L'écrivain et journaliste Kamel Daoud était l'invité mercredi du café littéraire de Béjaïa où il a animé une conférence-débat autour de son dernier livre Zabor ou les Psaumes, paru la semaine dernière aux éditions Barzakh. La grande salle du Théâtre régional Malek-Bouguermouh semblait trop exigüe devant la masse de lecteurs venus de tous les recoins de la Soummam pour écouter le célèbre chroniqueur disserter sur tant de questions dominées par la sacralité comme la mort, ou frappées du tabou religieux à l'image de la sexualité. «Ce roman (Zabor, ndlr) est né avant tout de mes propres certitudes et convictions», soutient l'auteur de Meursaullt, contre-enquête, en précisant qu'il écrit ce qu'il pense en toute liberté. Kamel Daoud soutient par ailleurs que face à la mort l'écriture est la seule réponse possible. «En écrivant, j'essaie de participer à l'humain», répond-il à une question du public. «La mort n'apporte rien. C'est un fonds de commerce florissant dans une société dominée par le conservatisme», dénonce-t-il. «La sacralité c'est l'homme et ce qu'il laisse sur terre, pas les versets d'un seul livre. La société est piégée par ses propres contradictions où bigoterie et nationalisme plombent le débat sur l'histoire du pays, la religion et la sexualité», regrette-t-il. La société s'est trouvée de ce fait installée dans une situation proche de la schizophrénie. La solution selon Kamel Daoud c'est la lecture. «Il faut lire tout ce qui pourrait aider à connaître le monde», préconise-t-il pour sortir de cet état profondément pathogène. C'est par ailleurs dans ce contexte d'encouragement de la lecture que s'inscrit cette conférence de Kamel Daoud qui a tenu, parallèlement à cette rencontre, à marquer par sa présence à Aokas afin de manifester sa pleine solidarité aux animateurs de l'association Azday adelsan, dont les rencontres littéraires ont été violemment réprimées récemment par les autorités après une série d'interdictions administratives.