Le défi du nouveau gouvernement réside dans l'efficacité de l'économie et la préservation de l'indépendance économique de l'Algérie, sans pour autant «abandonner sa politique des subventions et de soutien social». En dépit du contexte financier jugé «sensible», le Premier ministre Ahmed Ouyahia a tenu à rassurer, jeudi, les opérateurs économiques ainsi que la classe ouvrière. Lors de l'ouverture de la rencontre entre le gouvernement, l'UGTA et le patronat, Ouyahia a rappelé que la situation financière du pays est loin d'être au beau fixe. «Nous avons informé nos partenaires sur les difficultés financières que traverse le pays et nous leur avons présenté la démarche du Gouvernement, dictée par les orientations du Président de la République, pour faire face à ces défis», a-t-il précisé. Une situation certes difficile, mais les pouvoirs publics ont décidé de pérenniser la «politique sociale» et la «solidarité nationale» dans le pays. À l'intention de la classe ouvrière Ouyahia assurera que «le gouvernement veillera toujours sur la protection des droits des travailleurs tant au sein des institutions publiques que privées». «L'Algérie est depuis 30 ans dans l'économie de marché avec une dimension sociale», a assuré le Premier ministre, avant d'ajouter : «L'Algérie a une politique sociale constante fondée sur la justice sociale et la solidarité nationale qui (…) sera maintenue par le gouvernement». Ouyahia a, par la suite, tenu des propos rassurants à l'intention des chefs d'entreprise et des opérateurs économiques nationaux. Saluant l'ensemble des entreprises du pays, qu'elles soient publiques, privées ou mixtes, issues de partenariats, le Premier ministre a tenu à assurer que toutes les entreprises établies en Algérie sont «les leviers du développement du pays». «Toutes ces entreprises feront donc l'objet de notre considération, sans discrimination», a-t-il assuré. Appliquer la loi dans la sérénité Cette rencontre, perçue comme une démarche d'apaisement des tensions survenues ces derniers mois, au regard du bras de fer qui a opposé l'ancien Premier ministre Abdel-madjid Tebboune aux opérateurs économiques nationaux et au SG de l'Ugta, Ouyahia semble trancher avec les décisions de son prédécesseur. En assurant que la tâche du Gouvernement consiste à appliquer les lois, y compris dans le secteur économique, mais dans la «sérénité», Ouyahia critique indirectement les méthodes de Tebboune. «L'Algérie est un Etat de droit qui s'est doté de tous les instruments juridiques pour combattre toute atteinte à la loi (…). Cependant, cette tâche consiste à œuvrer à l'application des lois, (…) dans la sérénité et la quiétude et non en semant le trouble et la confusion», a-t-il souligné. Le message d'Ouyahia rejoint l'instruction de Bouteflika adressée au gouvernement, avant le changement à la tête du Premier ministère. Le chef de l'Etat avait, rappelons-le, appelé au «respect des textes de loi» et à cesser «la publicité» faite autour des dernières mesures prises par le gouvernement. Améliorer le climat des affaires Dans l'intention de cultiver des relations sereines avec les entreprises, dans le cadre de la loi, le gouvernement «ne ménagera aucun effort pour améliorer le cadre de l'investissement», a souligné Ahmed Ouyahia. Il a exprimé le respect et la solidarité du gouvernement à l'endroit de tous les travailleurs ainsi qu'envers toutes les entreprises publiques, privées ou mixtes. Il a également informé les participants «des tensions financières auxquelles fait face le pays, ainsi que de la feuille de route qui lui a été tracée par le président de la République, notamment pour mobiliser des financements inter-nes non conventionnels, maintenir le soutien à la croissance dans tous les secteurs, ainsi que la préservation et la rationalisation de la politique publique de justice sociale et de solidarité nationale». Ouyahia devrait d'abord présenter son plan d'action au Parlement qui reprendra ses travaux vers le 4 septembre. Un plan où seront consignées les nouvelles instructions du président de la République que celui-ci aura à valider au cours d'un Conseil des ministres.