Le «jeune» et nouveau président nord-coréen, Kim Jong-un, reste imprévisible et déroute analystes et politiques occidentaux Pyongyang a transporté un 2e missile de moyenne portée sur sa côte orientale et l'a hissé sur un lance-missiles mobile, alimentant les craintes d'un tir imminent qui aggraverait une situation déjà explosive. La Corée du Nord a par ailleurs proposé hier aux ambassades étrangères à Pyongyang d'envisager des évacuations, a-t-on indiqué de source russe. «Il a été confirmé que la Corée du Nord a transporté par train, en début de semaine, deux missiles Musudan de moyenne portée, vers la côte Est et les a installés sur des véhicules équipés d'un dispositif de lancement», a déclaré un haut responsable du gouvernement à Séoul cité hier par l'agence Yonhap. Un responsable de la Marine a indiqué que deux destroyers sud-coréens équipés de radars perfectionnés avaient été déployés, un au large de la côte Est et l'autre de la côte Ouest. «Si le Nord lance un missile, nous suivrons sa trajectoire», a déclaré le militaire. Le transport de missiles est le dernier geste en date de Pyongyang, qui multiplie les menaces apocalyptiques depuis quelques semaines, furieux du train de sanctions pris par l'ONU après un nouvel essai nucléaire début février et des actuelles manoeuvres américano-sud-coréennes. Par ailleurs, la Corée du Nord a proposé hier à Moscou d'«envisager» l'évacuation de son ambassade, a déclaré le porte-parole de l'ambassade de Russie à Pyongyang. «Un représentant du ministère nord-coréen des Affaires étrangères a proposé (...) à la partie russe d'examiner la question de l'évacuation des collaborateurs de l'ambassade russe», a déclaré Denis Samsonov, cité par les agences russes. Le diplomate a ajouté que la Russie avait reçu cette proposition «ainsi que les autres ambassades à Pyongyang compte tenu de l'aggravation de la situation sur la péninsule coréenne». Berlin a convoqué hier matin l'ambassadeur de Corée du Nord pour lui signifier «son inquiétude» face à l'aggravation de la crise. La Maison Blanche a fait savoir jeudi que les Etats-Unis prenaient «toutes les précautions nécessaires», tout en assurant ne pas être étonnée par le comportement de Pyongyang. «Il y a des éléments familiers» dans les déclarations du régime nord-coréen, a noté le porte-parole du président Barack Obama, Jay Carney. Le Pentagone va envoyer des intercepteurs de missiles pour protéger ses bases à Guam, île du Pacifique située à 3380 km de la Corée du Nord et où se trouvent 6000 soldats américains. Pyongyang la cite régulièrement parmi ses cibles potentielles. Le missile Musudan, dévoilé pour la première fois à l'occasion d'un défilé militaire en octobre 2010, aurait une portée théorique de 3000 kilomètres, soit la capacité d'atteindre la Corée du Sud ou le Japon. Sa portée pourrait atteindre les 4000 km en cas de charge légère, et il pourrait donc, théoriquement, frapper Guam. «Le Nord est apparemment prêt à tirer ces missiles sans avertissement», a déclaré le haut responsable sud-coréen. La presse sud-coréenne et japonaise rapportait jeudi que le Nord semblait avoir positionné sur ses côtes orientales toute une batterie de Musudan. Des sources militaires citées par Yonhap, disaient que le Nord pourrait tirer un missile le 15 avril, date-anniversaire de la naissance du fondateur du régime communiste nord-coréen, Kim Il-Sung, mort en 1994. En milieu de semaine, l'armée nord-coréenne avait prévenu qu'une guerre pourrait éclater «aujourd'hui ou demain». «Les Etats-Unis feraient mieux de réfléchir à la grave situation actuelle», ajoutait-elle, jugeant que les vols de bombardiers B-52 et B-2 américains au-dessus de la Corée du Sud, à l'occasion de manoeuvres communes américano-sud-coréennes, étaient à l'origine de l'aggravation de la crise. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a rappelé jeudi que «la menace nucléaire n'(était) pas un jeu» et a dit craindre que «toute erreur de jugement dans cette situation puisse provoquer une crise aux conséquences très graves». Quant au site industriel intercoréen de Kaesong, devenu un pion stratégique dans la guerre des mots que se livrent Pyongyang et Washington, il était fermé hier pour un jour férié habituel. Depuis mercredi, Pyonyang interdit l'accès de Kaesong aux Sud-Coréens qui s'y rendent chaque jour pour y travailler. Séoul est prêt à évacuer ses ressortissants «pour leur propre sécurité si la situation le requiert», a déclaré vendredi le ministre de l'Unification Ryoo Kihl-Jae, précisant que ce n'était pas le cas pour le moment.