Cette catégorie, longtemps occultée et de tout temps considérée comme inexistante en Algérie, a fait avant-hier l'objet d'une rencontre de sensibilisation à la maison de la culture Mouloud-Mammeri où représentants de la Direction de l'action sociale, psychologues, médecins et membres d'associations de défense des droits de l'enfant se sont réunis autour de la question du comment empêcher ce phénomène de l'exploitation des enfants mineurs en Algérie de prendre de l'ampleur. Leur adolescence n'est toujours pas entamée, leur croissance n'est pas encore achevée et leur esprit est loin d'être suffisamment formé, pourtant ils affrontent déjà, d'une façon clandestine, en intrus, la dure réalité de la vie active. Une vie active qui ne leur offre que des miettes empoisonnées par des maladies qui ne prennent jamais beaucoup de temps pour apparaître sur leurs corps encore fragiles. Eux, ce sont les enfants mineurs travailleurs, plutôt des mineurs exploités, souvent par leurs parents démunis, et fréquemment par d'autres chercheurs de gain facile. On les appelle aussi “les petits débrouillards”. Au moment où d'autres enfants de leur âge se consacrent à leur scolarité et leur croissance, eux, ils se débrouillent pour aider leurs familles, sinon carrément à les prendre en charge. Cette catégorie, longtemps occultée et de tout temps considérée comme inexistante en Algérie a fait avant-hier l'objet d'une rencontre de sensibilisation à la maison de la culture Mouloud-Mammeri où représentants de la Direction de l'action sociale, psychologues, médecins et membres d'associations de défense des droits de l'enfant se sont réunis autour de la question du comment empêcher ce phénomène de l'exploitation des enfants mineurs en Algérie de prendre de l'ampleur. Bien que donnant l'impression de se dérouler sur un fond de précampagne électorale, la rencontre a eu au moins le mérite de briser le tabou sur l'existence de cette frange et de tirer la sonnette d'alarme quant au développement de ce phénomène qui n'a, certes, pas atteint les même proportions que dans la plupart des pays sous-développés ou dans les pays asiatiques, mais qui risque tout de même de gangréner la société algérienne d'autant plus que les facteurs de son développement, à savoir la pauvreté et la faiblesse du niveau culturel sont là. La plupart des intervenants lors de cette rencontre disent ne pas disposer de statistiques qui permettent une juste appréciation de l'ampleur de ce phénomène mais estiment, toutefois, qu'il est temps d'ouvrir le débat à ce sujet et trouver des mécanismes de prévention qui constituent la meilleure arme de lutte contre ce genre de phénomène. Le seul chiffre révélé tout au long de la rencontre concernant l'ampleur de ce phénomène, à savoir 250 000 à 300 000 enfants mineurs travailleurs est en tout cas assez révélateur de son importance. On les rencontre rarement dans des usines comme cela se produit dans d'autres pays mais plutôt, en Algérie, dans des décharges à collecter des déchets ferreux et plastiques à revendre à des prix dérisoires, dans les rues à vendre des cacahuètes, des cigarettes et autres biens mais on les croise surtout à chaque coin de rue exploités pour la mendicité qui est devenue à Tizi Ouzou, comme partout ailleurs, une affaire de réseaux. Lors de cette journée de sensibilisation, les intervenants ont mis surtout l'accent sur l'existence de moyens de lutte contre l'exploitation des enfants. Certes l'implication du mouvement associatif et des services de l'action sociale de l'Etat, la rigueur de l'inspection de Travail, l'application des textes juridiques et des conventions internationales sur la protection de l'enfant ratifiées par l'Algérie sont des instruments pouvant être mis à contribution dans cette lutte mais, de l'avis de certains participants, seule la lutte efficace contre la pauvreté et l'ignorance, dans le cadre d'une stratégie globale à laquelle Etat et organisations sociales seront associées peut mettre fin à l'exploitation des enfants mineurs. Samir LESLOUS