Le président mauritanien renversé par un coup d'Etat le 6 août 2008, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, a démissionné et signé, vendredi soir à Nouakchott, un décret portant nomination d'un gouvernement d'union nationale chargé de préparer l'élection présidentielle du 18 juillet. Il a signé le document devant les membres du Conseil constitutionnel et en présence du président sénégalais Abdoulaye Wade, qui conduit la médiation internationale. La cérémonie a eu lieu au Palais des congrès de la capitale mauritanienne en présence des protagonistes de la crise ainsi que des membres du groupe de contact sur la Mauritanie. La mise en place d'un gouvernement d'union, constitué à parité de pro et anti-putsch, était prévue dans l'accord de sortie de crise négocié à Dakar et signé à Nouakchott le 4 juin, mais qui n'avait pas été mis en œuvre en raison d'un désaccord entre les différentes parties. Après la signature du décret, le président déchu a déclaré renoncer «volontairement» à sa fonction de président de la République afin de «prémunir le pays contre les dangers cumulés de l'embargo économique, des déchirements politiques et des explosions sociales». «Je partirai comme je suis venu, le cœur pur de toute haine vis-à-vis de qui que ce soit», a-t-il ajouté lors d'un discours radiodiffusé en direct, invitant le peuple mauritanien à «s'unir afin de donner espoir» au pays «à travers des élections transparentes». La démission, prévue dans l'accord de Dakar, a ensuite été acceptée par le Conseil constitutionnel. Il a démissionné après avoir reçu une décision du Haut conseil d'Etat (HCR, junte) de se transformer en Conseil supérieur de la défense, organisme s'occupant uniquement des questions de défense et de sécurité et placé sous l'autorité du gouvernement de transition. Un peu plus tôt dans la journée, un des médiateurs internationaux avait annoncé qu'un «accord sur tous les points» en litige avait été trouvé entre les protagonistes de la crise. Jusqu'à présent, le président renversé liait en effet sa démission à la dissolution de la junte, ce qu'elle refusait. «L'élection aura lieu le 18 juillet, tout le monde s'accorde là-dessus, avec l'accord sans réserve et l'engagement de la communauté internationale», avait également déclaré M. Kabachi. Cette annonce avait été faite juste après une rencontre entre le président sénégalais et médiateur en chef Abdoulaye Wade et l'ex-chef de la junte et candidat à la présidentielle, le général Mohamed Ould Abdelaziz. Mais cette sortie de crise, sur le terrain politique, s'accompagne de nouvelles craintes dans le domaine sécuritaire. La branche maghrébine d'Al Qaïda a ainsi revendiqué vendredi l'assassinat d'un Américain mardi à Nouakchott, dans un communiqué cité par le centre américain de surveillance des sites islamistes, SITE Intelligence. Dans son communiqué, Al Qaïda au Maghreb islamique annonce sa responsabilité dans l'assassinat de Christopher Logest qu'elle accuse de se livrer à «des activités d'évangélisation». Une avancée fondamentale, selon Bruxelles La Commission européenne a «salué», dans un communiqué publié hier, la formation d'un gouvernement d'union nationale en Mauritanie, la considérant comme «une avancée fondamentale vers la solution de la grave crise déclenchée par le coup d'Etat d'août 2008». Pour sa part, la France se réjouit de la formation d'un gouvernement d'union nationale en Mauritanie, «une étape importante dans le processus de sortie de crise», déclare le Quai d'Orsay dans un communiqué. «La France demeure prête à apporter, avec ses partenaires internationaux, son plein soutien à la poursuite de la mise en œuvre de l'accord», ajoute le communiqué du ministère des Affaires étrangères.