Les partis politiques ont, à l'occasion de cette campagne électorale qui s'est achevée, hier, versé pour la plupart dans le discours de masse, avec des slogans à tours de bras. Car c'est le moment pour tout un chacun de développer son programme. Mais les phraséologies et slogans creux risquent de dérouler un effet contre-productif. Pour les plus optimistes, durant plus de vingt jours, les candidats ont sillonné les villes et villages d'Algérie dans le cadre de cette la campagne. Les représentants des 24 partis et des groupes d'indépendants en lice ont tenté de convaincre, chacun selon sa stratégie électorale, les électeurs sur l'intérêt de voter pour leur programme politique, en mettant en exergue pour certains candidats, les solutions capables de répondre aux problèmes que vivent les citoyens. La campagne électorale qui n'a pas été émaillée de graves incidents, ni dépassements tangibles, selon M. Said Bouchair, coordonnateur de la Commission politique nationale de surveillance des élections législatives (CPNSEL), a été remarquable en matière d'apprentissage démocratique et de consolidation des valeurs citoyennes. Cependant, ceux qui suivent les commentaires de la vox populi peuvent inférer que les conséquences de cette litanie des promesses chimériques peuvent influer négativement sur le comportement électoral des votants. Pourquoi ne pas comparer les spécificités de chaque scrutin et en tirer les conclusions qui s'imposent ? Un rendez-vous électoral n'a de sens que par rapport aux enjeux qu'il représente. Les partis, grands et petits, n'ont cessé tout au long de ces meetings de haranguer les foules. Tirant sans rémission sur l'adversaire, promettant baisse de l'impôt pour les agriculteurs, prime pour les chômeurs, des Smig importants, ils semblent, dans leurs discours, n'obéir à aucune logique, aucune stratégie ordonnée, confondant les politiques à courte vue qui participent du conjoncturel à la stratégie proprement dite qui dépasse la vision conjoncturelle. Autre démagogie constatée lors des interventions des représentants des partis exploitant à fond la carte populiste, celle qui brandit la menace de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC et l'accord d'association conclu avec l'UE. Mais il y avait aussi le discours cohérent des grandes formations. Dans l'ensemble, les leaders du FLN, du RND et du MPS, et à un degré moindre du RCD, ont insisté, souvent lors des meetings, sur la poursuite des reformes économiques et politiques engagées. La justice, la relance économique, la réconciliation nationale et la lutte contre la corruption, constituent à quelques variantes près, le socle commun. Les candidats en ont fait leur cheval de bataille durant cette campagne électorale qui ne manquera pas d'influer positivement sur le scrutin du 17 mai prochain et sur l'après scrutin. Il appartient maintenant aux électeurs de faire leur choix parmi les candidats librement et en connaissance de cause. Même si elle n'est pas émaillée de grands incidents, la commission de surveillance des élections a signalé avoir enregistré des dépassements minimes de trois types. L'utilisation de l'effigie du Président, l'affichage anarchique et la tenue de propos diffamatoires par certains candidats. Pour ce qui est de l'effigie du Président, et après saisine du ministère de l'Intérieur, la commission, selon son coordonnateur, M. Said Bouchair, a envoyé une lettre à l'ENTV la sommant de ne pas filmer les endroits où l'on a placardé le portrait du chef de l'Etat. Pour ce qui est de la diffamation et de l'invective, il a été proposé à des intervenants à la télévision, de reformuler des phrases jugées attentatoires à d'autres personnes. S'agissant de l'affichage anarchique, il fallait apparemment compter sur le sens du civisme des candidats, puisqu'"on ne peut mettre un policier devant chaque site d'affichage".