L'affaire des sept moines de Tibhirine vient d'être relancée par un juge français sur la base du «témoignage» d'un ancien attaché de défense auprès de l'ambassade de France à Alger qui affirme avoir gardé le silence sur la «responsabilité» de l'armée algérienne dans cette tragédie depuis 1996. l'ex-général français, aujourd'hui à la retraite, retrouve sa mémoire 13 ans après avoir gardé un «secret d'Etat» sur les vrais responsables de la mort des sept trappistes. Pour quelles raisons a-t-il gardé le silence et pour quelles raisons a-t-il décidé de parler ? C'est tout le mystère, cette déposition de ce témoin qui, pour le moins qu'on puisse dire, ne présente pas un visage net. Le GIA n'est donc – comme toujours – pour rien dans ce crime barbare qui a endeuillé les Algériens, parmi lesquels ces hommes de religion et de bien qui avaient choisi de vivre ici et vivaient en harmonie avec leurs frères algériens. Le «général témoin», rapporteur des «confidences» d'un officier algérien qui aurait pris part aux opérations, pointe du doigt l'armée algérienne et, du coup, blanchit le groupe terroriste le plus barbare que le monde ait connu. Du coup, aussi, tous les charognards de la planète ont pointé le bout du nez, à l'affût du moindre détail qui leur permettra de se repositionner sur le terrain où ils ont reçu la pire des humiliations. Une nouvelle affaire de témoin à charge contre l'institution militaire comme on en aura vu souvent. On peut s'interroger encore sur les objectifs recherchés à travers un scénario judiciaire aussi grotesque. Une provocation dans le pur style des années noires contre une institution qui a fait le meilleur travail qui soit contre le terrorisme, sans quoi toute la région du Maghreb et la partie sud de l'Europe ressembleraient dans le détail au paysage afghan. Là n'est cependant pas la question, bien qu'il ne soit jamais de trop de rappeler parfois cette vérité, précisément à un moment où la sécurité n'est garantie pour aucun Etat, ni en Méditerranée, ni ailleurs. Un sacrifice que l´Algérie a payé seule et, pour ne pas rentrer dans les détails, contre un ennemi qui avait les faveurs de certaines puissances occidentales et bien des complicités en Occident. Ces mêmes complicités se réveillent-elles aujourd'hui ? C'est possible, car bien des indicateurs le laissent supposer. Quels objectifs ? La question est maintenant de savoir, sans faire dans la paranoïa, ce que vaut le témoignage de ce général qui a retrouvé subitement ses esprits, la portée calomnieuse de ses propos contre une institution officielle algérienne, les objectifs recherchés par ses commanditaires. Une campagne qui débute un 5 juillet donne bien des raisons aux Algériens de se poser des questions. Le 5 juillet est un repère de l'histoire de l'Algérie qui rappellera, toujours, à l'ancienne puissance coloniale des «excuses pour crimes de guerre». Voilà une affaire de «crime contre l'humanité» sur laquelle aucun juge français ne s'est cru devoir, au moins par sens éthique, engager une procédure judiciaire. Quant à l'affaire des sept moines de Tibhirine, la justice algérienne ne s'en est jamais dessaisie, ni pour cette affaire, d'ailleurs, ni pour n'importe quel autre crime terroriste. L'enquête à ce sujet n'a laissé planer aucune zone d'ombre. A cette différence qu'ici, on juge sur des preuves, non sur des fantasmes de faux témoins. En Algérie, pour citer un simple exemple d'abus banal de justice, on n'arrête pas un diplomate étranger sur simple déposition d'un individu qui ignore jusqu'à l´identité de la personne qu'il accuse. On n'accuse pas, dans l'impunité, une institution officielle d'un Etat souverain, ou lui porte le moindre préjudice moral, sur une simple déposition fondée sur le sentiment personnel que sur des preuves. La campagne sur fond d'assassinat des sept moines, faut-il aussi ne pas l'oublier, semble bien cadrer avec celle de la «persécution» des évangélistes, puisqu'en politique il n'y a pas, à proprement parler, de faits isolés et sans liens entre eux. La campagne de presse actuelle en Occident contre l'Algérie et son armée c'est comme les guerres : elle est globale. Elle intègre tout, elle fait feu de tout bois. L'homme qui a vu l'ours Disons-le tout de suite. Ces accusations, aussi fantaisistes et dosées d'une légèreté indigne d'un officier supérieur, sont tout simplement grotesques. Plus grotesques encore sont les «informations» à valeur de scoop reprises, sans retenue, par la presse française, une attitude non éthique vite relayée par une presse aux ordres de l'internationale Socialiste, dans beaucoup de pays de l'Union européenne, comme en Espagne où certains journaux pro-socialistes ont joué les premiers rôles de promotion de l'islamo-terrorisme en Algérie durant la décennie 90. Sur les seules affirmations, à ce stade de l'enquête judiciaire engagée en France sur cette affaire, du «témoin» qui a vu l'homme qui a vu l'ours, la presse française accuse et condamne entraînant derrière elle des cercles politiques trop malhonnêtes pour ne pas s'emparer d'une si belle occasion pour en découdre avec l'armée algérienne. Certains médias – ils sont plutôt rares – ont eu quand même l'honnêteté de s'en tenir aux déclarations du général et ont parlé de « bavure» de l'armée algérienne qui aurait ciblé par erreur un bivouac en plein champ des opérations antiterroristes dans la région de Médéa, où étaient détenus les sept moines par le GIA. Une bavure ? Supposons qu'il en fut ainsi. Dans ce cas, quelle est la seule armée au monde qui n'en ait pas commis ? Israël a bombardé ses propres positions et l'armée américaine a fait mieux dans les nombreux