A quelques jours de la tenue de la dixième édition de la fête du tapis d'Aït Hichem, dans la commune d'Aït Yahia, daïra d'Aïn-El-Hammam, prévue du 17 au 21 du mois en cours, les tisseuses de cette localité tirent la sonnette d'alarme quant aux contraintes auxquelles elles font face et qui portent atteinte à la pérennité de cette activité ancestrale qu'elles ont héritée de mère en fille. C'est dans ce sens que les tisseuses en question appellent les pouvoirs publics concernés à octroyer une prime ou ce qu'elles appellent un près-salaire pour encourager ces femmes qui accordent un intérêt particulier à la sauvegarde de ce tapis. Initiée par l'association des femmes tisseuses pour la sauvegarde et la promotion du tapis d'Ait Hichem, Azetta, en collaboration avec le comité du village, cette nouvelle édition semble être une occasion pour les tisseuses d'exposer les problèmes qui les pénalisent à pérenniser leur activité qui, pour la quasi-totalité d'entre elles, constitue leur gagne-pain. A ce propos, Ghenima Lakroud, l'une des tisseuses et membre de l'Association Azetta, a soulevé le problème de l'inexistence de laine pure dans la wilaya de Tizi Ouzou et ce, depuis de longues années. «Nous voulons la création d'une usine de fabrication de laine au niveau local, pour assurer notre approvisionnement en cette matière première au niveau local au lieu de nous déplacer dans les wilayas de Ghardaïa, Laghouat ou Skikda pour faire les approvisionnements». «C'est pour cela qu'il est temps, dira-t-elle, de créer une unité de fabrication et de transformation de laine au niveau de la localité», a-t-elle insisté. Ainsi, les tisseuses d'Aït Hichem veulent la promotion de leur tapis non seulement au niveau national, mais aussi qu'il soit exporté à l'étranger. Pour cela, elles recommandent la mise en place d'un centre d'estampillage dont l'objectif est d'assurer la labellisation de leur produit et bien sûr son exportation sur le marché international. Les mêmes tisseuses n'ont pas hésité à affirmer que le tissage est en voie de disparition. Une menace qui les a poussées à créer leur association au mois de février dernier dont l'objectif est de sauvegarder ce patrimoine ancestral. A cet effet, elles ont appelé le gouvernement à rémunérer les femmes tisseuses pour les encourager à sauvegarder ce tapis, tout en appelant les jeunes filles à s'impliquer dans ce métier et de rejoindre les centre de formation professionnelle pour avoir un savoir-faire dans la tapisserie et le transmettre aux futures générations. «Il faut qu'il y ait la relève dans ce métier car nous avons constaté un certain recul dans la confection de la tapisserie qui est confectionnée avec des dessins symétriques et tissée avec des calculs mathématiques», a regretté Fatiha Benaïssa. Cette dernière a indiqué que la promotion de ce tapis qui est une réelle richesse pourra contribuer favorablement au développement du tourisme de montagne, non sans insister sur la nécessité de maintenir le lieu de déroulement de cette fête du tapis au niveau du village Ait Hichem. «Nous n'accepterons jamais que cette fête soit décentralisée, mais nous combattrons pour qu'elle soit organisée au niveau de notre village», affirme-t-elle. Notons que lors de cette dixième édition, des stands d'exposition-vente et de démonstration de tapisserie seront installés au niveau de l'école primaire d'Aït Hichem. Des conférences-débats sur le tissage seront au rendez-vous tout au long de la tenue de cette 10e édition de la fête du tapis. Ainsi, cet évènement sera marqué par la participation de différents dispositifs d'aide à l'emploi de jeunes (Angem, Cnac, Ansej) pour expliquer aux tisseuses les modalités de contracter un crédit pour lancer une activité ou un atelier de tissage. un défilé de mode et deux galas sont programmés pour l'ouverture et la clôture de cette fête, a-t-on appris auprès des tisseuses.