La commune de Miliana (Aïn Defla) a commémoré hier le 76e anniversaire de la mort du fondateur des Scouts musulmans algériens (SMA), le chahid Mohamed Bouras, exécuté par les autorités coloniales en 1941. Une gerbe de fleurs a été déposée sur la tombe du chahid et la Fatiha du saint Livre récitée en présence des autorités civiles et militaires de la wilaya, à leur tête le wali, Benyoucef Azziz. Le représentant de l'antenne locale de l'organisation nationale des moudjahidines (ONM), Abdellah Aâdjadje, a indiqué lors de son intervention à cette occasion que Mohamed Bouras fut un nationaliste hors pair qui n'a pas hésité à donner sa vie pour que le pays recouvre son indépendance et sa liberté. La commémoration des dates se rapportant au combat du peuple algérien pour le recouvrement de son indépendance doit renseigner sur les sacrifices consentis pour la liberté, a-t-il souligné. Le rôle des moudjahidine n'a pas été circonscrit à la période coloniale mais s'est étalé bien au-delà, a soutenu M. Aâdjadje, relevant que ceux-ci étaient à l'avant-garde dans le combat mené contre le terrorisme au début des années 90 du siècle dernier. Dans une communication intitulée «Le rôle du scoutisme dans le mouvement national», Tounsi Abderrahmane de la faculté d'histoire de l'université Djilali Bounâama de Khémis Miliana a observé que le combat de Mohamed Bouras a particulièrement influencé trois des plus grands héros de la Révolution armée, en l'occurrence Larbi Ben M'hidi, Badji Mokhtar ainsi que le commandant Si M'Hamed Bouguerra. Il a mis l'accent sur le fait que Mohamed Bouras considérait le scoutisme comme étant avant tout une école de patriotisme, faisant remarquer que ses activités «lui ont valu d'être traqué en permanence par les services de police et de renseignement de façon générale qui y voyaient un danger de premier plan». A la fin de la cérémonie, des hommages ont été rendus aux anciens responsables locaux des scouts auxquels des présents ont été offerts. Né en février 1908 à Miliana, dans le quartier Anassers, dans une famille modeste, Mohamed Bouras a fréquenté la médersa Al Falah où il a appris l'arabe et les bases théologiques de l'Islam tout en poursuivant des études au collège français de Miliana. A partir de 1926, il quitte l'école pour entrer dans la vie active. A 18 ans, il quitte sa ville natale pour se rendre à Alger où il fréquente le cercle Ettaraki et devient proche politiquement de l'Association des oulémas et de son chef, le cheikh Abdelhamid Ben Badis. Décidé à consacrer sa vie à l'éducation et à la formation de la jeunesse algérienne, il dépose, en 1935, les statuts des Scouts musulmans algériens dont la première section est constituée à Alger avec comme nom «Al-falah». Une année plus tard, et après avoir participé au Congrès musulman, il devient dirigeant de la jeunesse de ce congrès. En juillet 1939, toutes les sections Scouts d'Algérie se constituent en fédération sous la présidence de Ben Badis. Devant le succès des scouts musulmans dont le nombre d'adhérents ne cesse de croître, les autorités françaises voyaient désormais en Mohamed Bouras un danger. Arrêté le 3 mai 1941 sous le motif d'espionnage au profit de l'Allemagne, Mohamed Bouras est condamné à mort et exécuté le 27 mai 1941 sur le terrain militaire d'Hussein-Dey, laissant derrière lui 5 enfants en bas âge. Premier martyr des SMA, Mohamed Bouras est décoré à titre posthume de la médaille El-Athir.