La nomination de l'ancien président allemand, Horst Koehler, comme envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, semble faire l'unanimité. Les messages de félicitations de par le monde ont aussitôt suivi l'annonce de cette nomination, intervenue formellement mercredi dernier. Koehler remplace donc l'Américain Christopher Ross qui avait jeté l'éponge, en avril dernier, après des années de tensions entre l'ONU et le Maroc. Selon le communiqué rendu public par l'Organisation onusienne, le nouvel émissaire apportera plus de 35 ans d'expérience acquise au sein de son gouvernement et d'organisations internationales, notamment en tant que secrétaire d'Etat au sein du ministère fédéral allemand des Finances (1990-1993), président de l'Association de la Caisse des Dépôts (1993), président de la RFA (2004-2010), directeur général du Fonds monétaire international (FMI) à Washington (2000-2004), président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) à Londres (1998-2000). En somme, un long parcours sur lequel Antonio Guterres semble beaucoup miser. La première mission délicate à laquelle sera confronté l'Allemand est de parvenir à faire revenir à la table des négociations les parties prenantes à ce conflit sans issue depuis des décennies. Il est encore trop tôt de le dire mais la mission de Horst Koehler s'annonce difficile et pas de tout repos. L'impressionnant curriculum vitae du nouvel homme de confiance d'António Guterres sera sans doute utile pour booster le processus des négociations à l'arrêt mais pas suffisant pour convaincre le Maroc d'accepter une sortie de crise qui aura pour finalité l'autodétermination du Sahara occidental. «Nous sommes en présence de deux positions inconciliables. Le Maroc n'entrevoie aucune issue finale à ce conflit en dehors du seul cadre autonome des territoires sahraouis. Il continuera par conséquent d'exclure tout projet qui inclut l'autodétermination dans le processus du règlement de ce conflit. De son côté, le front Polisario n'est pas près de reculer sur sa position légitime, qui met le droit à l'autodétermination au cœur de son combat libérateur», estime le politologue Tewfik Hamel, également chercheur en histoire militaire. Pour lui, le statu quo perdurera ainsi tant que les rapports de forces n'évolueront pas. « Il ne s'agit pas de la seule volonté de l'ONU. Plusieurs facteurs détermineront l'issue finale de ce conflit vieux de plusieurs décennies. Les acteurs impliqués dans ce conflit sont nombreux. Chacun essaie de tirer à son avantage la situation. La France, pour ne pas la citer, mène régulièrement des campagnes de lobbying au sein même du Conseil de sécurité pour faire aligner d'autres pays sur la position marocaine qui demeure pourtant en dehors du droit international», affirme encore Hamel qui insiste sur l'évolutions des rapports de forces dans la régions. «C'est de là que viendra l'issue. Tout dépendra in fine de la nature future des relations algéro-marocaines mais également des relations algéro-françaises», assure encore le chercheur en histoire militaire. Tewfik Hamel croit savoir également que l'opinion publique dans la région pèsera aussi dans l'issue finale de ce conflit.