Ahmed Ouyahia préfère aller à l'offensive plutôt que d'être contraint à une attitude défensive. Hier, en présentant le plan d'action de son gouvernement, il s'est attaqué aux experts financiers qui ont critiqué le recours aux financements non conventionnels et aux acteurs politiques qui ne souscrivent pas à la politique du gouvernement, les qualifiant de «ceux qui guettent l'avènement du chaos». Aux experts financiers, le Premier ministre a répliqué que si leur rôle était de critiquer, «le rôle du gouvernement et de l'Etat est de garantir la mensualité des travailleurs». En effet, bien qu'il ait dressé un tableau noir de la situation financière du pays en tirant la sonnette d'alarme, M. Ouyahia ne s'est jamais montré pessimiste. Bien au contraire. Et aux acteurs politiques désignés comme étant les «partisans de l'instabilité chronique» et «ceux qui guettent l'avènement du chaos», l'orateur a estimé que la meilleure réponse était l'unité du peuple «autour de son président». Dans un silence religieux, imposé par la rigueur de son discours et l'attention des députés qui le suivaient avec intérêt, Ouyahia a dénoncé «les perturbations sans raison des marchands de la politique» dans un contexte de crise économique. Dans son long discours, le Premier ministre a donc naturellement insisté sur la préservation de la stabilité et de la sécurité nationales. «Chacun de nous conviendra qu'il n'y a ni développement ni bien être lorsque la sécurité est absente, lorsque la stabilité d'un pays est remise en cause, ou lorsque l'unité d'une nation est atteinte. Notre histoire récente nous a douloureusement appris cela et l'actualité à travers le monde nous en donne aussi de nombreuses preuves», a-t-il argué, affirmant que le gouvernement ne ménagera aucun effort pour préserver la sécurité et la paix civile. Dans ce contexte, l'intervenant a indiqué que la société sera mise à l'abri de toute tentative de raviver la fitna, et le peuple sera protégé de l'infiltration des sectes étrangères, en allusion à El Ahmaddya et autre Karkaria. «Nos forces de sécurité, à leur tête l'Armée Nationale Populaire, bénéficieront de tout l'appui nécessaire pour poursuivre la lutte contre le terrorisme, pour combattre la criminalité transfrontalière, et pour préserver l'intégrité du territoire national», a lancé M. Ouyahia, appelant les citoyens à la vigilance afin de déjouer toute tentative d'attentat terroriste suicidaire, notamment en milieu urbain, citant le dernier attentat à Tiaret. Disponibilité au dialogue Mais dans cette conjoncture de crise économique et financière induite par la chute durable des prix des hydrocarbures, le gouvernement cherche le maximum d'adhésion à sa démarche. Devant les députés, donc ceux des partis de l'opposition comme le RCD, le PT et le FFS, qui ont un tant soit peu modéré leur discours ces derniers temps, perdant un peu de sa virulence, Ahmed Ouyahia a exprimé la disponibilité de son gouvernement à dialoguer avec tous les partis agréés. «Le gouvernement sera toujours disponible pour le dialogue avec tous les partis politiques qui en exprimeront la demande, chaque fois que l'objet en sera l'intérêt de la collectivité nationale», a-t-il déclaré, et ce, avant de préciser que l'Exécutif entretiendra une relation «soutenue» avec les partis de la majorité présidentielle qui constituent sa propre majorité au niveau du Parlement. «L'enracinement de la démocratie pluraliste sera poursuivi et contribuera à la stabilité du pays. A cette fin (…) le gouvernement ne ménagera aucun effort pour promouvoir le rôle des partis dans leur diversité, pour consolider la liberté de la presse et le droit à l'information, et pour dynamiser la contribution du mouvement associatif et de la société civile», a-t-il souligné. Le premier ministre n'a pas manqué de réitérer les engagements énoncés dans le plan d'action du gouvernement pour le développement de la presse ainsi que pour la consolidation de la liberté d'expression. Au titre de ce plan, le gouvernement s'est engagé à poursuivre la promotion et l'amélioration de la régulation de l'espace médiatique national dans toutes ses composantes ainsi que la satisfaction du droit des citoyens à l'information. Il veillera, affirme-t-il, au développement des médias nationaux dans leurs diverses composantes, dans le respect de l'éthique et de la déontologie professionnelle. Selon le document, l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (ARAV) sera dotée des moyens nécessaires au plein accomplissement de ses missions définies par la loi. L'Autorité de régulation de la presse écrite (AREP) sera, quant à elle, mise sur pied sans délai, et dotée aussi de moyens pour accomplir sa tâche efficacement. Au titre de l'aide à la presse, le gouvernement a annoncé la réactivation du Fonds de soutien à la presse écrite, «dans la transparence et dans le cadre d'un cahier des charges de service public».