La campagne électorale s'achève comme elle a commencé : dans un ronron soporifique qui n'a d'égal que l'incapacité des partis à capter l'attention des Algériens qui ne croient plus à rien. Les scrutins se suivent et se ressemblent dans l'indifférence générale malgré la formidable propagande officielle qui présente chaque rendez-vous politique comme un moment décisif dans la vie de l'Algérie. Mais à force de le titiller abusivement, l'ego patriotique a fini par s'émousser. L'unité nationale prétendument menacée, l'Algérie qui ferait face à des manœuvres de déstabilisation et autres formules faussement inquiètes, n'ont pas fait mouche chez le citoyen électeur qui a fini par intérioriser cette campagne «tactique» sans lendemain. On l'aura remarqué durant ces 21 jours du «show» électoral que, mise à part cette fibre patriotique sur laquelle s'agrippent encore les partis du pouvoir (le FLN, le RND et leurs petits), le discours de campagne a été d'un affligeant contenu politique et intellectuel. C'est du Carnaval Fi Dechera que la majorité des candidats et leurs partis ont servi aux Algériens pour les convaincre de leur donner leurs voix. Les réseaux sociaux se sont faits largement l'écho des inepties lues et entendues durant cette campagne par des candidats aux APC dont le niveau évolue au ras des pâquerettes. Certains prétendants ont même – ô miracle algérien ! – bénéficié d'une ascension intellectuelle fulgurante en se voyant accoler des diplômes dont ils n'ont jamais rêvé… Eh oui, il fallait montrer une fière allure en costume-cravate sur l'affiche, mais aussi un bon «pedigree» scientifique pour faire passer la pilule. Et comme ça ne marche pas parfois, certains ont eu recours à l'argent sale pour s'assurer de composter leur ticket d'entrée dans les APC ou les APW. C'est que la corruption politique par l'argent a encore une fois sévi, au nez et à la barbe des autorités. Faut-il rire ou pleurer face à la pratique politique en Algérie qui a atteint un tel niveau de décrépitude morale ? La fameuse Commission nationale de surveillance des élections n'a évidemment rien vu de bien gênant. Son président a passé son temps à menacer de dissoudre sa structure, dans un odieux chantage aux indemnités, participant lui aussi à la disqualification de ce scrutin. Le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, qui a compris que la cause est très mal entendue, a pris ses devants et joue la défense avancée. Il prévoit un taux de participation entre 40 et 45%, histoire de justifier l'échec par anticipation. Et comme toujours, ce sera «l'échec des partis», prévient-il. Pas le sien, pas celui de Sellal, mais surtout pas celui du président Bouteflika qui est chef de tout et finalement responsable de rien.