Conséquence directe de la crise économique que traverse le pays depuis trois ans, le taux de chômage est reparti à la hausse pour atteindre 12,3% en avril 2017 contre 10,5% en septembre de l'année dernière, a indiqué le dernier bilan de l'Office national des statistiques (ONS). Premières victimes du rétrécissement des opportunités d'emploi, il y a, comme à l'accoutumée, les jeunes et les femmes. Car avec le lot de difficultés exprimées par les entreprises privées et publiques, notamment suite aux mesures prises par le gouvernement Tebboune et visant la sphère économique, plusieurs observateurs avaient mis en garde contre de telles initiatives et ce aussi bien au plan de la création de l'emploi que sur la croissance d'une manière générale. «Une entreprise harcelée est une entreprise qui n'emploie pas», disait un chef d'entreprise. Les premiers à avoir alerté sur les conséquences des mesures Tebboune étaient les concessionnaires automobiles. En interdisant brusquement l'importation des véhicules, plusieurs centaines de postes d'emploi étaient supprimés. Pour reprendre les chiffres de l'ONS, le nombre de la population active a atteint, avril dernier, un total de 12,277 millions de personnes contre 12,117 millions en septembre 2016, avec un solde positif de 160.000 personnes, soit une hausse de 1,3%. Pourtant, la réussite d'une politique économique se mesure par ses retombées au plan social et l'employabilité en est un critère très fiable. Pour expliquer ce phénomène, l'ONS a estimé que cette hausse est principalement due à l'augmentation du volume de la population à la recherche d'un emploi au cours de cette période. La population active est l'ensemble des personnes en âge de travailler et disponibles sur le marché du travail, qu'elles aient un emploi ou qu'elles soient au chômage. Sur cette population active, les femmes représentaient 20,6% avec un nombre de 2,524 millions en avril dernier, précise-t-on de même source. Quant à la population occupée (personnes ayant un emploi), elle était estimée à 10,769 millions de personnes en avril 2017 contre 10,845 millions de personnes en septembre 2016, enregistrant un solde négatif de 76.000 personnes par rapport à septembre 2016. La population en chômage a ainsi atteint 1,508 million de personnes, soit un taux de chômage de 12,3% au niveau national, en hausse de 1,8 point par rapport à septembre 2016. Selon l'ONS, des disparités sont observées sur les plans sexe, âge, niveau d'instruction et diplôme obtenu. 52% des chômeurs sans diplôme A ce propos, l'office indique que le taux de chômage des jeunes de 16-24 ans est de 29,7%. Il est relevé que l'évolution du taux de chômage selon le diplôme fait ressortir que l'augmentation enregistrée a touché les personnes sans qualification ainsi que les diplômés de la formation professionnelle. Ainsi, le taux de chômage auprès des personnes sans qualification est passé de 7,7% en septembre 2016 à 10,1% en avril 2017, alors que celui des diplômés de la formation professionnelle est passé de 13% à 14,8% entre les deux périodes de comparaison. Par contre, le taux de chômage des diplômés universitaires a légèrement reculé passant de 17,7% en septembre 2016 à 17,6% en avril 2017, en baisse de 0,1 point. Quant à la répartition des chômeurs selon le diplôme obtenu, il est constaté que 787.000 chômeurs n'ont aucun diplôme, soit plus de la moitié de l'ensemble de la population en chômage (52,2%). Les diplômés de la formation professionnelle constituent 24,1% des sans-emploi, tandis que les diplômés de l'enseignement supérieur représentent 23,7% des chômeurs. Il est observé, par ailleurs, que la baisse du volume de l'emploi entre septembre 2016 et avril 2017 a touché le secteur du BTP avec un solde négatif de 91.000 personnes, ainsi que le commerce, les services et l'administration publique (un solde négatif de 84.000). En revanche, un solde positif a été enregistré pour le secteur de l'agriculture (63.000) et l'industrie (36.000) comparativement à septembre 2016. L'ONS fait aussi savoir que 6 chômeurs sur 10 en moyenne sont des chômeurs de longue durée, c'est-à-dire que 62,2% cherchent un poste d'emploi depuis une année ou plus.