Ahmed Ouyahia n'en finit pas d'enterrer l'héritage d'Abdelmadjid Tebboune. Le Premier ministre qui, dès la première semaine de sa prise de fonction, n'a pas hésité à critiquer indirectement son prédécesseur, vient de passer à la vitesse supérieure. Deux décrets signés lors du «bref passage» de Tebboune à la tête de l'Exécutif ont été abrogés. Le décret portant institution d'une Inspection générale auprès du Premier ministre et un autre régissant les licences d'importation. Ahmed Ouyahia a, en effet, signé, en date du 22 août dernier, deux textes similaires annulant toutes les dispositions prises dans ce cadre. Sur le registre des importations où l'ex-Premier ministre, a, en l'espace de quelques jours seulement, créé par ses décisions une grande anarchie et une situation de blocage dans les ports, le décret exécutif signé par Ouyahia et publié hier dans le Journal officiel, précise que «sont annulées les dispositions du décret exécutif n°17-202 du 27 Ramadhan 1438 correspondant au 22 juin 2017 modifiant et complétant le décret exécutif n°15-306 du 24 Safar 1437 correspondant au 6 décembre 2015 fixant les conditions et les modalités d'application des régimes de licence d'importation ou d'exportation de produits et marchandises». Mais le Premier ministère a précisé, suite à une confusion relevée dans le traitement de l'information par certains médias sur le web, que «le décret exécutif du 6 décembre 2015 instaurant le régime des licences de biens et de marchandises demeure en vigueur». Autre détail, expliquaient hier les services du Premier ministre dans un communiqué : «Le décret exécutif abrogé, et datant du 22 juin 2017, avait soumis la décision finale d'attribution d'une licence d'importation à l'accord du Premier ministre». Désormais, et avec l'abrogation de cette procédure, Ouyahia aura laissé à l'administration du Commerce «le soin de régir les licences d'importation qui demeurent toujours en vigueur». Il faut dire qu'il s'agit d'une démarche tout à fait logique, surtout que le nouveau locataire du palais du Docteur Saâdane a exprimé sa vision qui diverge avec celle de son prédécesseur. Mais pas que lui. Le limogeage de Tebboune, rappelle-t-on, est intervenu au lendemain de mises au point adressées par le chef de l'Etat au gouvernement. Le 8 août, Abdelaziz Bouteflika avait, entre autres, ordonné à l'Exécutif de «mettre fin à l'anarchie née des dernières initiatives». Il était donc clair que toute cette batterie de mesures ayant brusquement mis fin à l'importation de plusieurs dizaines de produits, allait disparaître avec l'arrivée d'Ouyahia. En tout état de cause, la situation a déjà été débloquée au niveau des ports, avant même la signature du décret du Premier ministre. Le deuxième décret qu'a signé le chef de l'Exécutif, tourne, comme le premier, autour d'un seul article, précisant que «sont abrogées les dispositions du décret exécutif n°17-205 du 4 Chaoual 1438 correspondant au 28 juin 2017 portant création d'une inspection générale auprès du Premier ministre et fixant ses missions et son organisation». L'Inspection, instituée par decret exécutif sous Abdelmadjid Tebboune, était chargée, entre autres, de «l'application de la législation et de la réglementation régissant le fonctionnement des services de l'Etat, des collectivités territoriales, des entreprises, organismes et structures en relevant, ainsi que des organismes privés bénéficiant du concours financier de l'Etat». Comme elle avait pour mission de contrôler «la qualité de la gestion des services suscités et de leurs prestation». Pour Ahmed Ouyahia, semble-t-il, ces missions n'ont pas à être confiées à un nouvel organisme, d'autant qu'il existe des lois en la matière. Le Premier ministre l'a d'ailleurs, indirectement fait savoir, jeudi dernier, à l'occasion d'une rencontre avec les partenaires socioéconomiques, pour préparer la tripartite. «L'Algérie est un Etat de droit qui a tous les moyens juridiques et réglementaires pour faire appliquer la loi sur tout le monde. Dans le domaine économique, nous devons faire respecter la loi mais dans un climat d'apaisement et de tranquillité, non pas en semant la confusion», a-t-il déclaré devant ses invités. .