Carences n Le phénomène de la délinquance juvénile ne cesse de prendre de l'ampleur dans notre pays. Une étude réalisée récemment par la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem) dans cinq wilayas (Annaba,Tizi Ouzou, Aïn Defla, Constantine et Oran) a révélé les dimensions alarmantes de la déperdition infantile. Selon le professeur Mustapha Khiati, président de la fondation, leur nombre dans ces wilayas est estimé à 20 000. «Ces enfants, âgés entre 12 et 18 ans qui ont quitté trop tôt les bancs de l'école et leurs familles, n'ont trouvé que la rue avec toutes ses menaces. Les pouvoirs publics sont plus que jamais appelés à prendre les mesures adéquates pour leur prise en charge avant que le phénomène ne devienne incontrôlable», a-t-il affirmé à El-Khabar. Pour lui, la gestion des structures de protection des enfants en difficulté doit être confiée à la société civile et non pas aux bureaucrates car le phénomène de la délinquance juvénile ne cesse de prendre de l'ampleur et la plupart des enfants orientés vers ces centres ont regagné la rue. Sur 4 000 enfants récupérés par les services de sécurité durant l'année écoulée et placés dans des centres de rééducation, un nombre important a quitté ces structures pour rejoindre le monde de la délinquance, a-t-il estimé. La prise en charge d'un enfant en déperdition coûte annuellement 240 000 DA au budget de l'Etat, a affirmé récemment Djamel Ould Abbas, ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale. Sur ce volet, le professeur Khiati estime que «si cette enveloppe colossale était gérée d'une manière rationnelle, le phénomène aurait disparu de notre société». Les différents fléaux sociaux (toxicomanie, tabagisme, vols, prostitution…) prennent des proportions inquiétantes parmi ces derniers, menaçant ainsi la stabilité et la quiétude de toute la société. Les «enfants de la rue» subissent toutes sortes de violence et d'exploitation. 800 enfants sont exploités par des réseaux de prostitution, a révélé une autre étude menée par la Forem dans 12 wilayas durant le premier semestre de l'année en cours. Par ailleurs, entre 250 000 et 300 000 mineurs sont employés dans des conditions lamentables, a encore souligné M. Khiati.