La minorité copte en Egypte continue d'être la première cible des terroristes. Au moins 24 personnes ont été tuées, hier, dans l'attaque par des hommes armés d'un bus transportant des chrétiens. Le bilan provisoire est lourd. «Il y a 24 morts», a indiqué le porte-parole du ministère de la Santé, Khaled Megahed, à la télévision d'Etat, ajoutant qu'il y avait 27 blessés. Cette attaque, qui a eu lieu dans la province de Minya, au sud du Caire, intervient un mois et demi après des attentats contre deux églises coptes, qui avaient fait 45 morts et avaient été revendiqués par le groupe jihadiste Etat islamique. L'EI, qui avait également revendiqué un attentat contre une église copte du Caire en décembre (29 morts), s'est engagé ces derniers mois à multiplier les attaques contre la minorité copte en Egypte, qui représente environ 10% des quelque 90 millions d'habitants de ce pays. À bord de deux autocars et d'un camion, les chrétiens égyptiens se rendaient, selon la presse locale, dans un lieu de culte chrétien, le monastère de Saint-Samuel le Confesseur. Sur leur chemin, ils se sont fait attaquer par des hommes armés. Les attaquants, masqués, ont intercepté les deux bus et le camion dans lesquels ils voyageaient avant de faire feu à l'arme automatique. Ils ont pris la fuite. Faiblement représentés au gouvernement, les coptes ont subi les représailles d'islamistes radicaux qui leur ont reproché leur soutien à l'éviction de Mohammed Morsi en juillet 2013. Plus de 40 églises avaient été depuis incendiées ou endommagées. Depuis plusieurs mois, c'est par le groupe djihadiste Etat islamique (EI) que le groupe chrétien est ciblé: début avril, deux attentats revendiqués par l'EI avaient fait 27 et 17 morts, lors de la célébration des Rameaux. En réaction, le président égyptien Fattah al-Sissi a annoncé la tenue d'une réunion de sécurité. Après la double attaque du mois de mai, le dirigeant avait déclaré l'état d'urgence pour trois mois. Des forces de sécurité ont aussi été déployées autour des lieux de culte chrétiens, une décision jugée tardive, et qui s'est montrée aujourd'hui inefficace. Commentant cette attaque qui vient d'endeuiller la communauté chrétienne d'Egypte, Benjamin Blanchard, cofondateur de SOS Chrétiens d'Orient, a fait part de ses craintes quant à l'avenir qui risque de s'assombrir davantage devant la cruauté et la détermination des radicaux à mutiler les coptes. «Il ne s'agit pas d'insécurité ou d'impunité dans la région mais d'une guerre totale lancée en Egypte par les islamistes radicaux contre le gouvernement du président Sissi», a-t-il estimé. Pour lui, il ne s'agirait pas d'une question de sécurité générale car «les dernières attaques étaient plutôt contre les églises pendant les offices», tandis que là, le drame s'est produit directement sur la route malgré la présence de barrages et de points de contrôle. Ainsi, M. Blanchard estime que la véritable cause réside dans la politique car «les Frères musulmans et les sectes radicales font tout pour déstabiliser l'Egypte». «Ça montre qu'il y a une guerre totale lancée en Egypte par les islamistes radicaux contre le gouvernement du président Sissi qui essaye de changer les choses», affirme-t-il, ajoutant que les Frères musulmans étaient arrivés au pouvoir avec le président Morsi et que c'était à ce moment-là que les persécutions contre les chrétiens avaient été institutionnalisées, avec «des églises brûlées, des prêtres séquestrés, torturés, des familles qui ont vu leurs maisons attaquées». Toutefois, malgré la gravité de la situation, M. Blanchard reste confiant et assure que «les autorités égyptiennes vont mettre tous les moyens pour retrouver les auteurs du crime». «Je ne sais pas si ce sera facile, parce qu'il y a des complicités, les Frères musulmans ont bien noyauté la société et même l'administration. Mais le gouvernement égyptien mettra tout en œuvre pour trouver les coupables et les punir», a-t-il ainsi conclu. L'Algérie condamne avec vigueur L'Algérie condamne «avec vigueur» l'attentat terroriste qui a ciblé, hier, un bus dans la province de Minya (Egypte), ayant fait des dizaines de victimes parmi les citoyens égyptiens, réaffirmant sa solidarité avec le gouvernement et le peuple égyptien frère, dans leur lutte contre le terrorisme. Le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Abdelaziz Benali Cherif, a condamné «avec vigueur» l'attentat terroriste sanglant qui a ciblé hier matin un bus dans la province de Minya ayant fait des dizaines de victimes innocentes parmi les citoyens égyptiens. «Les criminels qui ont planifié et exécuté cet acte ignoble et lâche n'entameront jamais l'unité et la cohésion du peuple égyptien frère et ne saperont, en aucun cas, les valeurs de cohabitation pacifique séculaires», a indiqué le responsable dans une déclaration à l'APS. «Tout en exprimant nos sincères condoléances aux familles des victimes de cet acte barbare, nous réaffirmons notre solidarité avec le gouvernement et le peuple égyptien frère dans leur lutte contre le terrorisme et notre rejet catégorique de ce phénomène étranger à notre religion, nos valeurs et traditions».