Que ce soit dans les pays développés ou ceux en voie de développement, la prostitution infantile est un phénomène de portée internationale qui ne cesse de se répandre et de prendre de l'ampleur. L'innocence de ces enfants et adolescents est mise à rude épreuve dans un univers où leur exploitation sexuelle est devenue monnaie courante.Des chiffres effarants sont présentés par des organismes comme l'ONU. Un million d'enfants prostitués sur le continent asiatique, 500 000 au Brésil, 25% des enfants exploités sexuellement à travers le monde sont américains. La prostitution juvénile s'est développée aussi en Europe de l'Est, en Afrique. A Manille, à Bombay, les enfants sont kidnappés, loués, vendus aux maisons closes. Des filles entre 12 et 14 assurent des dizaines de «passes» par jour. Le tourisme sexuel en direction des enfants est devenu une industrie pour la mafia de la prostitution et des milliards de dollars sont brassés dans ce «commerce de la chair». Un phénomène qui avance En Algérie, même si ce sujet est considéré comme tabou, il n'en demeure pas moins qu'il est présent et qu'il commence à prendre des proportions de plus en plus alarmantes. En Algérie, les enfants se prostituent aussi. Mme Messaouden, commissaire principal et chef de bureau de la protection de l'enfance, à la Direction de la police judiciaire, estime qu'on ne peut parler de réseaux, mais il arrive souvent que les services de police trouvent des mineurs sur les lieux de débauche. On enregistre aussi de plus en plus de mineurs au niveau des points de racolage Les données des services judiciaires ne sont pas spécifiques à la prostitution infantile mais englobent toutes les atteintes aux mœurs. Les dossiers traités par les services de l'ordre durant l'année 2008, sur l'ensemble du territoire national, font état de l'implication de 469 mineurs dans des affaires d'agressions sexuelles sur mineurs, parmi eux 456 garçons et 13 filles. Rien ne laisse entrevoir une diminution de ce phénomène, la preuve en est les 283 nouveaux cas recensés durant seulement le premier semestre l'année en cours. Ils concernent 273 garçons et 10 filles. Ces délinquants seront, selon la gravité de l'acte, soit placés par le juge des mineurs au sein des centres de rééducation, soit dans les quartiers de mineurs des prisons. En 2008, la police judiciaire a recensée 1637 mineurs victimes d'agressions sexuelles, sur le plan national, dont 736 garçons et 901 filles. De janvier à juin 2009, les victimes mineurs sont au nombre de 909 parmi lesquelles on compte 430 garçons et 479 filles. La majorité des dossiers traités par la police concerne les grandes villes où se trouvent les principaux foyers, Alger en première position. Les chiffres avancés ne reflètent pas la véritable dimension de ce fléau. Selon Mme Messaouden : «Les statistiques sont établies suite aux dépôts de plaintes ou sur indications des citoyens. Beaucoup d'autres enfants souffrent en silence, car leur famille étouffent l'affaire ou tout simplement c'est l'enfant lui-même, honteux, qui cache l'agression sexuelle dont il fut l'objet.» Un danger de plus guette cette victime, qui ne bénéficiant pas de prise en charge convenable, peut, elle aussi, plus tard agresser d'autres mineurs ou intégrer le monde de la prostitution. Sur le plan juridique, l'exploitation sexuelle des enfants est punie par le code algérien. L'auteur du délit, en l'occurrence le client où le souteneur, risque une condamnation à une peine de prison assortie d'une amende. L'article 342 du code pénal stipule que les personnes incitant, favorisant ou facilitant la débauche ou la corruption des mineurs de moins de 19 ans, même occasionnellement des mineurs de moins de 16 ans, encourent 5 à 10 ans d'incarcération et sont assorties d'amendes variant entre 20.000 et 100.000 DA.