L'Algérie attend du président français, Emmanuel Macron, la concrétisation de ses promesses de candidat. C'est le ministre des Moudjahidine qui dit représenter l'Etat et parler au nom du gouvernement sur le dossier de mémoire qui le dit. Tayeb Zitouni a déclaré hier que l'avenir et la stabilité des relations algéro-françaises dépendent de la question commune de mémoire. «Si la France aspire à des relations solides, stables et perpétuelles, elle doit savoir que le dossier de la mémoire se répercute négativement sur tous les autres secteurs», a averti Zitouni, invité de la chaîne I de la radio nationale, à la veille de la célébration du 55e anniversaire de la fête de l'indépendance. Des propos qui laissent entendre que jamais les relations entre Alger et Paris n'atteindront le stade d'excellence et de confiance mutuelle sans assainir toutes les questions relatives à l'histoire commune. Mais, sans pour autant aller jusqu'à demander repentance, une question que les autorités officielles semblent avoir abandonnée depuis déjà des années, Zitouni appelle le président français à honorer ses engagements pris lors de sa visite en Algérie en tant que candidat. «En France, il y a un nouveau contexte et un nouveau président de qui nous avons entendu des déclarations, alors qu'il était candidat, sur les relations algéro-françaises et la mémoire. Nous attendons du concret», a déclaré le ministre des Moudjahidine, mettant Emmanuel Macro devant ses responsabilités. En février dernier, alors candidat d'En marche pour la présidence française, le jeune de 39 ans avait tenu des propos qui ont créé la polémique et défrayé la chronique durant plusieurs jours. Interrogé sur la question du colonialisme, il dira : «C'est un crime. C'est un crime contre l'humanité. C'est une vraie barbarie, et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l'égard de celles et ceux vers lesquels nous avons commis ces gestes». Quatre mois après, le débat sur la mémoire qui coïncide avec la célébration de la fête de l'indépendance, interpelle le locataire du palais de l'Elysée. Ira-t-il jusqu'à présenter des excuses au nom de la République française ? Difficile d'y croire. Crânes, ces témoins de la barbarie ! À l'occasion aussi, le ministre a indiqué que les discussions dans le cadre des commissions mixtes vont reprendre pour se pencher sur les questions relatives à l'indemnisation, à la restitution des archives et des crânes de résistants algériens sauvegardés au Musée de l'homme à Paris. Se montrant intransigeant, Tayeb Zitouni a exprimé la détermination de l'Algérie à mener ce combat jusqu'au bout. «Nous ne nous arrêterons jamais, jusqu'à restitution des archives dans leur intégralité», a soutenu l'invité de la radio, estimant que «tous ces dossiers doivent trouver des solutions». À ses yeux, on ne peut construire un avenir entre les deux peuples sans l'établissement de la confiance. Et cette confiance passe, semble-t-il, par le règlement des différends. Quant à la restitution des crânes, Zitouni, contrairement à son secrétaire général au RND, Ahmed Ouyahia, qui ne voit aucun intérêt à les rapatrier, persiste et signe : «Notre objectif est de les récupérer pour pouvoir les inhumer ici sous notre terre». Le ministre qui ne mâche pas ses mots concernant le passé colonial français en Algérie estime que ces restes de résistants «ont le mérite d'avoir levé le voile sur les crimes, les exactions et la torture commis par la France coloniale en Algérie». «Les cranes existent pour témoigner», a-t-il ajouté, avant d'user du mot «honte» pour la République française.