champs de bataille qu'elle a ouvert à travers le monde. Pourquoi donc, si erreur il y a eu d'un hélicoptère algérien, faut-il y voir un acte dirigé contre de pauvres trappistes pacifiques. Une «bavure», pour reprendre la terminologie employée dans ce cas, c'est différent de ce que certains cercles veulent faire accréditer comme thèse pour blanchir ou réhabiliter la mémoire de leurs amis du GIA, exterminés jusqu'au dernier par les forces de sécurité algériennes. C'est différent de ce que les promoteurs du «qui tue qui», une formule qui a pourtant fait faillite depuis longtemps, veulent faire admettre à l'opinion mondiale. Une «bavure» – si bavure il y a eu – est une chose, un assassinat planifié, comme ils le disent ou le laissent entendre sournoisement, c'est autre chose. De la «bavure» au «massacre» volontaire, c'est «kif kif», la ligne est droite pour ces charognards qui ne désarment pas depuis que le terrorisme a fait son apparition en Algérie. Aucun assassinat de policiers, de journalistes, ni celui des deux religieuses espagnoles devant la porte d'une église à Bab El Oued, des Pères blancs à Tizi ou du curé à Ben Chneb, ni de Monseigneur Pierre Claverie à Oran, n'est, à leurs yeux, l'œuvre du terrorisme. Pourquoi donc s'étonner qu'ils pointent du doigt l'armée algérienne, objet de toutes les campagnes les plus hostiles à partir de faux témoignage de transfuges ou de ceux qui ont fui le champ de bataille ? Des raisons de politique interne Que vaut le prétendu témoignage du général français en retraite ? Absolument rien, sinon, une évidente intention de nuire à l'image de l'institution algérienne pour le compte de certains cercles avec lesquels il a dû nouer de solides relations lorsqu'il était en poste à Alger. Ou alors pour en découdre, comme c'est de tradition au sein de la classe politique française, avec sa hiérarchie ou la nouvelle équipe au pouvoir à l'Elysée. Pour des raisons politiques internes à la France. Toutes les hypothèses sont possibles dans ce cas précis, comme dans celui de certains de ses collègues algériens, tous grades confondus, qui ont vendu leur âme au diable pour un statut de réfugié politique – Dieu sait qu'il y en a eu au sein de toutes les classes d'aventuriers confondues – une carte de résidence ou un vulgaire visa d'une entrée simple dans l'espace Schengen. Chacun a ses propres raisons. Parfois elles sont franchement minables. Le fameux colonel Semraoui refuse de rentrer au pays au terme de sa mission en Allemagne. Pendant deux heures, l'animateur d'Al Jazira insistera sur son engagement de faire des «révélations» sur l'assassinat de Boudiaf. «J'y viens, j'y viens», dit-il En fin d'émission, Semraoui avait laissé l'impression qu'il en savait moins sur l'assassinat de Boudiaf que le moins informé de ses compatriotes. A l'heure actuelle encore, il persiste et signe, mais les preuves ne viennent toujours pas. La propagande version Goebbels Soldat le jour, voleur la nuit. Mis en prison pour racket et faux barrages de nuit à Thenia, le sous-lieutenant fraîchement promu Souaïdia se fait écrire un livre. Un « faux» de bout en bout, sur des «crimes de l'armée algérienne» dont il est le seul, avec son éditeur François Guèze, à en avoir été témoin. Chaînes de télévision, de radio et journaux à grand tirage se disputent les témoignages d'un sergent déserteur ou d'un caporal de corvée brouillé avec son supérieur immédiat.La «piste de la sécurité militaire», ce n'est pas nouveau. Aussi vieille que le terrorisme, elle a été avancée à chaque attentat à l'étranger ou contre des étrangers. La bombe dans le métro de Paris, c'est la SM. L'attentat contre un hôtel à Marrakech, ce sont les services algériens. Encore heureux qu'aucune trace algérienne n'ait été relevée le 11 septembre ou le 11 mars. Le plus ridicule dans tout ça, c'est qu'une fois la «piste algérienne» écartée par les enquêteurs, on ferme le dossier. On fait comme si. Ni excuses, ni mise au point, ni encore moins examen de conscience. «Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose», disait Goebbels, le ministre de la propagande d'Hitler. Voilà, en fait, l'objectif recherché à travers cette stratégie de communication typiquement nazie qui a fait école là où, curieusement, l'action de la Gestapo a fait le plus de dégâts. Une règle d'or observée à la lettre par certains cercles médiatiques, farouches adversaires de l'Algérie, ces irréductibles charognards qui sont toujours là pour servir de relais aux campagnes les plus insidieuses et les plus calomnieuses contre la seule armée au monde qui a donné la plus belle leçon de bravoure face au terrorisme. Et seule pour ne pas dire plus. Au fond, une Algérie qui a vaincu le terrorisme, une Algérie qui vit, qui se construit, qui se développe, dans la sécurité et la paix, une Algérie où chaque famille possède un drapeau, le sort à chaque victoire sur un terrain ou sur un autre, on peut le comprendre, cette Algérie ne peut pas susciter de l'enthousiasme auprès des revanchards et des nostalgiques de l'instabilité et de la pagaille d'Etat. Vouloir blanchir le terrorisme ou salir l'intégrité morale de l'institution militaire algérienne et avec elle la mémoire des sept moines de Tibhirine et autres victimes du terrorisme barbare, celle de tous les Algériens, quelles que soient leur foi et leurs croyances n'est ni très nouveau, ni très courageux. Donc sans effet sur le moral des troupes. Juste un cas de dérive judiciaire dans les Etats où les gouvernements modifient leurs lois pour limiter l'action de leurs juges dans les cas de crimes contre l´humanité, comme à Ghaza. On appelle ça une justice à deux vitesses.