Sur les quelque 600 meetings et sorties de proximité prévus par les quinze listes en lice pour les élections législatives dans la circonscription de Tizi Ouzou durant les deux premières semaines de la campagne électorale, 318 ont été tout bonnement annulés. Un chiffre qui témoigne on ne peut mieux de la démobilisation quasi générale des citoyens de la wilaya de Tizi Ouzou, à l'instar d'ailleurs de l'ensemble du reste du pays, pour cette élection qui ne semble intéresser que les candidats et leurs proches. En effet, selon des chiffres fournis par la présidente de la commission de wilaya de la Haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE), sur les quelque 605 meetings et sorties de proximité prévus jusqu'au 25 avril, seulement 185 meetings et 102 sorties de proximité programmés par les onze listes partisanes et quatre listes indépendantes en course pour les quinze sièges de la circonscription de Tizi Ouzou ont eu lieu comme prévu, soit moins de 50% des activités inscrites. «Sur les 605 activités inscrites, nous avons enregistré jusqu'au 25 avril, 185 meetings populaires et 102 sorties de proximité organisés au niveau de la wilaya par les candidats des quinze listes en lice alors que 418 meetings ont été annulés», a affirmé hier Hadri Lamia, présidente de la commission de wilaya de la HIISE. L'annulation de plus de la moitié des activités prévues par les candidats en lice dans la wilaya, montre à quel point cette élection législative n'attire pas grand monde car il faut reconnaître que dans la majorité des cas, c'est la défection des citoyens qui est derrière ces annulations. Depuis le début de la campagne électorale, l'activité chez les onze partis et quatre listes indépendantes en lice est toujours au point mort, que ce soit au niveau du chef-lieu ou à travers les villes et villages de la wilaya. Même les leaders des partis qui se sont rendus jusque-là à Tizi Ouzou pour y animer des meetings n'ont pas réussi à drainer la grande foule, y compris chez les partis que l'on présentait comme étant les plus implantés dans la wilaya. C'est le cas par exemple du RCD, qui n'a pas réussi à mobiliser lors de la marche du 22 avril pour la célébration du Printemps berbère, suivie d'un meeting animé par son président, Mohcine Belabbas. Ils étaient en effet un peu plus d'un millier à arpenter les rues de la ville et quelques centaines de fidèles à suivre le discours du leader du RCD quelques minutes plus tard. Djamel Ould Abbès, du FLN, Amara Benyounès, du MPA, et Abderrezak Makri, du MSP, qui se sont succédé la semaine dernière sur la tribune de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, n'ont pas réussi eux non plus à attirer grand monde en dehors de leurs fidèles. Derbal : «Certains craignent la transparence» Pour sa part, le président de la Haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE), Abdelouahab Derbal, qui a effectué hier une visite à Tizi Ouzou, et avec des mots à peine voilés, n'a pas caché ses appréhensions quant au résultat du scrutin du 4 mai au sujet duquel certaines parties crient déjà à la fraude. Il a tenu à répondre à ce qu'il qualifie de «certaines parties» qu'il soupçonne d'ores et déjà de velléités de fraude devant émailler les prochaines élections législatives. Il inversera même les accusations en disant : «Ces parties n'ont pas peur de la fraude», mais plutôt, elles «craignent la transparence du scrutin». Enfonçant encore le clou, Derbal ajoutera dans le même sillage : «Ces gens sont là pour créer la polémique». Tout en étant affirmatif, il indiquera que jusque-là, «la campagne électorale s'est déroulée dans de bonnes conditions au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou et qu'à l'exception de certaines anomalies constatées sur le terrain, le discours politique a prévalu». En matière d'occupation du terrain, Derbal a fait savoir que sur les 314 espaces destinés à l'affichage des listes des partis politiques, seulement 15% ont été exploités. Il qualifiera ceci d'«insignifiant». Derbal apportera aussi des éclaircissements au sujet des prérogatives de l'instance de surveillance à propos de certains dépassements, comme l'affichage anarchique. «Ce n'est pas dans nos prérogatives de punir les partis politiques défaillants en imposant des pratiques dissuasives à leur égard», a-t-il précisé. Et d'ajouter : «Son rôle est d'organiser ces échéances électorales en saisissant les autorités administratives concernées de chaque wilaya pour les mettre au courant de ces dépassements». Selon la coordinatrice de la HIISE au niveau local, Lamia Hadri, 11 mises en demeure ont été adressées aux partis.