Quatre litres d'eau potable sur dix distribuées chaque jour dans la wilaya de Tizi Ouzou n'arrivent pas à leurs destinataires en raison des importantes fuites causées par la défection du réseau d'alimentation. En effet, selon le premier responsable de la direction de l'hydraulique dans la wilaya de Tizi Ouzou, plus de 40% de l'eau distribuée au quotidien à travers le territoire de la wilaya est perdue dans la nature à cause des fuites. «Nous enregistrons plus de 40% de fuite d'eau sur la quantité globale distribuée à travers la wilaya de Tizi Ouzou», se désole le directeur de l'hydraulique, Rachid Hameg, non sans ajouter que sans ces importantes fuites, la quantité d'eau distribuée dans la wilaya qui est de l'ordre de 300 000 m3 par jour, serait largement suffisante pour couvrir les besoins de la population. Une situation alarmante qui a fait réagir les responsables du secteur à travers le ministère des Ressources en eau qui vient d'accorder une cagnotte de 100 millions DA à la direction locale de l'Algérienne des eaux pour entamer les travaux de réfection et de réhabilitation des différentes conduites d'alimentation en eau potable dans la wilaya de Tizi Ouzou. Selon le directeur des services de l'hydraulique de la wilaya, le nouveau ministre des Ressources en eau, Hocine Necib, a accordé une enveloppe globale de 400 millions DA, dans le cadre du Fonds national de l'eau (FNE) afin de venir en aide au secteur dans la wilaya. Cette importante enveloppe sera consacrée essentiellement au lancement de plusieurs projets pour le raccordement de certaines localités de la wilaya, qui font encore face au problème d'alimentation en eau potable, la réalisation de nouveaux forages et aussi le lancement des travaux de réhabilitation et de rénovation des réseaux d'alimentation défectueux, qui sont d'ailleurs la cause principale des ces importantes fuites enregistrées aux quatre coins de la wilaya, ajoute le même responsable. «Il faut reconnaître qu'une bonne partie du réseau d'AEP dans la wilaya long de plus de 8 600 km, est aujourd'hui dans un état défectueux et nécessite une rénovation, ce qui va nous permettre de récupérer une grande quantité d'eau qui se perd à cause des fuites», affirme le directeur de l'hydraulique. 10 milliards pour la réfection du réseau A ce propos, Rachid Hameg a annoncé que les services de l'ADE ont décidé de s'attaquer à ce problème, en procédant à la réhabilitation du réseau défectueux et surtout se lancer dans une lutte sans merci contre toute forme de fraude. «Les services de l'ADE ne vont désormais plus tolérer les atteintes au réseau AEP en menant une lutte permanant, à travers des équipes spéciales, contre ce qu'on appelle le piquage pirate. Un phénomène qui a pris de l'ampleur et qui a causé d'énormes dégâts», précise Rachid Hameg allant jusqu'à affirmer que désormais, les personnes coupables de ce genre de pratiques risquent des poursuites judicaires qui peuvent les mener en prison. En parallèle, les services de l'ADE ont également lancé l'opération de réfection et de réhabilitation du réseau défectueux au niveau de plusieurs localités de la wilaya, puisque dix microentreprises ont été sélectionnées pour la réalisation de ces travaux, grâce à l'enveloppe financière accordée par le ministère de tutelle à la wilaya. «Avec la somme de 10 milliards de centimes accordée à l'ADE de Tizi Ouzou par le ministère, nous avons déjà lancé les chantiers et les travaux de rénovation de certaines conduites d'eau dans plusieurs localités, tout comme nous allons lancer des travaux de réalisation de nouvelles chaînes d'alimentation, grâce à l'enveloppe allouée par le ministère, qui est de l'ordre de 40 milliards de centimes», ajoute-t-il. A cet effet, la direction de l'hydraulique de la wilaya, qui tient à rassurer la population sur la disponibilité de l'eau, notamment à partir du barrage de Taksebt, qui assure 250 000 m3 par jour, en dépit de la baisse de son volume à moins de 50%, a lancé de nombreux projets d'envergure pour assurer une meilleure alimentation en eau potable des populations qui font encore face