Tournant décisif en prévision des prochaines élections législatives : le Premier ministre Abdelmalek Sellal vient d'entrer en campagne en faveur du Front de libération nationale (FLN). Le chef de l'Exécutif qui effectuait, hier, une visite de travail et d'inspection dans la wilaya d'Oran, a implicitement appelé à voter pour le parti du président de la République, qui dispose, a-t-il estimé, d'un «bilan positif en terme de réalisations et de promesses tenues». «Le choix se fera sur la base des programmes des formations politiques ainsi que des réalisations. Et je pense que la wilaya d'Oran est l'expression de ce qu'est un bilan positif et la tenue des promesses et des engagements», a déclaré le Premier ministre lors de la traditionnelle rencontre avec les représentants de la société civile dans la wilaya, tenue à la salle des conférences Abdelhamid-Ben-Badis. Oran, selon Sellal, «s'est transformée en un laps de temps en un pôle régional doté d'une base moderne et connaît une dynamique de création et de développement dans plusieurs secteurs». «À l'instar d'autres grandes villes du pays, Oran annonce la montée de l'économie nationale naissante», a encore soutenu l'hôte d'El Bahia. On l'aura compris, à travers ses propos, Abdelmalek Sellal, dont l'appartenance politique à l'ex-parti unique est un secret de polichinelle, appelle à voter FLN. Il conforte, par la même déclaration, le discours que tient Djamel Ould Abbès depuis le début de la campagne électorale pour le scrutin du 4 mai. Le SG du FLN, faut-il le rappeler, ne se gêne pas à classer le bilan des «réalisations» du chef de l'Etat dans le registre du bilan du «parti qui gouver-ne». Mais ce n'est pas tout. Sellal répond aussi à Ahmed Ouyahia, secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), qui, critiquant le discours d'Ould Abbès et le bilan du gouvernement, avait déclaré que «le président est notre président à tous» et qu'«il faut, plutôt, montrer son propre programme». Ainsi, le Premier ministre marque, on ne peut plus clairement, son entrée en lice et réplique indirectement au directeur de cabinet de la présidence de la République. Lequel semble construire sa campagne sur ses capacités à constituer l'alternative non pas à l'occasion des législatives, mais en prévision de l'élection présidentielle prévue dans deux ans. «Nous sommes tous des Amazighs» Tout en estimant qu'«une participation massive aux élections législatives renforcera le patriotisme et immunisera la stabilité du pays», Sellal dira que le vote en masse «est l'expression d'une conscience et une contribution importante dans la marche de la nation». C'est pourquoi, a-t-il enchaîné, «nous devons tous y participer, en toute responsabilité». L'échéance du 4 mai, aux yeux du Premier ministre, est une occasion pour exprimer «l'attachement aux valeurs nationales, à l'indépendance et à la souveraineté du pays». Par valeurs, Sellal fait référence à l'Amazighité, l'Islam et l'Arabité. «Celui qui a étudié l'histoire sait comment notre peuple s'est battu pour les composantes de son identité à travers les siècles. Malgré tous les sacrifices et pour préserver leur amazighité, islam et arabité, les Algériens sont restés tolérants et ouverts aux cultures du monde. Eux qui sont les plus éloignés du racisme», a-t-il rappelé, non sans conceptualiser avec le 37e anniversaire du Printemps amazigh qui coïncide avec le 20 avril de chaque année. «Je vous rencontre entre deux grands jours de l'histoire de l'Algérie (…) la Journée du savoir, le 16 avril, et l'anniversaire du Printemps amazigh, le 20 avril». Toujours dans le registre de l'identité, le Premier ministre qui semblait s'adresser à la classe politique, coupe court à toute exploitation de ces questions à visées politiciennes. La réconciliation nationale et la révision de la Constitution ont permis, selon Sellal, de «libérer les questions de la religion, de l'identité et de la langue de la surenchère politique, vers le domaine académique et scientifique». «Et c'est aux spécialistes de les étudier en toute objectivité, dans l'intérêt du pays et de l'unité du peuple», a-t-il tranché. Idem pour le référent national religieux qui prône la modération et la tolérance, que Sellal appelle à préserver «pour combattre toute forme d'extrémisme». Toute cette diversité culturelle constitue «la richesse de l'Algérie», considère le chef de l'Exécutif. «Nous sommes des Amazighs, déterminés à protéger cette richesse et à préserver l'unité du pays à tout prix», n'a pas manqué de rappeler Sellal depuis la wilaya d'Oran. Sellal inaugure un complexe de l'ETRHB Le Premier ministre a inauguré un complexe industriel spécialisé dans la fabrication de tubes d'acier sidérurgiques, un investissement privé du groupe «ETRHB Haddad». Constitué de deux unités pour la fabrication et le revêtement des tubes spirales en acier, ce complexe industriel, dont les travaux de réalisation ont été lancés en 2013, a nécessité un investissement de 21 milliards DA. Sa mise en exploitation permet de générer 250 postes d'emploi. Cette usine produira annuellement 450.000 tonnes de tubes destinés aux transferts hydraulique, gazier et pétrolier. Elle vise à réduire l'importation de ces matériaux très utilisés dans ces domaines. Le Premier ministre a instruit la direction de l'usine d'entamer la production pour qu'elle soit avalisée afin de signer des contrats avec le ministère des Ressources en eau et le groupe Sonatrach. Soulignant qu'il s'agit de la plus grande usine du genre à l'échelle africaine, M. Sellal a estimé que sa production doit être en mesure de couvrir en priorité les besoins nationaux avant de passer à l'exportation. Dans ce contexte, il a insisté sur la qualité de ces produits qui doivent être reconnus et certifiés à l'échelle mondiale.