«Le blocage du processus de décolonisation du Sahara occidental, vient de l'intérieur du Conseil de sécurité de l'ONU, par un pays qui détient le droit de veto». Il s'agit de «la France», accuse le chef de la diplomatie sahraouie. Le ministre des Affaires étrangères de la RASD, Mohamed Salem Ould Salek, a sévèrement critiqué la position de Paris qualifiée de «contraire aux principes de légitimité internationale contenues dans la charte des Nations unies». Ould Salek qui animait, hier, une conférence de presse au siège de l'ambassade de la RASD à Alger, a exprimé ses craintes quand à l'échec de la mission de Horst Köhler, nouvel envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara Occidental, attendu dans quelques jours dans la région pour une première visite. «Tant que la France demeure sur sa position de complicité avec le colonisateur marocain, les efforts du SG de l'ONU et de son envoyé personnel, s'exposeront au même blocage et même résultat négatif auxquels se sont butés tous les efforts des SG et envoyés spéciaux qui se sont succédés», a-t-il déclaré. Et de soutenir que l'ancien Président allemand va vite se retrouver face à «la réalité» du blocage du processus de décolonisation de la dernière colonie en Afrique, qui vient, selon lui, «de l'intérieur du Conseil de sécurité de l'ONU, par un pays qui détient le droit de véto». Pour Ould Salek, si le Maroc s'entête dans ses positions qui, parfois, poussent la région à la confrontation, «c'est parce qu'il est protégé et poussé par la France qui bloque de l'intérieur du Conseil de sécurité, la finalisation de la Minurso de la mission pour laquelle elle a été constituée à savoir l'organisation d'un référendum d'autodétermination». Le chef de la diplomatie sahraouie rappelle que «c'est la France qui a armé le Maroc» lors de la première étape de la guerre, et empêche la Minurso de contrôler le respect des droits de l'Homme aux Sahara occidental. Pire, les accusations ne s'arrêtent pas là. Paris, selon le conférencier, travaille au sein de l'Union européenne (UE) afin d'outrepasser la décision de la Cours de justice européenne de décembre dernier. Une décision, rappelle-t-on, qui reconnaissait le statut «séparé et distinct» garanti au territoire du Sahara Occidental en vertu de la Charte des Nations unies et du principe d'autodétermination des peuples, l'excluant ainsi des accords commerciaux UE-Maroc. Le lobbying de la France va désormais, jusqu'à faire pression aux côtés du Maroc pour avorter le sommet UE-Union africaine, prévu les 29 et 30 novembre à Abidjan en Côte d'Ivoire, et ce, «en essayant d'exclure la RASD de la participation». En visite au Maroc, Jean-Yves Le Drian, ministre français des AE, a déclaré lundi que «le choix des pays participants doit se faire sur la base d'un consensus et de la réalité d'Etats souverains». Mais, ces tentatives n'aboutiront pas à en croire les propos de Mohamed Ould Salek, puisque «Bruxelles a déjà répondu au Maroc qui s'est plaint de la présence de la RASD qu'il s'agit d'un membre à part entière de l'UA et que l'UE n'intervient pas dans les affaires internes de cette entité». Se montrant plus virulent, le ministre sahraoui des AE estime que «par son attitude, la France pousse la région vers la guerre», se demandant à cette occasion «s'il s'agissait d'un choix délibéré et quel intérêt aura-t-elle à garder cette région en déstabilisation et confrontations continues ?». Pourtant, à quelques jours de la visite de l'envoyé personnel d'Antonio Guterres, «la RASD réitère à la communauté internationale sa volonté et celle de la direction du Front Polisario à coopérer avec les Nations-Unies et sa mission dans le Sahara Occidental afin de mettre fin à la colonisation du pays», affirme Ould Salek. Cette décolonisation passera, précise-t-il, par «l'application de l'accord conclu avec le Royaume marocain en 1991, portant sur l'autodétermination du peuple sahraoui à travers l'organisation d'un référendum démocratique, libre et transparent». Exploitation illégale des ressources du Sahara occidental: WSRW met en garde les entreprises européennes L'observatoire des ressources du Sahara Occidental (WSRW) a mis en garde les entreprises européennes contre les risques du commerce illégal avec le Maroc, impliquant les produits des territoires sahraouis occupés. Réagissant à un appel d'offres lancé par le gouvernement marocain pour l'extension de la zone agricole à Dakhla, dans les territoires sahraouis occupés, WSRW a attiré l'attention des entreprises qui seraient tentées de s'impliquer dans ce projet, sur les «sérieux risques juridiques, moraux et financiers». L'observatoire relève, dans un dernier communiqué, que le gouvernement marocain avait annoncé en septembre dernier l'extension de la zone agricole à Dakhla de 5000 hectares supplémentaires. L'appel d'offres lancé concerne entre autres le cofinancement, la conception, la construction, l'exploitation et l'entretien des infrastructures d'irrigation et une station de dessalement pour une période de 22 ans. WSRW précise qu'environ 1000 ha sont actuellement exploités illégalement pour l'agro-alimentaire près de Dakhla, produisant entre 80 et 120 tonnes par hectare de produits agricoles divers destinés à l'exportation. La grande partie de la production de Dakhla a été exportée, ces dernières années, vers l'Europe, rappelle l'observatoire. La Cour de justice de l'Union Européenne (CJUE) avait statué en décembre 2016 qu'aucun accord de commerce ou d'association avec le Maroc ne pouvait être appliqué au Sahara occidental sans le consentement clair du Sahara occidental. WSRW s'indigne qu'en dépit de l'arrêt de la CJUE, le Maroc persiste dans ses projets illégaux de développement agricole dans les territoires occupés du Sahara occidental. Il a une nouvelle fois dénoncé les négociations en cours entre Rabat et l'UE pour un nouvel accord commercial impliquant le Sahara occidental, affirmant que c'est un «flagrant mépris» à cette institution européenne. L'observatoire rappelle encore que le Sahara occidental est classé par les Nations unies comme territoire non autonome.