Depuis quelques jours, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière est réclamé à travers plusieurs établissements de santé du pays. Des rassemblements et des sit-in sont organisés à Djelfa, Alger, Blida, Tipaza, Constantine, Oran, Biskra et à In Salah, en solidarité avec leurs collègues arrêtés, mais aussi pour s'élever contre la campagne qui désigne le médecin, l'infirmier ou tout autre paramédical comme «bouc émissaire» lorsqu'un incident grave est survenu. Durant ces actions qui se poursuivent dans certaines wilayas, les protestataires dénoncent les mauvaises conditions de travail, dont le manque de moyens, de personnel médical, l'absence d'une formation continue et la surcharge en terme d'accueil des malades. Mais pas que; ils veulent rencontrer le premier responsable du secteur. Mokhtar Hasbellaoui qui a ouvert le dialogue avec les syndicats de la santé, en recevant leurs représentants dans son bureau, n'aurait-il pas mieux fait d'aller visiter ces établissements hospitaliers pour s'enquérir de lui-même des problèmes posés sur la table? Le soulèvement et l'appel du corps médical prouvent qu'il y a nécessité d'un contact direct, pas à travers les organisations représentatives. Il est vrai, le moment n'est pas vraiment propice pour une sortie en public de Mokhtar Hasbellaoui qui se trouve sous les feux de la rampe, à cause du tollé médiatique suscité par le décès d'une parturiente et de son bébé à Djelfa, puisque les questions des journalistes ne manqueront pas. Mais, ce n'est pas une raison de s'enfermer au siège du ministère. Si le devoir de réserve lui interdit tout commentaire dans l'affaire traitée actuellement par la justice, rien n'empêche Hasbellaoui de descendre sur le terrain pour écouter les professionnels de son secteur qui crient les mauvaises conditions de travail. C'est une position du moins incompréhensible pour un ministre issu du milieu médical. Quelqu'un qu'on a présenté comme capable d'opérer les changements qu'il faut pour améliorer la santé en Algérie. Plus de trois semaines après le drame de Djelfa, le ministre n'a fait aucune déclaration, ni sortie. Nos tentatives de joindre le service de communication de son département pour savoir s'il se trouve en congé, ont échoué. Lyès Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (Snpsp), ne comprend pas cette attitude. «C'est étonnant !», a-t-il commenté. Et ce que le Dr Merabet trouve encore «déplorable» c'est le fait que le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, se soit constitué partie civile dans l'affaire. Le syndicat des praticiens a engagé d'ailleurs des avocats pour défendre les membres du personnel médical arrêtés. Quoi qu'il en soit, face à la colère du corps médical, force est d'admettre que le ministre de la Santé est aux abonnés absent. Une erreur, tout simplement, car la situation exige de lui une présence permanente, quitte à ce qu'il sacrifie son congé s'il en a bénéficié, comme l'a fait le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, pour aller au chevet des victimes des feux de forêt un peu partout.