Le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, a affirmé, mardi soir à Constantine, que le long métrage Ben Badis était un prélude pour le cinéma algérien afin de mettre la lumière sur d'autres personnalités algériennes. Animant une conférence de presse, à l'issue de l'avant-première du film Ben Badis, du réalisateur syrien Bassil Al-Khatib, le ministre a précisé «que le film réalisé avec un grand degré de professionnalisme ouvre la voie pour des productions cinématographiques qui contribuent grandement à l'enrichissement et à la valorisation de notre patrimoine culturel et historique». Il a, à ce propos, ajouté que tous les moyens ont été mobilisés par l'Etat pour réussir le film en associant des équipes de professionnels dans les différentes étapes de réalisation de ce long métrage. Affirmant que «la créativité est sans frontières et sans nationalité», le ministre a salué les efforts de tous les intervenants et a félicité le réalisateur «pour sa persévérance dans ce pertinent travail». M. Mihoubi a ajouté que la ville cinématographique d'El-Achour, construite pour le tournage du film Ben Badis et réalisée par «des professionnels qui ont mis tout leur savoir-faire», sera suivie par d'autres villes cinématographiques devant permettre aux réalisateurs, producteurs et professionnels du cinéma de créer et concrétiser leurs productions dans des conditions favorables qui répondent aux normes internationales. Ben Badis, le long métrage de deux heures, rend hommage au cheikh réformiste Abdelhamid Ben Badis (1889-1940) et retrace les moments phares de sa vie, ses voyages en Orient et sa vision vis-à-vis du colonialisme français et son grand projet de société. Une oeuvre à dimension humaine Le film, réalisé à partir d'un scénario de l'écrivain Rabah Drif, et une musique de Salim Dada, sera à l'affiche ce mercredi à la grande salle de l'Opéra d'Alger, et le jeudi, au cinéma Maghreb d'Oran. Le personnage de Ben Badis est campé par le jeune acteur algérien Youcef Sehaïri, qui a interprété également le rôle principal du film sur le colonel Lotfi. Le long métrage sera diffusé à travers les wilayas par l'Office national de la culture et de l'information (Onci). Le long métrage Ben Badis, réalisé par le Syrien Bassil Al-Khatib et dont l'avant-première a été présentée dans la nuit de mardi à mercredi à la salle des spectacles Ahmed-Bey de Constantine, constitue «une oeuvre cinématographique et artistique à dimension humaine», a déclaré l'équipe réalisatrice de ce film historique. «Le sujet du film était sensible et il fallait le prendre avec beaucoup de précaution», a précisé M. Al Khatib, lors d'une conférence de presse tenue à l'issue de la projection du film, soulignant que «l'oeuvre l'a privé de sommeil pendant des jours et des jours». Le réalisateur a ajouté que la réaction du public de la salle Ahmed-Bey à l'avant-première, «la satisfaction qui se lisait sur les visages et la surprise de découvrir d'autres facettes de la personnalité du cheikh penseur» avait contribué à le rassurer sur le travail présenté. De son côté, le scénariste du film, Rabeh Drif, a souligné que pour cerner la personnalité d'Abdelhamid Ben Badis, des centaines d'ouvrages et des documents avaient été consultés pour présenter l'imam réformiste. «Le film relate les grandes étapes de la vie du cheikh érudit, retrace l'évolution du mouvement réformiste, capte l'émergence du mouvement nationaliste, l'apparition du discours national revendiquant l'indépendance et reflète la société algérienne de l'époque», a-t-il appuyé. Pour le musicologue Salim Dada, compositeur de la musique du film Ben Badis, «l'équipe réalisatrice du long métrage a oeuvré à réunir tous les ingrédients pour le succès de l'oeuvre». «Pour un homme comme Ben Badis, l'homme qui se maîtrise dans toute situation, il fallait une musique qui extériorise ses émotions, dans des situations pénibles, lors du décès de sa mère, de son fils ou encore face aux intimidations de l'administration française», a-t-il soutenu. La musique du film a été enregistrée à Sofia (Bulgarie) avec un orchestre symphonique spécialisé dans les musiques des films, a-t-on encore noté. Le film de 120 min s'ouvre sur une scène dans la vieille ville de Constantine un certain décembre 1889, un jour pluvieux, où un berrah (crieur public) annonce la naissance d'Abdelhamid Ben Badis chez Mohamed Mustapha Ben Mekki, alors famille connue et respectée dans la ville. La fiction évolue pour capter la mémorisation de Ben Badis, à l'âge de 13 ans, du noble Coran, la fierté de son père et toute une société qui voit en lui l'étoffe d'un guide de la nation, et retrace son passage à Tunis, à l'institut théologique de Zeïtouna, où il a étudié durant des années. Les scènes se poursuivent pour raconter le retour de Ben Badis à Constantine, son constat amer d'une société spoliée, sous le joug colonial, le lancement de son projet de renaissance de la nation, contre la dépersonnalisation et la division du peuple algérien. Au fil des séquences, le film met l'accent sur les efforts du cheikh dans le resserrement des rangs de l'élite algérienne pour combattre l'ennemi commun, ses démarches pour la création de l'Association des oulémas musulmans algériens et sa rencontre avec Massali El Hadj en 1936. Le film reflète, également, cet homme, égal à lui-même dans toute circonstance, convainquant et dont l'éloquence faisait de lui une personne charismatique exerçant un puissant attrait sur ses interlocuteurs. Le long métrage montre Ben Badis qui maîtrise parfaitement la langue de Molière, et part à Paris (France) revendiquer les droits usurpés du peuple algérien, et réclamer l'identité linguistique, religieuse et culturelle de la société algérienne. Dans l'une des dernières scènes du film, Abdelhamid Ben Badis, devant les intimidations de l'administration française et ses tentatives de diviser les rangs de l'Association des oulémas, lance : «Allez aux Aurès et déclarez la guerre !». Produit par le Centre algérien du développement du cinéma (CADC) et le département cinéma de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe», le film sera diffusé à travers le territoire national par l'Office national de la culture et de l'information (ONCI). Le film Ben Badis, dont le rôle principal a été campé par le jeune acteur algérien Youcef Sehaïri, sera à l'affiche ce mercredi à la grande salle de l'Opéra d'Alger et le jeudi au cinéma Maghreb d'Oran.