La décision prise récemment par les pouvoirs publics de ne plus renouveler les contrats de travail pour les employés recrutés dans le cadre du dispositif d'activité d'insertion sociale (DAIS) a suscité la colère de milliers de bénéficiaires au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou. En effet, depuis cette annonce de ne plus renouveler les contrats de travail arrivés à terme le 30 juin en cours, il ne se passe pas un jour sans assister à des mouvements de protestations de dizaines de bénéficiaires recrutés dans le cadre du dispositif du filet social, un peu partout à travers les communes de la wilaya, pour réclamer le renouvellement de leurs contrats comme cela se fait régulièrement à cette période de l'année. Recrutés, pour certains depuis plus de quinze années dans le cadre de ce diapositif mis en place par l'Etat, pour juguler le chômage, pour un salaire qui ne dépasse guère 6 000 DA par mois, des centaines pour ne pas dire des milliers d'employées, notamment des femmes, se retrouvent aujourd'hui au chômage, suite à la décision prise par le gouvernement de ne plus renouveler les contrats de travail arrivés à terme. Une décision dictée par la crise financière qui secoue les caisses de l'Etat et qui a créé un climat de tension dans de nombreuse communes de la wilaya, avec la tenue régulièrement par les concernés des rassemblements devant les sièges des mairies pour demander à l'Etat de surseoir à cette décision et procéder ainsi au renouvellement de leurs contrats de travail. D'ailleurs, pas plus que mercredi dernier, des dizaines de bénéficiaires de ce dispositif d'emploi se sont rassemblés devant le siège de l'APC de Boghni, pour crier leur colère contre cette décision de ne plus leur renouveler les contrats de travail, eux dont la majorité affirment exercer dans ce cadre depuis plus de quinze années. Selon les statistiques, le nombre de bénéficiaires en activité dans la wilaya de Tizi Ouzou dans le cadre du DAIS avoisine les 5 000 DA. «Nous sommes livrés à nous-mêmes. Nous ne savons plus quoi faire du fait de se retrouver du jour au lendemain sans emploi alors que nous avions sacrifié notre jeunesse au service de l'Etat pour la modique somme de 5 000 DA par mois», affirme un protestataire dont le contrat de travail signé avec l'APC de Boghni dans le cadre du DAIS et renouvelé régulièrement chaque année depuis 2006 arrive à terme le 30 juin en cours. «On nous a informés que nous n'allions pas bénéficier d'un renouvellement de contrat à partir du 30 juin et nous allons donc nous retrouver au chômage», ajoute ce père de famille qui exerce au niveau d'une cantine scolaire de la même localité. «Aucun responsable au niveau de l'APC n'a daigné nous recevoir et nous informer sur les tenants et aboutissants de cette décision de ne plus renouveler nos contrats de travail. Nous avons entendu cela de bouche à oreille et comme nos contrats sont arrivés à terme sans être convoqués pour les renouveler, cela prouve que la décision de nous licencier est bel et bien prise», affirme une femme qui dit avoir travaillé dans ce le cadre de ce dispositif depuis dix-sept années. Une décision aux lourdes conséquences La grogne des travailleurs a touché, également, la commune d'Idjer dans la daïra de Bouzeguène, lorsque lundi dernier, une trentaine de femmes exerçant dans le cadre du même dispositif ont procédé à la fermeture pure et simple du siège de leur mairie pour dénoncer la cessation de leurs contrats de travail. Recrutés dans le cadre du dispositif de l'aide à l'insertion sociale mis en place par l'Etat sous l'égide des directions de wilaya de l'action sociale (DAS), ces milliers de travailleurs , qui exercent depuis plusieurs années au niveau des différents services des APC, dans les annexes ainsi qu'au niveau des écoles et des cantines scolaires, se retrouvent subitement au chômage sans aucun préavis, ni indemnités, même si les pouvoirs publics ont toute latitude de ne pas renouveler ces contrats au bout de deux années de travail comme le stipule le règlement de ce dispositif. «Au lieu de nous récompenser par des contrats indéterminés après des années de loyaux services pour un salaire de misère, nous voilà aujourd'hui mis à la porte sans aucune considération. Nous n'allons pas nous taire et on va continuer à réclamer le renouvellement de nos contrats car c'est notre seul gagne-pain», affirme un père de famille, qui exerce comme agent de nettoyage dans une école primaire. Il faut dire aussi que la mise au chômage de ces travailleurs aura des conséquences sur l'activité au niveau de plusieurs secteurs, notamment dans les services d'état civil des APC, les annexes des mairies et surtout au niveau des écoles et cantines scolaires. En effet, de nombreux présidents d'APC, qui ont dénoncé cette décision des pouvoirs publics, à savoir la direction de l'action sociale (DAS) de ne plus renouveler les contrats des travailleurs, disent surtout redouter les conséquences sur le fonctionnement de plusieurs services au niveau des APC et des écoles primaires, dont de nombreuses tâches sont effectuées par des travailleurs recrutés dans le cadre du dispositif de l'insertion sociale. Il s'agit, notamment, des préposés aux guichets de l'état civil, des travailleurs dans les bibliothèques communales et, surtout, les cantines scolaires. «Il faudra trouver une solution, car si les services de la DAS ne procèdent pas au renouvellement des contrats des travailleurs ou bien recruter de nouveaux, plusieurs services au niveau des mairies vont se retrouver au ralenti faute d'employés. Mais le plus grave est surtout de voir les cantines scolaires, dont la majorité des travailleurs sont recrutés dans le cadre de ce dispositif, a l'arrêt dès la prochaine rentrée scolaire», affirme un élu à l'APC de Béni Aïssi dans la daïra éponyme.