Le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a célébré, hier, à Alger, la Journée mondiale de l'hémophilie. Le changement cette année au profit des patients atteints de cette maladie héréditaire, consiste dans «l'obligation et la généralisation du traitement préventif prophylactique», ont estimé les spécialistes en hématologie présents à cette cérémonie. Le Pr Smail Mesbah, directeur général de la prévention au ministère de la Santé, a affirmé que «la célébration de la Journée mondiale est placée cette année sous le signe de l'amélioration de la qualité de la prise en charge des personnes atteintes d'hémophilie». Et d'ajouter qu' «en Algérie, les dernières statistiques font état de 2300 hémophiles. Ils reçoivent tous un traitement régulier, efficace et préventif». Il devait préciser en ce sens : «Nous avons introduit le traitement prophylactique aux malades hémophiles, alors que, auparavant, il n'était prescrit qu'au moment du saignement». Pour ce qui est du coût du traitement, M. Mesbah a affirmé qu'il a été multiplié par dix. «Le montant alloué au budget des hémophiles dans notre pays a connu la même progression. Nous sommes passés de 700 millions de DA en 2010 à 7 milliards de DA en 2016», a-t-il précisé. Sur le plan mondial, le représentant du ministère de la Santé a annoncé que «la Fédération mondiale d'hémophilie compte plus de 400 000 patients atteints par cette maladie. Mais le plus grave, c'est que 75 % de ces malades n'ont pas de traitements suffisants». Dans son intervention durant la cérémonie d'hier, Pr Yasmina Berkouk Redjimi, spécialiste en hématologie au CHU de Beni Messous, a expliqué ce qu'est l'hémophilie et le traitement par prophylaxie en Algérie. «C'est une maladie héréditaire du sang, qui se traduit par des troubles de la coagulation sanguine. Elle se transmet de la mère aux garçons». Ajoutant aussi que «l'hémophilie existe en Algérie, et ce, en raison de la pratique traditionnelle du mariage consanguin ou du mariage entre cousins». Pour ce qui est du traitement prophylactique, M. Berkouk a affirmé que «cela consiste en l'injection régulière de concentrés de facteurs de coagulation en vue de prévenir le risque de saignement». Elle précise encore que «la prophylaxie existe en trois types : primaire, secondaire et tertiaire». Cliniquement, l'hémophilie a été déterminée, selon Pr Berkouk, par la «coagulopathie congénitale rare qui se caractérise par un déficit en facteurs 8 ou 9 de la coagulation». Ajoutant que «cette coagulopathie se manifeste chez l'enfant par des épisodes de saignements selon l'âge à expression clinique variable». Trois degrés d'hémophilie, trois types de prophylaxie Pr Berkouk a expliqué aussi qu'«il existe trois degrés d'hémophilie : mineure, modérée et sévère. Et c'est sur cette base que l'on prescrit le type de traitement prophylactique». Selon elle, l'hémophilie mineure est déterminée entre 5 et 50 % d'intervalle normal d'activité du facteur de coagulation, de façon que les troubles de saignement ne soient jamais présentés chez le patient. Pour ce qui est de l'hémophilie modérée, elle est entre 1 et 5% de l'intervalle normal d'activité du facteur de coagulation. Elle est à risque de saignement prolongé après une intervention chirurgicale une circoncision par exemple. Ce type peut présenter des épisodes de saignement environ une fois par mois. Pour ce qui est de l'autre type, qui est le plus grave, selon Pr Berkouk, il est de 1% d'intervalle normal d'activité du facteur de coagulation, où l'on observe des risques d'hémorragies très fréquentes au niveau des muscles ou des articulations, principalement les genoux, les coudes et les chevilles.