L'instruction du ministre intervient au moment où le personnel médical est désigné comme «bouc émissaire» dans tout scandale touchant au secteur. Devant la multiplication des actes d'agression contre le personnel médical à l'intérieur des établissements hospitaliers, le ministre de tutelle ne compte pas rester les bras croisés. Le département de Mokhtar Hasbellaoui vient d'instruire ses directeurs de wilaya de ne plus laisser impunies les atteintes physiques et verbales dont sont victimes les médecins, les infirmiers et autres travailleurs des structures sanitaires publiques. Le dépôt de plainte est désormais obligatoire. «Toute agression d'un professionnel de santé dans l'exercice de ses fonctions doit être suivie d'une plainte auprès des services de police à l'encontre du ou des agresseurs», écrit la Direction générale des services de santé et de la réforme hospitalière du ministère, dans une instruction, datant de mardi et adressée aux directeurs de wilaya et en communication aux directeurs des établissements de santé. Des rapports parvenus au département du professeur Hasbellaoui, est-il précisé dans le document, signalent «des agressions physiques et des destructions de biens publics de la part notamment d'accompagnateurs de malades». L'instruction du ministre intervient au moment où le personnel médical est désigné comme «bouc émissaire» dans tout scandale touchant au secteur. Après le décès d'une parturiente et de son bébé à Djelfa, suivi de l'interpellation de trois sages-femmes, un surveillant médical, un directeur de garde et une gynécologue, tous les projecteurs ont été braqués sur la «négligence» des professionnels de la santé, traités, notamment sur les réseaux sociaux, de tous les noms. Cependant, à aucun moment l'on a cherché à comprendre dans quelles conditions ils travaillent et à quels types de dangers ils sont exposés. Des professeurs, des syndicats du secteur ont adressé des lettres ouvertes à Mokhtar Hasbellaoui, allant jusqu'à s'indigner du fait que son département se soit constitué partie civile dans l'affaire de Djelfa. C'est dire que l'instruction du ministre apparaît comme une tentative de se rattraper vis-à-vis des praticiens du secteur désignés à la vindicte. Dans son courrier, le Pr Hasbellaoui a demandé à ses subordonnés à travers le territoire national de lui «transmettre impérativement le nombre et la nature des agressions physiques par établissement dont ont été victimes les professionnels de santé dans le cadre de l'exercice de leurs fonctions et ce pour la période du 1er janvier au 15 août 2017». À cela s'ajoute la volonté du ministre de remédier à ce phénomène en renforçant les mesures de sécurité dans toutes les structures de santé. Raison pour laquelle il a demandé aux directeurs de préciser dans leurs rapports «si leurs établissements sont dotés de poste de police assuré par un ou des agents de la sûreté nationale», pour, a-t-on ajouté de même source, «agir auprès des instances concernées». À l'occasion, Mokhtar Hasbellaoui a rappelé au personnel concerné, son attachement à l'application des dernières instructions relatives à l'amélioration des conditions de travail, de l'accueil, de la prise en charge des malades et de l'hygiène des lieux. Pour ces mesures «des efforts doivent être consentis davantage», a insisté le ministre. Reste à savoir si les nouvelles orientations de la tutelle concernant les conditions de sécurité contribueront à mettre fin, tout au moins à diminuer la violence devenue souvent la règle entre le malade et ses accompagnateurs, d'une part, et le personnel médical, de l'autre. Rencontres ministère- partenaires sociaux: Les deux parties s'engagent à «œuvrer ensemble» Le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière et ses partenaires sociaux se sont engagés à «œuvrer ensemble», dans le cadre du dialogue, pour la résolution «rapide» des problèmes auxquels est confronté le secteur, a indiqué, mardi, un communiqué du ministère. Les parties ont convenu de «ne ménager aucun effort pour la résolution rapide des problèmes dans le cadre d'un dialogue sérieux, permanent et responsable», indique le ministère à l'issue des réunions qu'a tenues le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Mokhtar Hasbellaoui, successivement avec les représentants du syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires (SNECHU), le syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (SNAPAP), le syndicat national des médecins libéraux et le conseil national de déontologie médicale. Entrant dans le cadre du cycle de concertation, ces audiences «ont permis d'aborder différentes questions de l'heure et ont été l'occasion de mettre en relief les convergences de vues concernant les conditions d'exercice de la garde, ainsi que les mesures à prendre pour ce qui concerne la sécurité du personnel de la santé et de l'amélioration des conditions de travail», note la même source. M. Hasbellaoui a affirmé, à cette occasion, que «les avancées enregistrées seront consolidées et les acquis préservés», précisant que «le dialogue avec les partenaires sociaux est une option stratégique du Gouvernement dans le cadre de la mise en œuvre du programme du président de la République», ajoute le communiqué.