La situation sécuritaire au Sahel «demeure fragile» malgré les progrès accomplis dans la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent, a déclaré jeudi le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. «Les activités terroristes et la criminalité transfrontalière, notamment la piraterie, le trafic de drogues et d'armes et la traite d'êtres humains, continuent de menacer gravement la stabilité de la région», indique le chef de l'ONU dans le rapport d'activités du Bureau des Nations unies pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel (Unowas) présenté jeudi au Conseil de sécurité. «Je demeure préoccupé par la prévalence des menaces que représentent le terrorisme et l'extrémisme violent dans la région, et par les liens avec la criminalité transnationale organisée», écrit Guterres dans son rapport. S'inquiétant de la poursuite des attaques contre des cibles militaires et civiles, Guterres souligne que cette situation «freine les efforts de réinstallation et de réinsertion et alimente l'extrémisme» dans la région. Le document qui porte sur la période du premier semestre 2017, a été établi à la demande du Conseil de sécurité et fournit un aperçu sur l'exécution du mandat de l'Unowas et les progrès réalisés dans la mise en oeuvre de la stratégie intégrée des Nations unies pour le Sahel. «L'instabilité qui touche le Mali continue de se propager dans le nord-est du Burkina Faso et l'ouest du Niger», note le rapport qui rappelle la fusion opérée le 2 mars dernier entre le réseau terroriste Al-Qaida au Maghreb islamique, la brigade Al Mourabitoun, Ansar Eddine et le Front de libération du Macina pour former le «Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans». La nouvelle «alliance terroriste», composée de dirigeants de différentes origines ethniques, a déjà revendiqué plusieurs attaques meurtrières contre la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) et les forces maliennes, relève le document. L'ONU prévoit que le groupe terroriste continuera de perpétrer des attentats dans la région. Au Burkina Faso, le nombre d'attaques terroristes commis contre des cibles civiles et militaires a augmenté durant le premier trimestre 2017. Au Niger, «les actes de terrorisme et d'extrémisme violent ne se sont pas cantonnés au nord du pays et ont contribué aux activités menées par Boko Haram dans le sud», note le rapport qui relève que ces attaques ont été perpétrées alors que l'opération Barkhane, conduite par les forces françaises, a été poursuivie dans la région. Guterres constate que les mesures prises au niveau régional pour lutter contre Boko Haram n'ont pas suffi à rétablir la sécurité, les violences se sont poursuivies, aggravées par la crise humanitaire et le déficit de développement dans le bassin du lac Tchad. Il souligne que le déplacement effectué en mars par une délégation du Conseil de sécurité sur le terrain a permis de dresser le bilan de la situation et de faire prendre conscience de la crise. Guterres a déclaré, par ailleurs, soutenir la création de la Force conjointe du G5 Sahel et le déploiement imminent des 5 000 personnes qui la composent. Pour rappel, le Conseil de sécurité a adopté en juin dernier une résolution approuvant le déploiement de cette force conjointe mais sans pour autant lui accorder un mandat de l'ONU qui lui permettra de mobiliser les ressources financières nécessaires à son fonctionnement. Les Etats-Unis se sont fermement opposés à la requête de la France d'octroyer un mandat du Conseil de sécurité à cette force militaire, estimant qu'elle devrait fonctionner sans l'approbation de l'ONU, à l'instar du groupe de travail luttant contre le groupe terroriste Boko Haram dans le bassin du lac Tchad.