à des pénuries en cette denrée vitale. C'est ainsi que pas moins de quatre projets sont déjà lancés, précise le directeur de l'hydraulique, à savoir les travaux de réhabilitation de la chaîne de Tassadort qui alimente, notamment, les localités de Beni Douala et Beni Zmenzer. Des travaux qui vont certainement soulager les populations de ces localités, qui font face ces dernières années à des perturbations dans l'alimentation en eau potable, explique Rachid Hameg. Le deuxième projet concerne la réhabilitation du réseau de Ouadhias-village, ainsi que celui de la conduite Ath Slimane-Ath El Kaïd dans la même daïra. L'autre projet d'envergure concerné dans le cadre du FNE dans la wilaya est celui de la conduite Sidi Naâmane-Imekhlef, ajoute le même responsable, qui a évoqué également le lancement des travaux pour la réhabilitation de certains forages défectueux et la réalisation de nouveaux autres, afin d'augmenter le volume en eau potable à distribuer au niveau de la wilaya. Toutefois, le manque d'entreprises spécialisées dans le secteur du forage dans la wilaya de Tizi Ouzou a quelque peu ralenti cette opération, déplore-t-il. Les fuites aggravent les pénuries La pression s'installe durablement en matière d'alimentation eau potable au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou. Le stress hydrique est là et va certainement aller crescendo. Le taux de remplissage du barrage Taksebt, qui dessert en eau potable la wilaya de Tizi Ouzou et une partie de celles de Boumerdes et d'Alger, était, selon le dernier taux communiqué au mois de juillet à moins de 50 %. Il n'arrête pas de baisser au fil des jours et la canicule de ces derniers jours n'est pas pour arranger les choses. En plus, donc, des quantités pompées quotidiennement, l'évaporation aggravée par les fortes chaleurs qui ont caractérisées le mois de juillet ont accéléré le processus. Du coup, le taux de remplissage ne cesse de baisser de semaine en semaine. Malgré les assurances faites par les responsables du secteur, les appréhensions sont bel et bien là et vont même crescendo. A la Nouvelle ville de Tizi Ouzou déjà, on signale que durant la nuit l'eau est coupée avant qu'elle ne soit rétablie à l'aube. Outre la faible pluviométrie qui fait que les quantités emmagasinées baissent d'année en année, un autre phénomène, qui n'est autre que l'éclatement des canalisations, caractérise quasiment l'ensemble des localités de la wilaya de Tizi Ouzou. Ce phénomène causé essentiellement par la vétusté des canalisations génère des pertes de quantités importantes d'eau, qui sont ainsi déversées dans la nature au moment où la saison estivale n'est qu'à sa moitié. C'est dire que les pertes sont énormes et le phénomène de la déperdition constitue le plus grand os qui marque la gestion du secteur de l'eau. Conséquemment à tout cela, les pénuries sont devenues un interminable feuilleton. Que ce soit à Maâtkas, Tizi Ghennif, Mekla, Fréha, Bouzeguene, Azeffoun, Illiltène, Tigzirt, Makouda, Boudjima, Ouaguenoun les pénuries sont légion. La vétusté des conduites d'alimentation que les services communaux n'arrivent toujours pas à refaire, en raison notamment du coût élevé de ces opérations, la mauvaise distribution de cette denrée par les services de l'ADE, est souvent mise à l'index. La réparation des réseaux détériorés et des pannes relevées dans les différentes stations constituent une urgence. Le problème de la pénurie récurrente de l'eau au niveau d'une grande partie de la wilaya de Tizi Ouzou, notamment les régions situées sur le versant sud, est aussi en partie lié au manque de réservoirs et de châteaux d'eau ainsi qu'à la vétusté du réseau de raccordement qu'à celui du manque de ressources hydriques. La wilaya de Tizi Ouzou est connue pour sa richesse en ressources hydriques, que ce soit en haute montagne ou dans la plaine, estimée à plus de 500 millions m3 , mais l'absence d'une stratégie dans la gestion de cet important réservoir en eau potable fait que des populations entières subissent encore à ce jour la pénurie de l'eau, notamment en période des grandes chaleurs.