La crise opposant la Corée du Nord et Washington suscite l'inquiétude dans nombre de pays dont la Russie. Un conflit militaire n'est pas à écarter. Moscou est en état d'alerte. Les propos tenus par le président américain à l'encontre de la Corée du Nord augurent d'un possible conflit armé opposant ces pays. Les répercussions sur la région seront désastreuses, avertit la Russie. Moscou a mis en état d'alerte son armée dans la région russe après l'aggravation de la situation après les récents essais de missiles par la Corée du Nord. «Les systèmes russes dans la région ont été améliorés et mis en état d'alerte», a noté hier le député russe Viktor Ozerov. «Ce qui se passe maintenant concernant la Corée du Nord nous inquiéte. C'est pourquoi nous jugeons nécessaire de prendre des mesures supplémentaires. Les forces aériennes et aérospatiales ont été renforcées dans la région», a-t-il noté. Selon le parlementaire russe, les systèmes de défense aérienne dans l'Extrême-Orient russe sont en état d'alerte. «Nous surveillons toutes les évolutions liées à la Corée du Nord. Les zones possibles de lancement (de missiles nord-coréens) sont sous une surveillance particulière», a-t-il noté. La situation dans la péninsule coréenne s'est aggravée ces derniers mois en raison d'une série de tirs de missiles et de tests nucléaires menés par Pyongyang et de l'intransigeance des Américains. L'armée nord-coréenne a noté mercredi qu'elle envisageait une attaque de missiles près de l'île américaine de Guam dans le Pacifique, après que le Président américain a menacé de soumettre Pyongyang «au feu et à la fureur». L'île de Guam accueille nombre de bases militaires américaines. La mise en alerte est démentie par un média russe. «Les unités des Forces armées russes cantonnées travaillent en mode normal. Nous n'avons pas reçu d'ordre de passer en état d'alerte renforcée», écrit le média citant un responsable. La Corée du Nord a noté mardi qu'elle pouvait tirer des missiles balistiques stratégiques à moyenne et longue portée Hwasong-12 contre les bases militaires américaines situées sur l'île de Guam, dans le Pacifique, si Washington poursuivait ses pressions contre Pyongyang. Le Président américain a promis mardi «le feu et la colère» à Pyongyang s'il menaçait de nouveau son pays. Il s'est aussi dit prêt à une riposte militaire aux actions «irréfléchies» nord-coréennes. Les menaces de Pyongyang ont inquiété les pays voisins de la Corée du Nord. Selon les médias japonais, Tokyo envisage de déployer des missiles intercepteurs supplémentaires dans les régions du pays que les missiles balistiques nord-coréens survoleront avant d'atteindre Guam. En promettant le «feu et la colère» à Pyongyang, le Président américain a commis, selon le géopolitologue Olivier Guillard, cité par le média Russia Today, «une énorme maladresse malvenue». Il semble normal aujourd'hui que les observateurs internationaux et les opinions publiques, bien au-delà des voisins de la Corée du Nord, se posent la question de savoir si nous sommes entrés dans une situation de crise particulière. Les connaisseurs de la péninsule coréenne pensent qu'il y a aujourd'hui encore beaucoup de marge entre la réalité de la menace verbale et la potentialité d'une crise avec des développements militaires. Néanmoins, nous sommes, d'après le géopolitologue, dans une configuration politique particulière. Nous avons au même moment à Pyongyang et à Washington deux leaders qui sont assez imprévisibles, provocateurs et avec des contraintes de politique intérieure assez fortes. Selon le chef de la diplomatie russe, Moscou espère que «le bon sens l'emportera» dans la crise nord-coréenne. Sergueï Lavrov a noté que la Russie s'inquiétait néanmoins d'un possible conflit. «La Corée du Nord affirme maintenant qu'elle dispose de tous les droits pour fabriquer l'arme nucléaire, et même qu'elle l'a déjà fait. Mais vous connaissez notre position : nous n'acceptons pas une Corée du Nord possédant l'arme nucléaire», a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, lors d'une prise de parole le 11 août dans le cadre d'un forum réunissant étudiants et jeunes spécialistes. Il a rappelé que Pyongyang avait signé le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires mais s'en était par la suite retiré. Sergueï Lavrov a en outre souligné les vives inquiétudes de la Russie en ce qui concerne les tensions entre la Corée du Nord et Washington. «Les déclarations américaines sur la nécessité d'effectuer une frappe préventive sur la Corée du Nord, les déclarations de Pyongyang sur les frappes sur l'île Guam où se trouve une base militaire américaine, sont incessantes, et cela nous inquiète sérieusement», a confié le ministre. Lavrov dénonce: Dans certains pays, les Américains dirigent l'opposition locale Un grand nombre de faits montrent que les ambassades américaines dans certains pays dirigent les actions de l'opposition locale, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Les agissements de certaines ambassades américaines à travers le monde ont été critiqués par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, lors d'un discours au forum Territoire des sens. Le ministre a signalé qu'un grand nombre de faits montraient qu'en Europe de l'Est et en Europe centrale, des ambassades américaines dirigeaient des actions locales, en particulier, celles de l'opposition. Selon le diplomate, des citoyens russes travaillent dans l'ambassade américaine à Moscou en tant que personnel sur place. «Conformément à la Convention de Vienne, si vous embauchez du personnel dans le pays où vous avez une ambassade, ce personnel ne peut être que technique: des conducteurs, des sténographes… Ils n'ont pas le droit de mener des activités diplomatiques, y compris sur des aspects politiques», a indiqué Sergueï Lavrov. Le ministre a souligné que la partie russe avait révélé des cas où les employés de l'ambassade américaine, embauchés sur place, se rendaient en province et réalisaient des sondages concernant l'attitude de la population à l'égard des autorités fédérales et locales. Selon Sergueï Lavrov, dans ce cas-là, la Russie demande poliment aux Américains de rompre leurs relations avec ces personnes.