A chaque mois de ramadhan, les algériens dénoncent la flambée des prix des légumes et fruits, et par là même, la non-disponibilité d'une grande partie de ces produits alimentaires. Cette année, ce n'est pas le cas. Bien au contraire. Ils sont mis à la disposition du citoyen en grande quantité. Très grande même. A tel point que des dizaines de caisses de fruits et de légumes de toutes sortes sont jetées, au grand dam des plus démunis de la capitale. A la place des Martyrs, à Bab El Oued, à Bouzaréah… des commerçants sans aucun scrupule laissent pourrir quotidiennement des quantités considérables de produits maraîchers. Une pratique regrettable constatée depuis le début du mois sacré. Les associations de protection du consommateur et de commerçants s'entendent pour dénoncer ce genre de gaspillage qui aura des retombées sur la stabilité du marché et la disponibilité des produits la saison prochaine. «On doit trouver de nouveaux mécanismes pour prévenir ce genre de pratique et préserver la production nationale, ainsi que le pouvoir d'achat du citoyen, qui représente une priorité pour le gouvernement Tebboune», affirme-t-on. Pour le président de la Fédération nationale de protection du consommateur, Zaki Hariz, il s'agit d'une «mentalité» de certains commerçants qui n'hésitent pas, selon lui, à laisser pourrir ces produits au lieu de les vendre à moitié prix. «Certains commerçants veulent vendre leurs produits pourris au prix du frais. Au final, ils sont jetés. Que de gaspillage !» a-t-il estimé. Notre interlocuteur a relevé la nécessité de mettre en place des chaînes de transformation de produits alimentaires. «La disponibilité de ces aliments implique la mise en place de centres de tri pour identifier les produits destinés à la consommation et ceux devant être transformés, comme cela se faisait dans les années 70». Les pouvoirs publics doivent jouer leur rôle de régulateur et soutenir la production par une véritable prise en charge du surplus de production, afin d'éviter que des tonnes de fruits et légumes soient jetés. Hariz a indiqué également qu'il existe un problème d'organisation sociétale. «Au lieu de laisser pourrir ces aliments, pourquoi ne pas les offrir aux associations caritatives ou au Croissant-Rouge, très actifs durant ce mois sacré?», s'est-il interrogé. Selon lui, il n'existe aucun circuit entre les commerçants et ces associations, c'est pour cette raison qu'il est impératif que la société s'organise. Même constat pour Hadj Tahar Boulanouar, président de l'Association nationale des commerçants et artisans (Anca), qui affirme que plus de 5% des fruits et légumes sont jetés par les fellahs et les commerçants. Ce genre de gaspillage est essentiellement dû à un problème de réseau de distribution et de stockage. Selon lui, il est urgent de mettre en place des unités de transformation des aliments dans chaque région. Une culture de consommation s'impose aussi. Boulanouar estime également que le manque de contact direct et facile entre les commerçants et les associations caritatives favorise le gaspillage de ces produits.