Le fichier national du migrant devrait certes constituer une avancée mais beaucoup reste encore à faire. Les autorités, estiment certaines voies, devraient envisager «la régularisation» de tous ceux qui, (qualifiés), expriment le souhait de travailler en Algérie. L'épineux et sensible dossier des migrants présents en Algérie semble en voie de résolution. Selon le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Nourdinne Bédoui, une commission nationale est en ce moment même à pied d'œuvre pour «la mise en place des mécanismes juridiques, dont le fichier national des migrants qui sera élaboré dans les semaines à venir». M. Bédoui qui intervenait, hier, en marge de l'ouverture de l'année académique, à l'Ecole nationale d'administration, a assuré que l'opération du recensement des migrants clandestins, présents sur le territoire national, «se poursuit en collaboration avec les services de sécurité et les servies administratifs compétents». Cette opération permettra, d'après les propos de Bédoui, de «préserver la sécurité et stabilité du pays, ainsi que la quiétude du citoyen». Beaucoup d'encre a coulé en Algérie sur la situation des migrants. Les associations de la société civile montent régulièrement au créneau pour dénoncer le traitement «déplorable» voire «inhumain», réservé par l'Etat algérien aux migrants arrivés en masse dans notre pays ces derniers mois. Les déclarations d'officiels algériens qui sont revenus sur ce sujet ont, rappelle-t-on, indigné plus d'un et suscité colère et incompréhension chez plusieurs partis politiques et militants des droits de l'Homme. En juillet dernier, Ahmed Ouyahia, alors chef de cabinet de la présidence, avait soulevé un véritable tollé lorsqu'il a déclaré que les migrants «sont une source de criminalité, de drogue et de plusieurs autres fléaux», estimant par conséquent nécessaire de «protéger le peuple algérien de cette anarchie». Fin septembre, une autre polémique a éclaté faisant réagir les réseaux sociaux et les associations de protection des droits de l'Homme. Le scandale est venu, cette fois-ci, d'une directive diffusée par les autorités de la wilaya de Mostaganem. Dans ce document, émanant de la direction des transports, les chauffeurs de bus et de taxis ont été tout simplement informés qu'il leur est désormais interdit de transporter des «migrants illégaux». Et ceux qui contreviendraient à cette règle verraient «leurs permis de transports retirés». Cette énième polémique a immédiatement fait réagir des centaines d'internautes qui ont dénoncé un texte «raciste». Après quoi, le document en question finira par être retiré. Dénouement ? Les déclarations, hier, du ministre de l'Intérieur permettent ceci étant dit d'espérer que le gouvernement soit fin prêt pour prendre le taureau par les cornes et trouver une solution définitive à ce problème d'une extrême sensibilité. Le fichier national dont a parlé Nourredine Bédoui devrait certes constituer une avancée certaine mais beaucoup reste encore à faire. Bédoui n'a pas dit si le gouvernement algérien ira jusqu'à établir un cadre légal et juridique qui définit par exemple l'insertion des migrants dans le monde du travail. La question sur ce point précis reste donc posée. D'autant plus que des centaines de subsahariens servent aujourd'hui de mains-d'œuvre précieuse et «bon marché» pour des dizaines d'entrepreneurs privés, souvent versés dans le bâtiment et les travaux publics. Mais en l'absence de ce cadre légal, beaucoup évoque et dénonce une «exploitation sans scrupules» de cette main-d'œuvre qui demeure extrêmement fragile et ne disposant d'aucune protection. Les autorités, estiment certains experts, devraient envisager «la régularisation» de tous ceux qui, (qualifiés), expriment le souhait de rester en Algérie pour y travailler. Cela passerait, forcément, par la révision des textes réglementaires concernant le séjour, la circulation et l'emploi des étrangers. L'Etat algérien ira-t-il jusque-là ? Code communal et de wilaya: Une nouvelle loi sera soumise au gouvernement début 2018 «Les préparatifs des prochaines élections locales vont bon train à travers l'ensemble du territoire national», a déclaré M. Bedoui à la presse en marge de l'ouverture de l'année académique à l'Ecole nationale d'administration, ajoutant que «tous les moyens humains et matériels sont réunis» pour que ce rendez-vous électoral «soit à la hauteur des aspirations des citoyens, des instructions du président de la République et des valeurs constitutionnelles». Selon Bédoui, la phase actuelle de ces préparatifs est celle du dépôt des recours par tout candidat dont la candidature aura été rejetée, a-t-il dit, précisant que les concernés ont trois jours pour présenter leurs recours à la justice. Concernant le fichier électoral national, le ministre a souligné que ses services «continueront à remédier aux lacunes relevées et à la double inscription des électeurs en mobilisant tous les moyens humains nécessaires et en utilisant les nouvelles technologies de communication», ajoutant que «le fichier électoral est assaini à 95% et l'opération devrait se clôturer fin octobre». M. Bedoui a fait savoir que le vote électronique, en vigueur dans les pays développés, fera son entrée en Algérie en 2022 grâce aux caractéristiques de la carte nationale d'identité biométrique. Interrogé sur les mécanismes de lutte contre la transhumance politique, le ministre a précisé que la Loi organique portant régime électoral «a interdit» ce phénomène et qu'en coordination avec la Haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE), «cette question sera abordée» dans le Code communal et de wilaya qui « sera sous forme de loi organique unifiée intitulée Loi relative aux collectivités locales». Cette loi qui sera soumise au gouvernement début 2018, « mettra en œuvre les nouveaux principes constitutionnels et consacrera la décentralisation et le rôle économique des collectivités locales et de l'élu local», a-t-il soutenu.