur chemin, en arrivent à donner des coups de poing à la toiture de la structure qui sert d'abri au banc des remplaçants (certains ont même brisé le verre de cette toiture) et on en passe. On en a pris l'habitude au point de passer à autre chose très rapidement. Mais ce dimanche, au Ghana, une certain Kamel Mouassa, au lieu de rester oreilles bouchées et de ne pas tenir compte de la réaction de Mokdad, a choisi de lui répondre. D'où la mêlée qui s'en est suivie. Une scène ahurissante qui a généré une pagaille monstre aux alentours du banc mouloudéen. Pagaille qui a obligé l'arbitre à interrompre le match pendant quelques instants et à la police locale à intervenir pour calmer les esprits. Pis encore, au lieu de gagner le vestiaire pour prendre sa douche et d'aller s'asseoir en tribune, le joueur a pu rester au milieu de ses camarades, assis sur le banc, pour suivre la fin du match. Quand Seguer a égalisé à la 65', il y a eu une réaction normale de la part de ces joueurs, qui ont manifesté leur joie mais Mokdad en a profité pour aller dire encore des mots à Mouassa qui a, de nouveau, réagi. Cette fois-ci, c'est la police elle-même qui a demandé au joueur de quitter le banc des remplaçants. On voit, donc, que ceux qui étaient dans l'entourage du staff technique, n'ont pas su gérer cette affaire puisqu'il était de leur devoir d'imposer à Mokdad de ne plus rester sur le bord du terrain après son remplacement et la bagarre qui s'en est suivie. Des scènes ahurissantes Aujourd'hui, on entend parler d'un Mokdad qui va être renvoyé ou lourdement sanctionné. Des joueurs mouloudéens indiquent qu'ils vont tout faire pour réconcilier les deux hommes. Initiative qu'on estimera louable mais qui ne saurait pardonner tout le mal qui a été fait au sport algérien. Au pays même, puisque l'ambassadeur d'Algérie au Ghana a déclaré à un de nos confrères qui se trouvaient sur place : «Avec ce qui s'est passé, l'image de notre pays a pris un sérieux coup. Cela est inadmissible et n'honore pas un club comme le Mouloudia d'Alger. C'est une honte.» La réaction de Mokdad à la suite de son remplacement est révélatrice de l'état d'esprit qui règne dans l'effectif de ce club. De son côté, Kamel Mouassa aurait gagné, de par son expérience, à ne pas tomber dans le piège de la provocation que lui a tendu ce joueur. Il aurait dû demander aux responsables du club assis non loin de lui d'intervenir et d'évacuer Mokdad vers la sortie. Cela ne s'est pas fait et c'est le Mouloudia qui s'en sort avec une image humiliante. Une image qui demande une intervention du propriétaire du club, la Sonatrach, qui doit exiger de ceux qu'elle a nommés qu'ils assument leurs responsabilités dans ce déplorable scénario. D'un autre côté, il ne fait aucune doute que l'ambassade va rédiger un rapport sur cette affaire, rapport qu'elle va transmettre au ministère des Affaires étrangères qui, lui-même, le transmettra au ministère de la Jeunesse et des Sports. Ce dernier demandera à la FAF de prendre les mesures nécessaires et exemplaires pour sanctionner les fautifs. On se doit d'être intransigeant dans ce dossier, car il s'agissait de l'ambassadeur du football algérien en terre étrangère. Il a donné une très mauvaise image de ce sport, voire du pays, à travers le comportement inadmissible de deux de ses éléments. On attendra de voir la suite des évènements tout en craignant que, comme d'habitude, on laissera le train passer. Zenir : «Plus rien ne m'étonne du Mouloudia» Capitaine de la glorieuse équipe du MC Alger qui a offert à l'Algérie, en 1976, sa première couronne africaine interclubs, Abdelouaheb Zenir s'est dit écœuré par le scandale d'Accra qui a impliqué l'entraîneur des Vert et Rouge, Kamel Mouassa, et son joueur Abdelmalek Mokdad. «Plus rien ne m'étonne du Mouloudia. C'est à l'image de ce qui se passe au club depuis plusieurs années. Si un tel incident peut étonner tout le monde, pas moi. C'est la conséquence d'une gestion catastrophique des affaires du club. Je n'ai même pas envie d'en parler parce qu'ils ne méritent pas mon attention. Je suis écœuré ; je suis même sorti de mes gonds», s'est contenté de nous déclarer, en substance, l'ancien défenseur central du Doyen.