La course à l'APN prend déjà l'allure d'un pénible marathon. La campagne électorale, au quatrième jour depuis son lancement, peine à capter l'intérêt des Algériens. Une cinquantaine de partis politiques occupe une arène boudée par le grand public. Ce n'est pas une surprise. Et les autorités, mais également les formations politiques en lice, ont toutes les raisons de craindre le spectre de l'abstention. Tout l'arsenal sémantique mobilisé par les 12 000 candidats en course, les slogans à la sauce «patriotique», les placards publicitaires incitateurs accrochés à chaque coin de rue et le tapage médiatique autour de l'utilité du vote du 04 mai prochain ne font pas recette. Las et souvent déçus, les millions Algériens ne sont pas près de se rendre aux urnes. Les causes sont multiples. Les griefs retenus contre les partis politiques et les organisateurs des joutes électorales sont nombreux. De l'absence de programmes convaincants, à l'incapacité des partis politiques à faire rêver en passant par la perversion de la pratique politique, l'ensemble de la population a fini par ne plus accorder de crédit aux échéances électorales, désormais, inscrites dans l'imaginaire collectif comme étant une simple procédure pour renouveler… l'échec. Aussi importantes et cruciales, tel que présentées par les autorités, les élections législatives du 04 mai prochain ne peuvent pas échapper à la logique burlesque et vaine des précédentes échéances. Et pour cause, le cadre politique et l'environnement sociétal qui auraient pu permettre une pratique saine et vertueuse de la politique sont inexistants. A cela s'ajoute, un personnel politique dont la compétence est loin de participer à l'émergence d'une classe politique capable d'assurer son rôle d'intermédiaire entre la population et les représentations institutionnelles. Dans une longue interview accordée au Temps d'Algérie, la politologue Louisa Aït-Hamadouche a fait le constat amer de cette «déliquescence» de la politique et prévenu contre ses effets pervers. «Il y a une vraie crise de confiance entre les Algériens et les partis politiques. Ces deniers jouissent d'une mauvaise réputation. Ils sont accusés de ne s'intéresser aux citoyens qu'à l'approche des rendez-vous électoraux et de ne pas remplir leur contrat lorsqu'ils sont présents dans les structures élues (parlement, wilayas, mairies). Par ailleurs, ils font montre d'une incapacité flagrante à constituer des alliances stratégiques pérennes qui leur permettent de dépasser leur faiblesse et de défendre des idées fortes mobilisatrices au près du plus grand nombre». Comment s'attendre, dans pareilles conditions, à ce que les grandes foules soient au rendez-vous ce 04 mai ? La sonnette d'alarme a été pourtant plusieurs fois tirée. Beaucoup ont averti contre les dangers de ce divorce consommé entre les Algériens et leurs représentations politiques. Ceux qui s'abstiennent de voter répètent à l'envi qu'il «n'y croient plus». Pour Rabeh Sebaa, sociologue et par ailleurs linguiste, les déceptions répétées suite aux promesses électorales jamais tenues, ont fini par éroder le peu d'espérance que les électeurs plaçaient dans l'acte citoyen de voter. «Même la crainte de se faire réclamer la carte de vote à l'occasion de l'établissement d'un dossier administratif a été dépassée. C'est dire le niveau de non-fiabilité atteint depuis quelques années par ces scrutins. Sans compter l'absence de crédibilité de la majorité des candidats aux différentes élections, qui fait grossir d'année en années les rangs des abstentionnistes».