Rideau aujourd'hui sur un triste spectacle d'une campagne électorale qui évoluait au ras des pâquerettes. On commençait presque à nous impatienter tellement les acteurs et les actants - à quelques étincelles près - ont montré leur amateurisme politique tandis qu'ils nous invitent à voter pour eux. Insoutenable exercice que celui d'avoir à écouter des discours sans relief, sans profondeur, prononcés sur le mode de «Carnaval fi Dechra». L'Algérie, ce grand pays, mérite assurément nettement mieux que ce verbiage, ces slogans creux, ces formules incantatoires, et ce réflexe atavique de certains à convoquer aujourd'hui le passé (l'épopée révolutionnaire) pour nous convaincre qu'il est la clé de l'avenir… Il n'y a presque pas grand-chose à retenir des 21 jours de meeting, de travail de proximité et de discussions de café. Entre l'approche passéiste du parti majoritaire, le chantage à l'insécurité de son «frère», et les prétentions messianiques d'un pôle islamiste, l'offre politique durant cette campagne était d'une affligeante vacuité. Même les partis d'opposition, censés proposer des alternatives crédibles, n'ont pas réussi à fouetter le discours pour capter l'attention des électeurs indécis ou carrément pas intéressés. De ce point de vue-là, c'est un échec cuisant pour toute la classe politique qui n'a pas su se mettre au diapason des enjeux et embrayer sur des questions qui auraient pu susciter l'intérêt des Algériens. Hélas, les campagnes électorales se suivent et se ressemblent. Médiocres. Sans doute que la majorité des citoyens souhaitaient qu'on en finisse au plus vite. Circulez, y a rien à voir ! Le niveau des discours est inversement proportionnel aux enjeux politiques, économiques, sociaux et sécuritaires accolés à ces législatives. Ça volait visiblement trop bas. On devine pourquoi le président de la République a pris sur lui de faire une ultime «campagne» via un message qu'il a adressé hier aux Algériens.Il a dû suivre l'indigence discursive des candidats, et même de certains leaders politiques qui ont certes mouillé leurs chemises mais de…sueur. Sans plus. Il est significatif de noter que tous les partis ont eu le même mot d'ordre même si c'est pour des motifs différents : un vote massif. Sous d'autres latitudes, on fait campagne pour son programme et ses candidats; chez nous, on sillonne le pays pour tenter de convaincre les gens d'aller simplement voter. Gagne-petit… C'est le mystère de l'équation algérienne où voter a cessé d'être un acte politique volontaire et citoyen. L'élection ayant rarement été un moyen de changement à cause d'une configuration politique figée, quoi qu'il arrive, ce droit constitutionnel est devenu inutile, superflu. On a vraiment du travail à faire pour changer cette perception certes grave, mais ô combien réelle, vue d'en bas. La réhabilitation du politique ne doit pas être un slogan. De même que la démocratie n'est pas réductible à l'organisation de scrutins à intervalles réguliers. Ce pays mérite bien mieux que d'être un éternel apprenti des bons usages de la démocratie. (Re)poser toutes ces questions, et recenser tous ces actes manqués ne doit pas nous dispenser de la responsabilité d'aller de l'avant pour nous sortir de cette spirale de l'arriération démocratique. Faisons que le scrutin du 4 mai prochain soit le dernier printemps de la déraison politique.