La FAF est en avance de plusieurs longueurs sur les clubs, notamment dans le domaine de la formation.Alors que nous sommes en pleine intersaison du football, les clubs, notamment ceux de la DI, ont toujours cette boulimie de recruter en masse et à tout prix. «C'est drôle comme les présidents de club sont versatiles. 15 jours avant la fin du championnat, ils ne cessent de crier qu'ils sont sans le sou. Et puis, soudainement, dès que la saison est finie et que la période de recrutements démarre, ils ont une sacrée tendance à investir des centaines de millions de centimes. «Comment ces pauvres ont-ils pu devenir si riches en si peu de temps ?» Ces mots sont d'un ancien président de la FAF. Cela n'est pas sans nous rappeler l'histoire que nous racontait un cadre du MJS chargé un jour d'aller négocier avec le ministère des Finances une rallonge budgétaire pour le football, dans le cadre de la loi de finances complémentaire. Après qu'il eut expliqué les difficultés financières dans lesquelles se trouvaient les clubs, il a été étonné de voir le responsable du ministère des Finances lui tirer une liasse de journaux sportifs où étaient étalées les sommes faramineuses que les clubs engageaient dans les opérations de recrutement de joueurs. «Ne me dites pas que ces clubs sont pauvres», avait-il dit à son collègue du MJS en lui montrant les titres des Unes de tous ces journaux. C'est cela le football algérien. Un sport dont les clubs ont officiellement le statut amateur mais qui brassent des centaines de milliards de centimes, le tout sans aucun contrôle rigoureux. Si cela se faisait au bénéfice de la discipline, on pourrait, à la rigueur, fermer les yeux. Mais là, on a affaire à des transactions faites pour alimenter la médiocrité du championnat d'Algérie. Aujourd'hui, le monopole de l'attention dans le milieu du football est accaparé par l'équipe nationale en passe de se qualifier pour le Mondial et la CAN 2010. On le sent dans les discussions que l'on entend un peu partout. La grosse majorité des sportifs parle essentiellement des chances des Verts de réussir dans leur double entreprise que des achats et ventes de joueurs. Le phénomène va aller en s'agrandissant et petit à petit le championnat national ne va plus intéresser grand monde. La FAF et Rabah Saâdane l'ont compris, eux qui misent sur notre émigration pour relever le double défi de l'équipe nationale. Pour la première fois depuis très longtemps, l'entraîneur national reçoit des joueurs en sélection auxquels il n'a pas besoin de leur faire un travail qu'ils devraient accomplir dans leurs clubs respectifs. Saâdane fait, aujourd'hui, le vrai travail d'un sélectionneur. De son côté, la FAF est largement en avance sur les clubs. Elle leur a préparé les textes qui leur permettent de sauter dans l'ère du professionnalisme. Elle n'attendra personne. Celui qui traîne la patte sera abandonné à son triste sort fait de bricolage. Elle n'attendra, surtout, personne dans le domaine de la formation. Grâce à ses académies qu'elle est en train de mettre en place, la FAF veut se donner les moyens de monter des sélections nationales compétitives sans compter sur les médiocres clubs qui composent le championnat national. A quoi allons-nous donc assister dans les semaines à venir ? L'équipe nationale va accaparer le maximum d'attention de presque tout le monde, les sportifs mais aussi les politiques et on laissera les clubs moisir dans leur médiocrité, dans leur petit jeu avec leurs petits joueurs qu'ils veulent transformer en stars. Remarquez les journaux sportifs. De plus en plus, leur Une est consacrée aux Verts ou à leurs adversaires. Dans peu de temps, le championnat national risque de ne plus être cité dans cette partie de ces journaux. Il n'y en aura que pour l'équipe nationale, le produit qui fait vendre. Ce sera tant mieux pour un football algérien qui a besoin de se remettre en question au niveau de ses clubs où bon nombre de présidents feraient mieux de céder la place à l'aube d'une phase où il va falloir passer au sérieux du professionnalisme.