A chaque intersaison ou mercato, le débat autour de la durée du contrat des footballeurs refait surface en Algérie. Le montant des transferts des joueurs a atteint des niveaux inimaginables il y a quelques années seulement. Il n'y a qu'à voir les sommes que «répercute» la presse sportive à ce sujet pour s'en rendre compte. Il est vrai que quelquefois l'intox prend le dessus sur le réel, étant donné que les vrais chiffres sont souvent dissimulés, mais ce qui est sûr, c'est que le joueur algérien est devenu cher, malgré le fait que, dans la majorité des cas, le niveau laisse à désirer. Ce qui «dérange» le plus une grande partie des dirigeants des clubs de division une et même de la seconde division quelque fois, c'est le fait que les joueurs réclament de plus en plus des contrats d'une seule année. D'ailleurs, pour l'actuelle intersaison, ceux qui défrayent la chronique sont les deux joueurs du MC Saïda, Seguer et Hamidi, ainsi que celui du MCO, Bouazza, pour ne citer que ceux-là. Ces joueurs, à travers leurs agents pour ceux qui en ont, posent comme condition principale, la signature d'un contrat d'une durée d'une année. Bien évidemment, il va sans dire que la chose est plus que réglementaire. En effet, l'article 16 de l'annexe II du statut et du transfert des joueurs professionnels des règlements généraux de la FAF stipule que «le contrat d'un joueur professionnel est établi pour une durée minimale allant de la date de son entrée en vigueur jusqu'à la fin de la saison et au maximum pour une durée de cinq ans. Les contrats d'une durée différente ne sont autorisés que s'ils sont conformes au droit national en vigueur. Un joueur n'ayant pas encore 18 ans ne peut signer de contrat de joueur professionnel que si la durée du contrat n'excède pas trois ans. Les clauses dépassant cette durée ne sont pas reconnues». Donc, il est clair que la Fédération algérienne de football n'a pas établi de durée minimale pour un contrat. Un joueur peut même conclure avec un club pour une durée de six mois. Cela s'est déjà passé dans notre championnat. La majorité des clubs ont cédé à cette surenchère. Bien évidemment, quand cela n'arrange plus les affaires des uns, on s'arrange toujours à rejeter la balle sur les instances footballistiques. D'ailleurs, ces derniers temps, de plus en plus de présidents de club réclament l'amendement des règlements généraux pour ne plus permettre aux joueurs de réclamer des contrats d'une seule année. Mais n'est-il pas plus judicieux, en attendant que la réglementation en vigueur soit amendée, de s'entendre sur un minimum ? Il y a presque trois ans, les présidents de club se sont regroupés au sein de ce qui est appelé le «Forum-foot», une association créée pour défendre leurs droits et qui avait comme objectif, entre autres, de faire une proposition par rapport à cette question. Mais, quelques mois après, cette «dynamique» s'est estompée face à la logique «clubiste» des uns et des autres. Certains présidents de club, préférant gérer l'urgence et ne voir que l'intérêt immédiat de leurs équipes, oublient souvent qu'un jour ou l'autre ils seront eux-mêmes victimes de cette situation. Ce qui arrive souvent d'ailleurs. Des clubs qui changent tout l'effectif chaque saison Cette logique qui consiste à accepter de signer des contrats d'une seule année avec les joueurs est jugée «désastreuse» pour le football national parce qu'elle ne permet pas l'instauration d'une certaine stabilité au niveau des clubs. Ces derniers sont forcés, de la sorte, de renouveler presque totalement leur effectif chaque saison. Mais, du moment que les présidents se plaisent dans cet exercice, ne va-t-on pas se demander si cela ne les dérange pas ? En tout cas, les faits sont là. Pour en revenir à la saison qui vient de s'écouler, on voit bien que les clubs qui ont accédé en division une (depuis une ou deux saisons) sont ceux qui ont recruté le plus de joueurs avec des contrats d'une année. Celui qui a battu tous les records est l'USMAn. Le club que dirige Aïssa Menadi a, en cette fin de saison, pas moins de 26 joueurs en fin de contrat. C'est-à-dire que le boss devra refaire toute l'équipe. Parmi tous ces joueurs, neuf ont été recrutés en début de saison (contrat d'un an). L'autre club qui a recruté le plus de joueurs pour une courte durée est la JSMB dont 18 joueurs sont en fin de contrat (12 ont été recrutés juste à la saison dernière). Il y a également le MCS avec 21 joueurs en fin de contrat dont 9 recrutés il y a une saison et l'ASK (12 en fin de contrat dont 8 avec des contrats d'une année). Par contre, les clubs qui ont joué les premiers rôles dans le championnat sont réputés pour ne pas recruter, en général, des joueurs pour une seule saison. Cela, bien évidemment, n'est pas valable pour ceux qui renouvellent. Ces derniers optent pour les contrats de courte durée. A ce titre, il est à relever que les quatre premiers du classement général de cette saison, à savoir la JSK, l'ASO, l'ESS et l'USMA, n'ont presque pas de joueurs nouvellement recrutés pour des courtes durées. Hormis le club sétifien dont l'effectif est en fin de cycle, peut-on dire, puisqu'il a 19 joueurs en fin de contrat, dont quatre seulement ont été recrutés la saison d'avant, la JSK, l'ASO et l'USMA n'ont aucun joueur recruté avec un contrat d'une année (l'USMA avait fait signer un contrat d'un an à Kerrouche pour l'essayer). Parmi tous ces clubs, l'ASO est le plus stable. C'est lui qui a le moins de joueurs en fin de contrat (cinq seulement). Si l'on se fie aux statistiques de la Ligue nationale de football, certains d'entre eux sont même liés avec le club jusqu'en 2012. D'ailleurs, le président chélifien, Abdelkrim Medouar, est réputé pour ne pas céder à cette surenchère. C'est l'un des rares dirigeants qui font confiance aux jeunes juniors puisque l'ASO a l'habitude de promouvoir en seniors chaque saison pas moins de cinq éléments. Il faut dire aussi que cette équipe est en progression permanente depuis quelques années déjà malgré le peu de moyens financiers dont elle dispose. C'est dire que la stabilité paie. Bien évidemment, d'autres clubs aussi refusent en général de signer des contrats d'une seule année avec les nouvelles recrues. C'est le cas notamment du NAHD, du MCA ou de l'USMB qui, en début de saison, n'a recruté qu'Aoun Sghir pour une seule année. En dernier lieu, il faut dire que, si les responsables de la FAF n'ont pas pour l'instant pensé à changer la réglementation pour interdire les contrats d'une année, comme le souhaitent les présidents de club (et là encore, il faut voir si les principes de la FIFA l'autorisent), ces derniers auront tout à gagner en s'entendant sur un minimum. Ils pourront toujours établir une sorte de charte qui serait respectée par tous et qui «interdirait» toute signature d'un contrat de courte durée avec un joueur. Parce que, dans le cas contraire, il est à prévoir que, dans quelques années, aucun footballeur n'accepterait de signer avec un club au-delà d'une seule saison. D'ailleurs, actuellement, même les jeunes joueurs, qui en sont parfois à leur première saison en division une ou même deux, réclament des contrats d'une seule année. Ainsi, le phénomène prend de l'empleur A. A.