L'approvisionnement de l'Europe en gaz naturel à partir de l'Algérie tend ces derniers mois à connaître des perturbations, à tel point que les entreprises partenaires de Sonatrach ont été prises de panique. Dernier mécontentement en date, le groupe pétrolier et gazier portugais Galp Energia s'était plaint de ce manque d'approvisionnement et indiqué que son excédent brut d'exploitation ajusté (Ebitda) du gaz a été réduit de 76% à 22 millions d'euros au premier trimestre. En cause, «les restrictions dans l'approvisionnement en gaz naturel provenant d'Algérie». Pour expliquer cette situation, Galp Energia a indiqué que la «capacité d'exportation de Sonatrach au cours du trimestre a été diminuée en raison des travaux de maintenance». En réalité, Galp Energia n'est pas le premier à se plaindre de Sonatrach. Le manque d'approvisionnement en gaz en provenance d'Algérie avait aussi pénalisé la France l'hiver dernier. En raison du quasi-arrêt des livraisons de gaz algérien au terminal méthanier de Fos-sur-Mer, le sud-est du pays avait été contraint de puiser dans ses centres de stockage pour faire face à la demande. Face à ces accusations, Sonatrach a riposté en disant qu'il «n'a pas failli à ses engagements contractuels» en matière d'approvisionnement de la France en gaz naturel, précisant que la partie française a consommé la totalité de son quota provenant d'Algérie. Selon des sources, la partie française avait sollicité Sonatrach pour l'approvisionner en quantités supplémentaires de gaz, mais Sonatrach «est dans son droit de décliner cette demande en raison de ses engagements avec d'autres clients». Le recours d'Engie à Sonatrach pour augmenter ses livraisons gazières s'explique par le retour à la hausse des prix du gaz sur le marché spot puisqu'il est indexé sur les cours du pétrole brut, rappelant que la compagnie algérienne avait subi des pressions de la part des sociétés françaises et européennes pour réviser les prix contractuels du gaz dans le sillage de la chute des prix du pétrole. «La partie française voulait renégocier les contrats gaziers à long terme avec Sonatrach lorsque les prix (du gaz) étaient bas. Ils (les Français) voulaient faire pression sur Sonatrach pour renégocier ces contrats», a relevé la même source. Interrogé à Alger par la presse sur les propos de GRTgaz en marge de la signature d'un contrat entre Sonatrach et deux groupes industriels publics, le ministre de l'Energie, Noureddine Boutarfa, a estimé inopportun de «se soucier à la place de cet opérateur» français. «Nous, à notre niveau, nous n'avons aucun problème... maintenant, pourquoi voulez-vous qu'on s'inquiète à la place des Français ?», a-t-il répondu. Outre la demande européenne sans cesse croissante sur le gaz algérien et notamment la volonté des pays de la rive nord de la Méditerranée de constituer des stocks en prévision d'un éventuel conflit avec la Russie, Sonatrach doit également répondre à un marché local dans la consommation augmenté d'environ 10% par an, à cause notamment de l'électricité produite à partir du gaz.