Lorsqu'il avait eu l'idée de lancer la première académie du football en Algérie, le président du Paradou AC, Kheireddine Zetchi, pensait bien pouvoir un jour bénéficier de retombées de cette politique de formation dans laquelle il engageait son argent, son savoir-faire et son énergie. Un peu plus tard, alors que les gamins de l'académie venaient d'entamer leur travail depuis quelques semaines, il nous avait fait part d'un énorme problème qu'il avait à résoudre. «Normalement, lorsque j'engage un joueur je lui fais signer un contrat, nous avait-il affirmé. Là j'ai affaire à des enfants sous tutelle de leurs parents avec lesquels je ne peux signer aucun contrat. Tant qu'ils sont gosses cela ira, mais je crains qu'une fois l'âge adulte atteint, ils ne cèdent aux chants des sirènes d'autres clubs qui leur feront miroiter énormément de dinars.» Le 25 juin, à l'issue de la finale du tournoi international de benjamins que son équipe venait de perdre face aux Espagnols de Villareal, le même Zetchi nous a tenu le même langage : «Rien n'a changé. Nous sommes toujours confrontés à ce problème de contrat que nous ne pouvons pas faire signer à des enfants mineurs. Pour l'instant, les gamins sont heureux d'être avec nous. Allez savoir comment réagiront leurs parents si des présidents de clubs venaient à leur mettre des liasses de billets de banque sous le nez. Je suis allé voir le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, pour lui exposer ce problème. Lui aussi est confronté à un cas de ce genre puisque la FAF a sa propre académie de football. Il m'a fait savoir qu'il était disposé à tout faire pour trouver une solution. Il faut absolument protéger les clubs qui investissent dans la formation, sans quoi c'est leur mort certaine que l'on va signer.» La Fifa a déjà placé des garde-fous La protection de ce genre de clubs pourrait être l'un des grands débats qui vont s'ouvrir dans le football algérien. La Fifa a, de son côté, placé des garde-fous en imposant un certain nombre de règles. C'est ainsi que depuis cette saison, tout transfert international d'un joueur mineur est interdit. Cela limite, surtout, le pillage des clubs africains qui d'année en année voyaient partir leurs meilleurs jeunes talents vers l'étranger. Pour les transferts à l'intérieur des frontières d'un même pays, la fédération internationale a prévu un barème de compensations pour les clubs formateurs en cas de départ de joueurs de leurs propres écoles. Pour ce qui est de l'Algérie, cela reste très insuffisant. Il existe, en outre, l'article 86 des règlements généraux du football algérien qui stipule qu'«en cas de changement de résidence de leurs parents en cours de saison, les joueurs des catégories U13, U15, U17 et U20 amateurs sont autorisés à bénéficier d'un transfert à titre exceptionnel et à signer au profit d'un autre club dans leur nouvelle résidence. Celle-ci doit être distante au minimum de 50 km du lieu de l'ancienne résidence. La demande de licence doit être accompagnée d'un certificat délivré par les autorités compétentes justifiant le changement de domicile. Comme chez nous les fausses déclarations sont monnaie courante, il faut s'attendre à ce que les clubs abusent des dispositions de cet article. On ne peut que rejoindre Kheireddine Zetchi dans son combat pour préserver ce qu'il a semé. Tout le monde chez nous se félicite qu'il y ait au moins un président de club qui fait réellement de la formation dans le football, au contraire de ses collègues qui passent leur temps à utiliser l'argent de l'Etat pour débaucher des joueurs seniors souvent sans talent. Viendra le jour où leurs ambitions vont se tourner vers ce que fait le PAC et tous les clubs formateurs. Si la FAF n'intervient pas, il faut s'attendre à ce que ces clubs mettent la clé sous le paillasson à un moment où le football algérien a un besoin énorme en associations sportives formatrices. On veut faire croire que Zetchi fait cela parce qu'il a de l'argent. Cela est totalement faux puisque des clubs de la division 1 ont des budgets dix ou vingt fois supérieurs à celui du PAC mais se contentent de prendre aux autres plutôt que de construire un centre de formation, comme l'a fait le club du Paradou. Au moment où il est engagé dans la relance de la discipline, le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, va avoir un exaltant challenge avec la protection des clubs formateurs.