L'idée lancée depuis la capitale polonaise, Varsovie, par le ministre de l'Agriculture, Abdesselam Chelghoum, de produire en Algérie de la poudre de lait serait un mythe, selon des industriels et des professionnels de la filière lait. «J'ai discuté avec le directeur général de la CNMA, Chérif Benhabilès, et il m'a expliqué que l'idée de faire de la poudre de lait en Algérie était irréalisable», a révélé hier à Alger la secrétaire générale de Danone Algérie, Nada Temmar Valette, lors des débats qui ont suivi la présentation d'une étude sur le lait conditionné et les boissons lactées en Algérie. Partageant cet avis, le président de l'Association des producteurs algériens de boissons (APAB), Ali Hamani, a estimé que «dans un pays comme le nôtre où le fourrage vert n'est disponible qu'une partie de l'année, nécessitant ainsi d'introduire des compléments alimentaires qui coûtent cher, il n'est pas raisonnable de parler de production de poudre de lait, d'autant plus que la matière première manque cruellement». A l'exception, ajoute Hamani, des grandes exploitations que l'Algérie compte lancer dans le Grand Sud avec des partenaires étrangers où «des petites unités de transformation sont certainement prévues. Pour le reste, je ne vois pas la faisabilité de tels projets». Car à cause de la distance, «il serait pratiquement impossible d'acheminer, et de surcroît par route, du lait frais depuis Adrar vers les régions du Nord», a-t-il expliqué. En visite de travail en mars dernier en Pologne, le ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Abdesselam Chelghoum, a examiné avec de hauts responsables polonais le développement du partenariat bilatéral, notamment dans la production de la poudre de lait. Un mois plus tard, une délégation polonaise s'est rendue à Ghardaïa afin de s'enquérir des opportunités d'investissement dans le secteur agricole. Le vice-président de l'Agence polonaise du marché agricole, Jaroslaw Olowski, qui conduisait la délégation polonaise, avait indiqué que sa visite à Ghardaïa intervenait suite à celle de Abdesselam Chelghoum en Pologne. «Je viens prospecter les possibilités d'investissement dans le domaine agricole en Algérie en général, et Ghardaïa en particulier, pour tenter de convaincre les sociétés polonaises de venir investir en Algérie», a-t-il affirmé. Le responsable polonais s'était, selon l'APS, montré fort intéressé par les atouts et les potentialités qu'offre la wilaya de Ghardaïa dans le domaine de l'agriculture et de la production laitière. Pour sa part, le président de la Chambre de commerce et d'industrie du M'zab, Said Alouani, a axé son exposé sur la filière lait à fort potentiel économique, insistant sur la nécessité de mettre en place à Ghardaïa des unités de production de lait en poudre pour réduire l'importation de cette matière et encourager les éleveurs à produire du lait. En attendant les investissements polonais, américains et autres dans le domaine laitier, l'Algérie importe l'équivalent de 374 000 tonnes de lait et dérivés pour une valeur dépassant 1 milliard de dollars par an.