La rentrée sociale 2017 s'est déroulée dans le calme. L'été, fort en rebondissements politico-médiatiques, laissait pourtant croire à un début d'automne bouillonnant sur le front social. Il a, semble-t-il, manqué de flair. Les démonstrations de force dans la rue n'ont pas eu lieu. Les mots d'ordre n'ont pas été sortis. Et les grands débrayages ainsi que les habituels bras de fer entre le gouvernement et les différents secteurs du monde du travail n'ont pas été au rendez-vous. Signe d'une stabilité ? Pas si sûr. Tout porte à croire qu'il ne s'agit finalement que d'une trêve. Les ingrédients d'un choc social sont bien là. Ils sont évidents pour le commun des Algériens. La crise économique rampante, avec toutes les mesures d'austérité qu'elle charrie, est menaçante. Si le mois de septembre a été donc calme, rien ne dit que les prochains mois ne seront pas mouvementés. Les syndicats autonomes sont déjà sur le qui-vive. Réunis, samedi, au siège de l'Unpef, pas moins de dix organisations syndicales ont décidé de reprendre la protestation. La nature des actions à entreprendre n'a pas encore été retenue, mais l'intersyndicale semble résolue à renouer avec la mobilisation. Le 28 octobre prochain, les syndicats autonomes décideront des actions et de leurs dates. «Notre décision d'attendre la fin du mois d'octobre est motivée par plusieurs raisons. D'abord, il fallait éviter à tout prix à nos élèves une rentrée des classes perturbée. Il y a ensuite la nécessité de laisser le temps aux syndicats composant l'intersyndicale de consulter leurs bases. Nous faisons de la consultation de notre base un credo. Toute décision doit impérativement émaner de cette dernière. Enfin, il y a notre souci de laisser au gouvernement le temps pour donner une chance au dialogue si tant est que ce dernier s'inscrit dans cette perspective», explique Meziane Meriane, porte-parole du Snapest. Devant une situation des plus incertaines, les représentants de l'intersyndicale promettent de ne pas se taire face aux mesures contenues dans le dernier plan d'action du gouvernement, présenté par le premier ministre, Ahmed Ouyahia, devant les députés, et adopté le 21 septembre dernier. «Le front syndical se positionne de prime abord contre le plan d'action du gouvernement Ouyahia», affirme Idir Achour, porte-parole du CLA. «Nous maintenons notre plateforme de revendications qui a trait aux dossiers principaux sur lesquels nous nous battons, en l'occurrence la question de la retraite, celle relative au code du travail et enfin celle ayant trait au pouvoir d'achat», explique encore ce syndicaliste qui dit, par ailleurs, ne pas comprendre l'exclusion systématique des syndicats autonomes de toutes les rencontres officielles. Mais face à cette exclusion, les organisations autonomes répondent en s'organisant autour d'une confédération (CSA) dont le dossier d'agrément, soutient Idir Achour, sera finalisé et déposé prochainement au niveau du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale. Lors d'un point de presse organisé le week-end dernier, Lyes Merabet, président du Syndicat des praticiens de santé publique, avait déjà lancé, à ce sujet, que «le gouvernement doit désormais comprendre et admettre qu'il y aura un représentant de tous les syndicats autonomes».