Le constat est affligeant : la facture de nos importations de biens alimentaires plombe notre balance commerciale depuis déjà quelques années. Un seul exemple montre d'une manière édifiante notre dépendance grandissante de l'étranger, avec une augmentation sensible de l'ardoise. En 2008, cette facture alimentaire a atteint le chiffre faramineux de 8 milliards de dollars, alors qu'en 2003, cela ne dépassait pas les 2 milliards et demi de dollars. Pour beaucoup de nos économistes, les explications à ce phénomène sont nombreuses, même si certains facteurs restent encore non maîtrisés et non élucidés, comme ces comportements de consommation qui relèvent presque de l'irrationnel. Parmi les raisons de cette hausse, il y a la tension inflationniste mondiale (qui semble s'inscrire dans la durée) qui a affecté pratiquement tous les produits alimentaires de base, comme le blé, l'huile de table, le café, le concentré de tomate, les féculents, des produits qui constituent l'aliment de base de la population algérienne. Car l'analyse de la hausse des prix de ces biens agroalimentaires dans les grandes places boursières mondiales montre d'abord qu'elle est liée à l'envolée des produits énergétiques, ainsi que le coût social de la main-d'œuvre étrangère des pays producteurs et exportateurs. De plus, selon nos experts, la structure même de notre système financier, qui paye en euro près de 60% de nos importations, a été affectée par la hausse de la valeur de la monnaie européenne ces dernières années. Les taux de change avec l'euro ou le dollar se répercutent sur les prix et font augmenter l'ardoise. Le constat est encore plus amer, quand on sait, selon des projections récentes, que notre pays dépendra encore pour d'autres années des prix exorbitants fixés par les pays producteurs. Les huit milliards de dollars de 2008 risquent de doubler d'ici 2014, en raison de la réduction de la surface céréalière mondiale au profit des biocarburants, les effets du changement climatiques dans certaines régions fertiles, la croissance démographique et la forte concurrence sur les marchés internationaux des pays émergents très peuplés, tels que la Chine et l'Inde, gros consommateurs de produits agroalimentaires. C'est cette dépendance alimentaire qui fait jaser chez nous certains milieux politiques. Comment y faire face ? Quelle parade contre cette tendance haussière ? Le gouvernement a préconisé une action de valorisation des filières agricoles et agroalimentaires afin de créer les facteurs favorables à l'émergence d'une autonomie alimentaire. Cette politique se base sur la relance par le biais de l'octroi des crédits bonifiés, l'effacement des dettes antérieurs, l'allègement fiscal et parafiscal des activités agricoles, la promotion de la mise en valeur des terres assortie de la formation de cadres agronomes, l'essor du machinisme agricole, le développement des branches du leasing et des assurances sur les risques liés aux activités agricoles, ainsi que la maîtrise (par la mise à niveau et la requalification) en matière de savoir-faire et d'innovation technologique dans le secteur des industries de transformation et l'agroalimentaire.