L'exposition de photographies africaines au Mama inaugurée ce mardi par Mme Toumi, ministre de la Culture, a drainé un aréopage de personnalités faisant partie des différentes délégations africaines. Sur les cimaises des deux étages du Musée d'art moderne, d'innombrables photographies ont montré la diversité culturelle et sociale de l'Afrique. Intitulée «Reflets», cette manifestation s'attelle à mettre en exergue le quotidien africain drapé de beaucoup d'inconvénients et de contraintes. Ces magnifiques photos en couleurs ou en noir et blanc sont autant de reflets de cette vie riche et dense dans cet immense continent. Ces instantanés de vie racontent le quotidien comme cette mère dans une plantation ou ce lever du jour à Matau, ce bain de midi ou cette lavandière au bord d'un lac. Au grand format, certaines traduisent cette rue africaine très colorée, avec une foule bigarrée, bruyante où règnent anarchie et bruits ou ce marché aux étals de légumes et de fruits aux différents tons. Sénégal, Burkina Faso, Madagascar et bien d'autres pays sont représentés par leurs venelles sales, à forte promiscuité. Cet étalage de teintes, de luminosité, de soleil, de chaleur décline l'Afrique dans toute sa splendeur malgré la misère qui apparaît. Le photographe sénégalais Seid Pape a su capter le moindre aspect de cette vie africaine. Pour Men Pierrot Chen Hong, en noir et blanc, raconte la saga africa avec des photos d'arts plus suggestives et créatives. Son objectif a focalisé sur l'enfance tel ce gamin sur un vélo, ou cette préparation de repas, ou cette vendeuse de fruits avec ses bambins, ou ces camps de réfugiés au Rwanda. L'Ivoirien Django Achille Elio témoigne de la pauvreté et de la détresse des enfants. Quant à Paul Kabré, ces photos s'éloignent des sentiers battus par leur thématique. Ce Burkinabais conscient de ce problème crucial furète dans la rue en quête de fous. Ces images rendent compte de cette détresse. «Ce genre de photos font partie de la vie quotidienne. Ce thème m'intéresse, car on aide les malades du sida, du paludisme, mais il n'y a aucune compassion ni association qui prend en charge ces personnes. Pour peu que vous ayez une dépression, on vous traite de fous. Une dame de ma connaissance s'est suicidée suite à cette appellation», a-t-il dit. Ces photos au-delà de leur aspect esthétique ont une fonction essentielle de décrire et d'informer sur cette réalité africaine. «Les artistes africains ne sont-ils pas les meilleurs interprètes de la vie quotidienne, de la sensibilité africaine et de dire l'histoire du quotidien ?» Cette exposition superbe par son esthétique et ses thématiques mérite le détour au Mama.