La tenue du Forum de Crans-Montana prévu à Dakhla a été au centre de la rencontre avec le ministre des Affaires étrangères de la République sahraouie (Rasd), Salem Ould-Salek, qui a eu lieu, hier, au siège de l'ambassade de la Rasd, à Alger. Lors de la conférence de presse, le diplomate a dénoncé la tenue de ce forum dans la ville occupée du Sahara occidental, qualifiant l'initiative de "violation du droit international" et de "contradictoire avec les objectifs des Nations unies, qui œuvrent à instaurer la paix dans le monde". "Il s'agit d'une violation du droit international et d'une prétention du Maroc de légitimer son occupation illégale" dans le territoire sahraoui, a déclaré M. Ould-Salek. Ce dernier a fait savoir que ni lui ni son gouvernement ne sont contre la tenue du Forum de Crans-Montana "au Maroc ou dans un autre Etat africain". Mais, poursuivra-t-il, l'organisation de ce forum à Dakhla et la conclusion d'accords avec des sociétés étrangères pour l'exploitation des ressources naturelles du peuple sahraoui "sont des manœuvres du Maroc", destinées à encourager la communauté internationale vers "le fait accompli" colonial. Au cours du débat, le ministre a révélé qu'un des membres de l'Organisation internationale suisse de Crans-Montana "réside entre Monaco et Marrakech" et compte "empocher de l'argent ou de la drogue", pour services rendus au Maroc. Il reviendra sur le dernier sommet de l'Union africaine (UA), tenu les 30 et 31 janvier, à Addis-Abeba (Ethiopie), en signalant "les inquiétudes africaines face à la poursuite de l'occupation des territoires de la République sahraouie", puis en applaudissant à la "position claire et de principe de l'UA sur la décolonisation du Sahara occidental, dernière colonie en Afrique". Il saluera également la position de l'UA, qui demande aux pays membres et à toutes les organisations d'annuler le forum dans la ville occupée de Dakhla. Commentant "la pression africaine", le conférencier a rappelé que "le Conseil de sécurité et l'UA sont les garants de ce que les deux parties, Maroc et Front Polisario, ont signé en 1991". C'est-à-dire un plan de règlement déjà mis en application par "l'envoi de la délégation de la Minurso pour organiser un référendum au Sahara occidental". Le MAE sahraoui a aussi insisté sur "les blocages" dressés, toutes ces années, par l'occupant marocain, afin d'empêcher la tenue de la consultation référendaire. Cela n'a pas découragé la partie sahraouie, qui a "accepté de travailler avec l'ONU" et, après maints rounds de pourparlers, les deux parties en conflit sont parvenues à l'accord suivant : "La recherche d'une solution juste et pacifique, et mutuellement acceptable, qui garantit l'autodétermination du Sahara occidental." "Le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination a été, chaque fois, reporté à cause des tergiversations, non pas du Maroc, mais de pays membres du Conseil de sécurité", a attesté le diplomate, en invitant l'ONU à mener à terme sa mission de paix dans le territoire sahraoui "non autonome". Il a également appelé Paris à arrêter de "s'immiscer dans le cadre des droits de l'Homme" et de cesser de "s'aligner sur la politique d'agression du Maroc, car cela porte préjudice aux intérêts des peuples du Maghreb et même aux intérêts stratégiques de la France elle-même". H.A