La directrice de publication surseoit à sa grève de la faim A l'issue d'un rassemblement de soutien organisé, hier, devant le siège de son journal sis à la Maison de la presse Tahar Djaout, la directrice de publication d'Al Fadjr, Hadda Hazem, a mis fin à sa grève de la faim qui se poursuivait pour le huitième jour. Nombreux étaient les journalistes, acteurs de la société civile, représentants d'organisations de défense des droits de l'Homme à l'image d'Amnesty international, et de partis politiques comme le RCD, à venir exprimer leur solidarité à la directrice du quotidien arabophone qui proteste contre ce qu'elle qualifie de «pression exercée» contre son journal par les autorités, «à travers la privation de la publicité étatique de l'Anep». Après insistance des intervenants, à l'image de Hmida Ayachi, ancien directeur d'Algérie news, Omar Belhouchet, directeur d'El-watan ou encore El Kadi Ihsane, patron du site Maghreb Emergent, la journaliste qui est apparue quelques minutes après le début du rassemblement, très affaiblie et incapable de parler, a accepté de mettre fin à son action. Ceci avant qu'elle ne soit transférée à l'hôpital, dans une ambulance de la Protection civile. Outre les intervenants qui ont salué «le courage» de Hadda Hazem, beaucoup de participants ont exprimé leur solidarité avec les journalistes d'Al Fadjr, sans salaire depuis 4 mois. «Nous avons reçu en l'espace de 4 mois, et à deux reprises, la moitié du salaire», nous dira un journaliste de ce quotidien, non sans décrire «les difficultés de continuer à travailler et la pression qui pèse sur l'ensemble des salariés sur le plan social». Une situation qui interpelle et les autorités et les patrons de presse qui doivent mettre en tête des priorités la prise en charge et les conditions de travail des professionnels de la presse pour un meilleur paysage médiatique. A l'issue d'une réunion tenue après le rassemblement, le comité de soutien au journal Al Fadjr s'est félicité de «la mobilisation des professionnels de la presse, acteurs de la société civile et de la scène politique» à cette action et a assuré la directrice du journal que «les revendications qu'elle a exprimées continueront à être défendues». Dans un communiqué rendu public, le comité note que «le rassemblement a déploré le rendez-vous manqué du ministre de la Communication avec le nouvel élan provoqué par l'interpellation d'Al Fajr pour ouvrir un dialogue sans délai sur l'avenir de l'industrie de la presse en Algérie, et «a pris acte de la situation désastreuse de la presse algérienne après des années de chantage à la publicité par les pouvoirs publics». Pour les rédacteurs du document, «le combat d'Al Fajr et de sa directrice marque un tournant». Estimant que «la revendication de lever le monopole sur la publicité publique est au cœur d'un nouveau pacte pour sauvegarder la diversité de la presse algérienne et l'indépendance éditoriale du journalisme», le comité a décidé d'engager des consultations afin de doter l'action de Hadda Hazem et d'Al Fajr des prolongements stratégiques qui pèseront sur l'avenir de l'ensemble de la presse algérienne. Une réunion est fixée pour le dimanche 26 novembre à 16 heures pour faire le bilan de ses actions.