A l'instar des autres wilayas du pays, le secteur du bâtiment, des travaux publics et de l'hydrauliques (BTPH) vit une période cruciale dans la wilaya de Tizi Ouzou, en raison de l'asphyxie financière qui touche les quelque 2 500 entreprises en activité. Selon le secrétaire général de la Confédération générale du patronat (CGP) de la wilaya, 90 % des 2 500 entreprises du secteur du BTPH en activité dans la wilaya sont aujourd'hui à l'arrêt, en raison de difficultés de trésorerie liées au non-paiement de leurs situations financières par les pouvoirs publics. «90% des 2 500 entreprises en activité dans la wilaya sont actuellement à l'arrêt en raison du non-paiement de leurs situations financières par les pouvoirs public, comme cela est d'ailleurs le cas à travers l'ensemble du pays», affirme le responsable de la CGP au niveau de la wilaya. Pour Mourad Berkane, la situation remonte au mois de décembre de l'année 2016, où aucune entreprise en charge des projets de réalisations des différents chantiers, n'a reçu le moindre centime. Une situation qui a mis ces entreprises dans une difficulté insurmontable avec l'accumulation de plusieurs problèmes, explique-t-il, citant à titre d'exemple le non-paiement des salaires de plus de 30 000 travailleurs exerçant dans le secteur au niveau de la wilaya depuis plusieurs mois. Il cite également le problème des dettes accumulées par ces entreprises. «Le non-paiement des situations financières depuis décembre 2016 a eu des conséquence négatives sur les entreprises activant dans le secteur du BTPH. Certains entrepreneurs sont aujourd'hui poursuivies en justice pour des chèques sans provisions, et d'autres sont carrément menacées par leurs travailleurs et leurs fournisseurs en raison des dettes accumulées», explique-t-il, allant jusqu'à affirmer que certains entrepreneurs qui se retrouvent en situation de détresse ont eu recours à des tentatives de suicide. «On dit que quand le bâtiment va tout va, mais j'avoue qu'aujourd'hui, c'est tout le contraire qui se passe. Rien ne va dans le bâtiment et si la situation perdure encore, ce sera la catastrophe», ajoute ce responsable, qui dit que face à cette situation, les banques refusent d'accorder des crédits à des entreprises, car ces dernières seraient tout simplement dans une situation de faillite. «Les entrepreneurs ne savent plus quoi faire. Alors que les pouvoirs publics ne les ont pas payés depuis plusieurs mois, les travailleurs réclament leurs salaires, les fournisseurs leurs dettes et les autres services de la sécurité sociale et des impôts exigent aussi leurs parts», s'insurge cet entrepreneur qui voit dans la dernière décision du nouveau Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, de faire injecter 60 milliards DA dans les caisses des entreprises du secteur du BTPH à l'échelle nationale, une lueur d'espoir pour le règlement de cette crise. «Nous avons accueilli avec soulagement cette décision du Premier ministre et nous éperons que cela va régler définitivement cette crise que n'a que trop duré ", affirme le SG de la CGP. «Même si nous n'avons pas encore reçu notre argent, nous gardons espoir que cette fois, les choses vont aller dans le bon sens et que les entreprises qui sont à l'arrêt depuis plusieurs mois vont enfin reprendre le travail», ajoute-t-il, non sans évoquer un autre problème auquel font face les entreprises du BTPH et que l'Etat doit aussi prendre en charge. Il s'agit, selon le SG de la CGP, de revoir le système de cotisation à la Cnas et de recouvrement des impôts. «Si les organismes en charge de la sécurité sociale et des impôts se mettent à nous imposer des redressements et autres pénalités, les entreprises risquent de revenir à la case départ même si les pouvoirs publics viennent de payer la totalité des situations financières», affirme-t-il encore. D'où la nécessité, selon lui, de mettre en place un échéancier pour le paiement de l'ensemble des charges afin de permettre aux entreprises de faire face à la situation et éviter ainsi une faillite certaine. D'autant qu'actuellement, les entreprises font face, selon lui, à une hausse sans précédent des prix de l'ensemble des matériaux de construction. «Le prix du fer a triplé, passant de 5 000 à 15 000 DA, celui du ciment qui coûtait 750 DA hors taxe se négocie aujourd'hui à 1 850 DA le quintal, sans parler des autres matériaux qui ne cessent de flamber sur le marché», lance le secrétaire général de la CGP de la wilaya.