La commission d'enquête mandatée par le conseil des droits de l'homme de l'ONU pour faire toute la lumière sur les abominables massacres perpétrés à Ghaza, trois semaines durant (fin décembre 2008 - janvier 2009), contre la population palestinienne a achevé ses travaux. Elle devrait rendre public son rapport au mois de septembre. Ce groupe d'experts onusiens dirigé par le Sud-Africain Richard Goldstone, ex-procureur du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie et pour le Rwanda a mené les investigations nécessaires afin de déterminer «objectivement» les responsabilités israéliennes lors de cette atroce boucherie commise à ciel ouvert. Le bilan de cette tuerie s'est élevé, rappelle-t-on, à 1450 morts, près de 6000 blessés et 1,9 milliard de dollars de dégâts matériels. A pied d'œuvre depuis plus d'un mois, ces enquêteurs ont auditionné de nombreuses victimes de la barbarie israélienne dont plusieurs handicapés à vie, constaté de visu les effroyables conditions de vie dans la bande de Ghaza, visité les vastes champs de ruine et mesuré les effets désastreux, sur la population palestinienne, du blocus imposé par Israël. Au terme de cette première étape, ils ont établi leurs quartiers à Genève pour, curieusement, y recueillir les témoignages de rares victimes israéliennes ayant subi des blessures superficielles, dues à… quelques roquettes de faible puissance. Israël avait cependant exprimé une vive opposition à la mise en place de cette commission, lui interdisant de se rendre au sud de son territoire pour y rencontrer la population locale. De plus, ce pays avait accusé les membres de cette commission de parti-pris en faveur des Palestiniens. Sous le prétexte, combien perfide, d'une situation de guerre, opposant une armée disposant d'un équipement militaire de dernière génération et une population civile aux mains nues, Israël n'a épargné ni femmes, ni enfants, ni personnes âgées. Bombardements des écoles, des hôpitaux, des mosquées et des bâtiments administratifs, missiles air-sol, obus au phosphore blanc, bombes à fragmentation, destruction des habitations… toutes les méthodes barbares ont été utilisées par Tel-Aviv pour tuer du palestinien en toute quiétude. Sous l'œil souvent complice des pays occidentaux et des Etats-Unis, si prompts pourtant à dénoncer et condamner avec la «plus haute fermeté» l'utilisation de ces mêmes procédés lorsqu'ils ne sont pas l'apanage de l'Etat hébreu. Dénoncée par Israël et ses relais médiatico-politiques, cette commission usera-t-elle de toutes ses prérogatives pour rendre ses conclusions en toute liberté afin de révéler au grand jour l'ignominie du régime israélien et de ses dirigeants ? Cette question demeure posée compte tenu, selon plusieurs observateurs, des fortes pressions que subit ce groupe de travail pour aligner la lourde armada israélienne, la bestialité de ses actes et sa politique colonisatrice basée sur l'extermination d'un peuple, au même niveau que les opérations de libération et de reconquête de leurs droits légitimes initiés par les militants palestiniens. Les enquêteurs onusiens bénéficient, toutefois, du soutien affiché d'Amnesty International qui a publié, il y a une dizaine de jours, un rapport accablant sur cette offensive armée dans la bande de Ghaza. Amnesty a notamment mis l'accent sur l'utilisation par l'armée israélienne de civils, dont des enfants, comme boucliers humains et appelé, dans son document, à engager des poursuites judiciaires contre les auteurs de ces crimes de guerre. Le représentant du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), Jens-Anders Toyberg-Frandzen, a par ailleurs fait savoir que la seule opération de nettoyage des rues de Ghaza nécessitera 12 mois compte tenu du volume impressionnant de débris (des milliers de tonnes). C'est dire l'ampleur des dégâts occasionnés par les bombardements israéliens. Quant au programme de reconstruction sous la conduite des Nations unies, il demeure suspendu tant qu'Israël n'aura pas levé le blocus et autorisé le transport vers la bande de Ghaza des matériaux de construction. Outre le drame vécu dans leur chair, des milliers de Palestiniens dont une majorité de femmes et d'enfants vivent en conséquence sous des tentes ou dans des abris de fortune aménagés prés des ruines de leurs habitations. Le responsable onusien a certes soutenu que «l'ONU continue de plaider pour l'ouverture des frontières dans le but d'aider les Palestiniens à reprendre une vie décente», mais Israël poursuit l'application de ses propres lois au mépris des appels de la communauté internationale pour sauver les Palestiniens d'une fin programmée.