C'est l'histoire du chat et de la souris. A chaque fois qu'on pense que la rivalité est finie, les hostilités surgissent de nouveau. Ainsi, après une courte accalmie, le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, s'en prend une nouvelle fois au patron du RND, Ahmed Ouyahia. Mais que lui reproche-t-il ? Pas un manque de fidélité à l'égard du chef de l'Etat, encore moins un manque d'engagement à ses côtés. Ould Abbès s'attaque à l'ambition d'Ouyahia, lui reprochant de vouloir devenir président de la République. «Oui, je crois (qu'Ahmed Ouyahia veut devenir président) et ce n'est pas une tare en soi. Cependant, il y a un détail important à ce sujet. L'Algérie est présidée par Abdelaziz Bouteflika, et tant que ce dernier est le président, celui qui veut devenir président doit cacher ses ambitions et se taire en attendant que l'opportunité se présente à lui», a lancé Ould Abbès dans un entretien accordé hier au quotidien El Khabar. Soulignant que si «l'ambition n'est pas une tare, la cupidité est une mauvaise qualité». Ould Abbès ajoute que «tant que Bouteflika est président, personne n'a le droit de convoiter le pouvoir». Depuis le passage peu glorieux d'Amar Saâdani à la tête de l'ex-parti unique, les attaques contre l'actuel directeur de cabinet du président de la République sont devenues une obsession au FLN. A-t-on peur d'Ouyahia ? Pour quelles raisons ? «On veut décrédibiliser notre secrétaire général. Par sa compétence, sa fidélité, son engagement et sa clairvoyance, Ahmed Ouyahia dérange ceux qui essayent de l'attaquer sur quelque chose d'infondé», rétorque le porte-parole du RND, Seddik Chahib. Ce dernier, contacté par nos soins, a qualifié ces attaques d'«acharnement infondé» (voir l'entretien). En tout cas, à l'approche des prochaines élections présidentielles, il faudrait s'attendre à une accélération des évènements et à des échanges d'hostilités plus chauds entre les deux béquilles du pouvoir. Car, au sein du FLN surtout, il semble qu'on est prêt à toutes les manœuvres pour couper l'herbe sous les pieds d'Ouyahia. Durant la campagne électorale pour les législatives du 4 mai, Djamel Ould Abbès s'est attaqué à plusieurs reprises à son homologue du RND. Les deux partis ont remporté la majorité des sièges de l'APN, ce qui leur permettra de cohabiter en attendant ce que dévoileront les prochains mois en matière d'ambitions et de calculs des uns et des autres. La majorité acquise actuellement au chef de l'Etat risque d'imploser dans la perspective de 2019. Diversion ? Si les attaques du FLN contre Ahmed Ouyahia sont devenues récurrentes, dans le cas de Djamel Ould Abbès, elles peuvent le servir sur un autre plan. Contesté dans sa propre maison, Ould Abbès semble opter pour la stratégie de la diversion pour espérer échapper et se soustraire, fût-il pour quelque temps, à la valse de critiques qu'il essuie. Des membres du Comité central réclament son départ et le prennent pour responsable de ce qu'ils considèrent comme un échec du parti aux élections législatives. «Effectivement, Ould Abbès a opté pour la diversion pour occuper les gens sur un sujet qui n'a pas lieu d'être. Il se crée des fantômes. C'est du donquichottisme. En plus, il y a de la fuite en avant», estime Abderrahmane Belayat, opposant à la direction du FLN. En tentant de détourner l'attention, réussira-t-il à capter l'intérêt au sein du parti et dans l'opinion publique avec ses attaques à l'encontre d'Ouyahia ? Ce dernier est connu pour son sang-froid. Dans les moments où il était descendu par l'ancien patron du FLN, Amar Saâdani, il a gardé tout son tact, ignorant superbement ses détracteurs. Seddik Chihab, porte-parole du RND : «C'est un acharnement infondé» Le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, s'est de nouveau attaqué au secrétaire général de votre parti. Pourquoi, à votre avis, Ouyahia est-il devenu une cible du FLN ? A-t-on peur de lui ? Seddik Chihab : On en a marre d'entendre des propos pareils et de manière récurrente.Ils reviennent à chaque fois avec l'intention de décrédibiliser notre secrétaire général. Ahmed Ouyahia avait dit qu'il ne se présenterait jamais à des élections présidentielles contre le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Par sa compétence, sa fidélité, son engagement et sa clairvoyance, Ahmed Ouyahia dérange ceux qui essayent de l'attaquer sur quelque chose d'infondé. Comment qualifiez-vous ces attaques contre le premier responsable de votre parti, d'autant plus qu'elles reviennent avec persistance ? Le FLN veut-il barrer la route à Ouyahia dans la perspective des élections présidentielles ? C'est un acharnement infondé contre notre secrétaire général. Je rappelle encore une fois qu'Ouyahia a pris l'engagement de ne jamais se présenter contre le président Bouteflika. Pour nous, 2019 est encore loin. Il n'est pas inscrit à notre ordre du jour. Nous avons un engagement avec le Président et nous allons avec lui jusqu'au bout. Nous soutenons également le gouvernement. Si les élections présidentielles de 2019 sont inscrites dans l'agenda du FLN, c'est son problème. Au RND, nous sommes encore loin de cette préoccupation. Nous avons d'autres priorités, à savoir : redresser la situation économique, sauvegarder la stabilité du pays et répondre aux besoins de la société.