Dès son retour, hier, au pays, Abdelmadjid Tebboune a été démis de ses fonctions de Premier ministre par le président de la République. Il a été remplacé par Ahmed Ouyahia, comme l'a indiqué hier un communiqué de la présidence de la République. Cette décision intervient «en application de la Constitution qui stipule dans l'article 91 alinéa 5», que le président de la République, qui a la «prérogative de mettre fin aux fonctions de Premier ministre exercées par Abdelmadjid Tebboune», a nommé à sa place Ahmed Ouayhia, «après consultation de la majorité parlementaire». Une annonce qui a fait réagir la scène politique nationale. Alors que certains partis politiques saluent cette décision, d'autres nous ont affirmé ne pas la comprendre, tandis que d'autres encore estiment que c'était attendu vu les derniers développements des dernières semaines. Réactions : Said Lakhdari, président du groupe parlementaire du FLN : «Une décision conforme à la Constitution» «La nomination d'Ahmed Ouyahia à la place de Tebboune relève des prérogatives du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. La Constitution est claire. Le Président est le seul habilité à nommer ou à mettre fin aux fonctions du Premier ministre, en application de l'article 9 de la Constitution. Après consultation de la majorité parlementaire, Bouteflika a nommé Ahmed Ouayhia, qui est issu du RND, parti de la majorité avec le FLN». Seddik Chihab, porte-parole du RND : «Ouyahia est l'homme de la situation» «La nomination d'Ouyahia au poste de Premier ministre est à saluer vu que la politique de Tebboune a atteint très vite ses limites. Ouyahia connaît très bien ce poste, puisqu'il avait été nommé Premier ministre à plusieurs reprises. Avec toute son expérience, on peut dire qu'il est l'homme de la situation. Son avantage est qu'il est conscient des enjeux économiques, sociaux mais également régionaux et internationaux. Ahmed Ouyahia est un dirigeant fidèle au président de la République, à ses engagements et à la mise en œuvre de son programme de façon rigoureuse et intelligente». Yassine Aissaouene, chargé de communication du RCD : «L'anarchie au sommet de l'Etat» «Cette décision ne découle que d'une anarchie généralisée du système. Nous avons déjà vécu cela avec un ministre de 24 heures. On navigue à vue, sans avoir un cap à suivre. Le flou total. Nous étions la première formation politique à avoir dit que Tebboune ne pouvait rien faire pour appliquer son plan. Ahmed Ouyahia, re-nommé Premier ministre, ne surprend pas vu qu'il est connu par tous. Il est l'homme des sales besognes». Hassen Ferli, secrétaire chargé de la communication au FFS : «Sans surprise» «On n'est pas surpris par la décision du limogeage de Tebboune. Quand on connaît les débouchés de la politique menée par le gouvernement, rien ne nous surprend. C'est la preuve que notre système navigue à vue. C'est une première dans nos annales qu'un Premier ministre soit démis de ses fonctions trois mois après son installation. Le pouvoir n'a aucune vision futuriste sur les enjeux économiques et sécuritaires actuels, auxquels le pays doit faire face. L'application du plan du gouvernement qui entre dans le programme de Bouteflika a certainement posé problème. Nous allons droit dans le mur. Le système est empêtré dans ses contradictions et devient un facteur aggravant de la crise que vit le pays». Lakhdar Benkhelaf, député de l'Union Al Adala, Ennahda, El Bina : «Incompréhension totale» «Mais que se passe-t-il au sommet de l'Etat ? C'est une première qu'un Premier ministre nommé et qui a présenté le plan d'action du gouvernement adopté par le Parlement soit par la suite limogé, trois mois plus tard. On le remplace par un ex-Premier ministre. L'enjeu, c'est les présidentielles de 2019. On ne règle pas les problèmes de nos concitoyens par ce jeu de dames. Le climat est insoutenable et le système pense avoir ramené la personne idéale, celui qui s'est auto-qualifié homme des sales besognes». Ali Haddad, président du Forum des chefs d'entreprise : «Disponible pour travailler avec Ahmed Ouyahia» «Après la nomination par le président Abdelaziz Bouteflika d'Ahmed Ouyahia au poste de Premier ministre, Ali Haddad lui présente en son nom et au nom du FCE, ses chaleureuses félicitations», écrit l'organisation patronale dans un communiqué. Le FCE est disponible pour travailler avec Ahmed Ouyahia et l'ensemble des institutions de la République dans le cadre du dialogue et de la concertation pour construire une économie forte et compétitive.